Suzy Delair
Abaca

L’actrice de Quai des Orfèvres vient de mourir.

Fille d’un artisan et d’une couturière, Suzy Delaire (avec un « e ») naît à Paris le 31 décembre 1917. Elle commence, adolescente, à se produire sur les scènes du music-hall où sa gouaille de titi parisienne la fait remarquer. Après des petits rôles au cinéma, elle explose véritablement à l’écran en 1942 dans L’assassin habite au 21 de son compagnon, le tyrannique Henri-Georges Clouzot qui façonne son personnage de grande gueule canaille. Cinq ans plus tard, Quai des Orfèvres, où elle joue une mémorable chanteuse de cabaret, marque l’apothéose de leur collaboration. 

“Collaboration” : ce mot lui collera un peu à la peau à la suite du fameux voyage en Allemagne qu’elle effectua en 1942 aux côtés notamment de sa contemporaine, Danielle Darrieux (née le 1er mai 1917). L’actrice avait alors regretté de n’avoir pu serrer la main de Joseph Goebbels... A-t-elle payé ses propos ? Toujours est-il qu’après Quai des Orfèvres, les propositions intéressantes se raréfient. On notera sa participation au médiocre Atoll K (1951) de Léo Joannon, connu pour être le dernier film de Laurel et Hardy, ou à Gervaise (1956) de René Clément. Elle fait encore une petite apparition, assez remarquée, dans Rocco et ses frères de Luchino Visconti (1960) et une autre, non créditée, dans Paris brûle-t-il ? de René Clément (1966). 

Continuant de se produire sur scène, Suzy Delair connaît un retour triomphal à l’écran dans Les aventures de Rabbi Jacob, en 1973, où, en épouse de Louis de Funès, elle immortalise une dernière fois son personnage de rombière rugissante.