La première série d'Apple est vraiment trop convenue, mais elle n'en demeure pas mois prenante, excitante, et magnifiquement produite.
À l'instar du visage lisse et remodelé de sa présentatrice vedette, The Morning Show a de faux airs de perfection. Un drama opulent, propre sur lui, qui lit bien gentiment le prompteur de la série luxueuse designée pour faire fureur aux Emmy Awards. Un peu trop pour être honnête, mais loin d'être inintéressant malgré tout.
L'histoire suit Alex Levy, animatrice star de l'émission matinale la plus regardée d'Amérique. Avec son acolyte, Mitch Kessler, ils sont dans les foyers de l'Oncle Sam depuis plus de 15 ans. Mais soudain, la bombe "Me Too" frappe Mitch. Il a couché avec trop de stagiaires et se retrouve accusé de comportement inapproprié sur son lieu de travail. Viré sans préavi, cloué en place publique, il laisse une chaise vacante très convoitée aux côtés d'Alex. Mais cette dernière, chamboulée par toute l'affaire, veut conforter sa position et décider de celui ou celle qui prendra la succession de Mitch. Sauf que le patron de la chaîne ne l'entend pas ainsi...
Pour lancer son offre de streaming, Apple TV+ a mis beaucoup de billets verts sur la table. On parle de 15 millions de dollars par épisode, une saison 2 déjà commandée et une "Production Value" digne du grand écran. The Morning Show est indéniablement une série télé qui a les moyens de ses ambitions. Un drama visuellement haut de gamme, à la mise en scène soignée, et porté par un casting en or massif. Tout semble calculé au millimètre pour faire de cette première création maison un hit cossu. Oui mais voilà, tout cela demeure un peu lisse et parfaitement convenu. Au terme des trois premiers épisodes, la série va exactement là où on l'attend. Elle déroule de manière mécanique son scénario mi-drama, mi soap, comme Alex Levy qui lit son prompteur. Tout cela manque d'un peu de folie.
Pour autant, comme le résume parfaitement Stephen King en personne, The Morning Show n'en demeure pas moins une série bien faite, par moment captivante, avec des personnages solides et bien incarnés. Si on a un peu de mal à reconnaître notre chère Jennifer Aniston de Friends, la moue mutine de Reese Witherspoon marche à merveille. Surtout, face à ces deux femmes de caractères pour qui (et par qui) la série a été imaginée, ce sont en fait les seconds rôles masculins qui crèvent l'écran. Steve Carell est magique en star de télé flinguée par le mouvement #MeToo, qui n'arrive pas à comprendre ce qui lui arrive. Et Billy Crudup vole la vedette à tout ce beau monde, à chaque apparition, incarnant un patron de chaîne carnassier absolument excitant.
Il y a donc de très bonnes choses à garder de ce Morning Show aux thématiques obligées, mais traitées avec une certaine subtilité. Un intéressant pamphlet sur le sexisme de la télé américaine et sur une industrie en pleine révolution. Un tacle à peine voilé d'Apple à ses concurrents télévisuels d'un autre temps.
The Morning Show - saison 1 - à voir chaque vendredi sur Apple TV+
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