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Inspiré d’un roman de l’auteure canadienne Miriam Toews, qui elle-même se basait sur des faits réels survenus dans une communauté chrétienne fondamentaliste en Bolivie, ce nouveau long-métrage de Sarah Polley en tant que réalisatrice (Loin d’elle, Take this Waltz) joue à plein la carte de l’isolement. Isolement spatio-temporel, d’abord, puisqu’il est impossible dans les premiers instants d’avoir une idée précise de l’époque où les faits sont censés se dérouler. Un mystère entretenu sans lourdeur par la cinéaste qui entend donner une portée universelle au drame transposé aux Etats-Unis. Les viols à répétitions subis par les femmes de la communauté religieuse et la libération prochaine de certains agresseurs, les poussent à réagir. Elles se réunissent à l’écart, dans une grange, pour décider de leur sort. Partir ou rester ? Subir ou résister ? A quoi pourra bien ressembler leurs vies au-delà de l’horizon le plus proche ? Seront-elles s’adapter à un autre monde dont elles ne possèdent aucun code (l’analphabétisme des femmes ayant été savamment entretenu) ? A la manière d’un film de procès, le scénario s’apparente à un exercice de rhétorique où chacune des protagonistes tente de se faire entendre renversant incessamment les débats. Sarah Polley croit suffisamment à l’inspiration de ses actrices (à raison) et aux élans de sa mise en scène (échappées malickiennes restituant un Eden perdu) pour éviter la redondance et ainsi faire oublier le côté un peu scolaire et trop bien élevé de l’ensemble.