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Situé à la fin du XIXe siècle, Independencia a été tourné en noir et blanc dans un studio où l’on a recréé une nanojungle en carton pâte. Les protagonistes, des Philippins qui ont tout abandonné pour fuir les colonisateurs américains, se sont réfugiés entre trois lianes secouées par des techniciens, avec deux oiseaux libérés de leur cage pour parfaire l’ambiance. L’enjeu est donc politique et esthétique. Grâce à une telle fiction, ces déracinés, qui ont payé le prix de l’indépendance en plongeant dans l’oubli et l’inhospitalité de la forêt tropicale, se réinscrivent dans l’histoire de leur pays. Independencia s’empare aussi de l’arme médiatique de l’adversaire en moquant les premiers films parlants aux relents colonialistes (Tarzan, King Kong). Voilà sa force et sa limite. Quoique brillamment suggestif, le résultat n’est jamais loin de la seule théorie.
Toutes les critiques de Independencia
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Independencia est un film absolument sublime, magique, déroutant, fascinant, qui fera sans doute moins de spectateurs qu'Avatar (un pari peu risqué) mais que tout cinéphile se doit de voir. C'est pas tous les jours qu'on voit du cinéma au cinéma.
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Avec Independencia, Raya Martin crée un beau et haut lieu de retranchement fantastique et tragique de l’histoire, en tout point mémorable.
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Cette suite de tableaux soignés est interrompue par un faux film d'archives, une bande d'actualités retraçant le meurtre par un Américain d'un enfant philippin coupable de vol à l'étalage. Elle est rythmée par des récits de fables, où il est question de sangliers, géant ou sorcières : ces légendes que l'on raconte aux enfants font partie du patrimoine culturel dont Martin veut assurer la survie. Les pluies qui ne cessent de tomber symbolisent le pouvoir de la nature, en opposition au pouvoir humain illustré par la guerre.
L'irruption brutale, à la fin, de plans à demi-coloriés à la main, octroie une forme de modernité. Raya Martin utilise cette intrusion du rouge ocre comme symptôme de révolution, un hommage au cinéaste américain Stan Brakhage qui, par ses films peints et lacérés, illustra une forme de résistance à un cinéma trop soumis aux codes de l'industrie. -
Un travail de mémoire militant où démarche esthétique rime avec manifeste politique.
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Sur le papier, cet hommage à la résistance philippine ne manque pas de panache. Mais à l'écran, il vire au maniérisme prétentieux. Independencia dure à peine une heure vingt. Mais une heure vingt avec quatre personnages dans une cabane au fond de la jungle, c'est long. Très long.