Avec ses larmes de sang qui lui coulent sur les joues, Jennifer Decker est la révélation saisissante du nouveau polar de TF1, qui commence ce soir.
Star des planches et pensionnaire de la Comédie-Française depuis une décennie, Jennifer Decker n'a jamais vraiment eu sa chance au cinéma. Hormis quelques petits rôles (c'était elle, l'amoureuse de Jean-Baptiste Maunier dans Hellphone en 2007 ou celle de Jean-Pierre Darroussin dans Erreur de la banque en votre faveur). Mais la comédienne qui a débuté à 18 ans en jouant la Juliette de Shakespeare au théâtre Chaillot méritait bien un premier rôle à l'écran. C'est le petit qui offre à Jennifer Decker une chance de briller. Dans Syndrome E, elle joue Lucie Henebelle, personnage bien connu des lecteurs de Franck Thilliez et elle crève l'écran. Rencontre avec la nouvelle star des polars de TF1.
PREMIÈRE : C'est quoi le Syndrome E ?
Jennifer Decker : Le dire, ce serait dénouer l'intrigue. C'est la raison de tout. Donc je n'ai pas envie de l'expliquer. On pourrait croire qu'il y a un peu de fantastique dans cette histoire, parce qu'on joue avec certains codes du genre, parce qu'il y a des larmes de sang, parce qu'il y a des cerveaux découpés et tout ça... Mais en vrai, tout ça est réel. Franck Thilliez s'est servi d'une histoire vraie qui a vraiment eu lieu au Canada, où des chercheurs ont essayé de voir s'il était possible de contrôler la violence, en essayant de manipuler le cerveau... C'était assez horrible et ça a fini de manière dramatique.
La Lucie que vous jouez est assez éloignée de celles des romans non ?
Oui, dans le livre, Lucie Henebelle enquête avec la police, mais elle n'est pas impliquée directement par le Syndrome E. Là, Mathieu Missoffe (le créateur et scénariste de la série) a fait de Lucie une victime ! J'ai donc demandé à faire un "Facetime" avec Franck Thilliez parce que, dans son livre, on ne sait pas grand chose sur elle finalement, en dehors de l'intrigue policière. Mises à part quelques petites scènes avec son fils, on ne sait pas qui est Lucie. Et il m'a répondu que lui non plus ne savait pas vraiment... Lucie existe dans ses intrigues, elle est lumineuse, elle a du caractère, mais moi j'avais besoin de savoir ce qu'elle aime manger au p'tit déj ! Et puis en discutant avec Franck, on s'est rendu compte que le personnage écrit par Mathieu Missoffe n'était pas le même que celui du livre. Il fallait s'en détacher, rester sur la matière du scénario de la série. Je me suis donc amusée à lui trouver un langage propre.
C'est à dire ?
J'avais aussi ce besoin d'y mettre des choses personnelles, parce que c'était la première fois que je faisais une série et je ne savais pas si j'avais la santé physique pour faire ça. Trois mois de tournage... Ca m'effrayait un peu et j'ai eu besoin de repères personnels. Donc j'ai pris des petits totems à moi, Jennifer, pour construire le personnage : je lui ai mis des bijoux de ma grand-mère décédée pendant le COVID ; dans son appartement, on peut voir des photos de mes parents, de mes amis ou encore de mes potes flics qui m'ont coaché pour le rôle... J'ai apporté avec moi de l'intime sur le tournage pour mieux sentir le personnage.
On sent que la préparation pour ce rôle a été intense. Vous avez aussi suivi un entraînement particulier pour devenir flic à l'écran ?
J'ai passé 10 jours en compagnie de la BAC centre, au coeur de Paris. J'ai beaucoup observé. En passant tout ce temps avec eux, je me suis demandée : c'est quoi l'esprit d'un "Baceux" ? Ceux qui travaillent à la BAC font du flagrant délit et passent énormément de temps à patrouiller, à repérer... Alors ils ont cette déformation professionnelle d'avoir toujours le regard à l'affût, très mobile. Et ils ont aussi cet esprit de camaraderie très fort, très présent.
Vous êtes d'abord une comédienne de théâtre. Vous jouiez Don Juan avec La Comédie-Française il y a peu. Et puis vous basculez au Syndrome-E de TF1. Il y a un monde entre les deux non ?
Il y en a plusieurs même (rires) La langue déjà. La langage de la série est plus direct, quand le langage du théâtre est plus soutenu. Le rythme aussi est différent, parce qu'en théâtre, pendant deux mois, on répète la même chose encore et encore. Il y a quelque chose de très vertical. On prend racine et on pousse avec le rôle. Pour une série, c'est vraiment différent, il faut filmer beaucoup de minutes utiles par jour, donc on n'a pas le loisirs de répéter, d'essayer, de corriger son jeu. Alors j'ai bossé en amont, pendant deux mois, avec une coach, pour m'approprier le texte, et être ensuite en mesure de m'adapter aux demandes sur le tournage.
Et puis il y a ces scènes chocs où Lucie pleure des larmes de sang...
Je vous rassure, c'est du sérum fait exprès ! (rires) Je ne pleurais pas vraiment des larmes de sang ! Mais techniquement, c'était un peu complexe à tourner, parce qu'il fallait mettre le tournage en pause technique, sans bouger, le temps qu'il dépose ces larmes sur mes joues. L'idée était de ne pas couper l'élan de la scène en court. Parce que ces scènes de crise étaient vraiment spéciales... On faisait deux ou trois prises maximum, pour rester dans un sentiment de pulsion. De l'énergie pure à sortir, à hurler, et juste après s'effondrer en larmes, c'est vraiment épuisant à jouer. C'est lourd à répéter comme effort. On ne peut pas le reproduire encore et encore, si l'on ne veut pas que ça ait l'air fabriqué.
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