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À l’université de Winchester, en Virginie,il y a d’un côté les Blancs et de l’autre les Afro-Américains. Fraîchement élue à la tête de la résidence noire, la militante Samantha White anime l’émission de radio du campus, "Dear White People", où elle dénonce avec un humour vachard le creusement du fossé entre les communautés, chaque "camp" se renvoyant la balle, jusqu’à l’explosion inévitable. Les hasards du calendrier font bien les choses : "Selma", dont la sortie précède de deux semaines celle de "Dear White People", raconte le combat des Noirs pour les droits civiques, gagné de haute lutte au cours des années 60. Dans "Selma", la révélation Tessa Thompson incarne l’étudiante activiste Diane Nash, dont Samantha White, qu’elle interprète ici, serait en quelque sorte l’héritière. Chacun à leur manière, les réalisateurs Ava DuVernay et Justin Simien rappellent que l’histoire est un éternel recommencement et que les victoires d’hier font le lit des problématiques d’aujourd’hui. "Remerciez la discrimination positive !", lance Kurt Fletcher, un étudiant blanc vaguement suprématiste, défiant ainsi des Noirs médusés. Le pire, c’est que Justin Simien n’a rien inventé puisque des événements similaires à ceux décrits dans le film se sont produits récemment sur certains campus américains. Pour conjurer le sort, le jeune réalisateur a donc décidé d’employer les moyens de Spike Lee en soufflant sur les braises de la ségrégation qu’on croyait éteintes. Comme chez le réalisateur de "Do the Right Thing" (période énervée mais incisive), les dialogues claquent tels des coups de fouet et renvoient dos à dos Noirs militants et Noirs dociles, Blancs paternalistes et Blancs sympathisants, qui ont tous de bonnes et de mauvaises raisons d’être ce qu’ils sont. Pour apprécier à sa juste valeur ce brulôt à géométrie variable, plein d’ambiguïtés et parfois de contradictions (le twist final va un peu à l’encontre d’un discours qui se veut rassembleur), il faut sans doute être américain. Mais outre sa dimension politique stimulante, "Dear White People" séduit également grâce à son habillage pop : pastilles fun qui installent les personnages, chapitrage moqueur, contrepoint musical… Cette narration aussi plastique que littéraire rappelle, là encore, l’énergie très communicative des premiers Spike Lee, de "Nola Darling" n’en fait qu’à sa tête à "Jungle Fever".
Toutes les critiques de Dear White People
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Un ovni qu'on ne peut mettre dans aucune case. Pour un premier essai, c'est donc un coup de maître.
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Un long-métrage réussi et enthousiasmant, à l’humour aussi provocant qu’intelligent.
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L’audace du film est de se moquer de tout cela, d’embrasser les codes qu’il dénonce comme des clichés.
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Une vision décomplexée et réaliste de la génération Obama.
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La satire est enlevée, et le style, élégant, prend à contre-pied les clichés souvent associés au cinéma noir américain, forcément naturaliste ou décérébré.
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Que l’on puisse rire (parfois en s’étranglant) tout au long du film témoigne du talent du jeune (31 ans) cinéaste.
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Avec un sens de la satire impitoyable, il épingle toutes les hypocrisies de la société américaine.
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Le film est drôle, caustique, et formidablement interprété par un groupe de jeunes acteurs très bien mis en scène.
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Le cinéaste est brillant, et aime le montrer : ses dialogues claquent, chaque plan est un condensé de bon goût, et les personnages sont parfaitement caractérisés, remplissant une fonction précise dans une machine bien huilée.
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En dépit de son traitement parfois trop pointu, cette comédie satirique bénéficie de dialogues bien sentis et d’une véritable conscience politique.
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L'humour est libérateur (...) L'intelligence de Justin Simien a été d'éviter tout discours moralisateur, quitte à faire grincer des dents entre deux éclats de rire.
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Le ton est acerbe et tout le monde en prend pour son grade, qu'importe la couleur de peau. Et d'un point de vue mise en scène, Simien se débrouille très bien, merci
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Ce film met le doigt là où ça fait mal et écorne l'image d'un écosystème étudiant, où le dogme de la réussite à l'américaine cache des restes idéologiques peu ragoutants. Et, blancs comme noirs, tout le monde en prend pour son grade,.
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"Dear White People" bouscule son petit monde sans être ni un pamphlet, ni un appel à la révolution. On prend plaisir à écouter sa petite musique pleine de fausses notes.
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Des dissensions raciales aux histoires de sexe en passant par les luttes de pouvoir, tous les sujets brûlants actuels sont abordés avec pertinence et raillerie pour mieux soulever les questions sur la recherche de son identité et de ses place dans la société.
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Ni brûlot anti-Blancs, ni appel à une révolte noire, le film ne propose pas de solutions. Affichant ses ambiguïtés et ses contradictions, il désarçonne jusqu’à sa chute.
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Une mise en scène calquée sur les codes esthétiques tape-à-l’œil contemporains, rebondissant inlassablement de séries en séries. (...) Les dialogues, blindés de citations et références, circulent façon Woody Allen effervescent
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Au gré d’un rythme qui finit par se dissoudre dans ses entrelacs narratifs, le récit peine forcément à s’élever à la hauteur de ses modèles, soit l’époque faste du film choral et la fine fleur du campus-movie initiatique, comme "Higher Learning".
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Malgré la pertinence de ses piques contre le néo-oncle-tomisme des Blancs, cette comédie antiraciste au ton alerte ressemble à un long sketch télé. Ça n’a pas la charge électrique de "Do the Right Thing", de Spike Lee, auquel certains le comparent.
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S'il fallait désigner le digne descendant de Spike Lee, ce serait Justin Simien. En témoigne ce premier film qui déborde de qualités et d'énergie.