Le chef opérateur le plus célèbre de l’industrie du cinéma estime que Kundun, un film légèrement oublié, est le chef-d’œuvre du cinéaste.
Dans une scène lunaire de l’épisode 2 de la saison 1 des Sopranos, Christopher Moltisanti déclarait à une version fictive de Martin Scorsese avoir aimé Kundun, film pourtant peu estimé. Et Roger Deakins semble être du même avis. Avec une carrière légendaire de directeur de la photographie, il a été amené à travailler avec des réalisateurs d'élite tels que Sam Mendes, les frères Coen ou Denis Villeneuve. Mais bien avant toutes ces collaborations, il avait trouvé le temps de travailler avec Martin Scorsese sur Kundun, dont le récit suivait l’avènement du 14ème Dalaï Lama. Sorti en 1997, ce film a valu à Deakins la troisième de ses 16 nominations à l'Oscar de la meilleure photographie — qu’il remportera bien plus tard pour Blade Runner 2049 et 1917. D'après Indiewire, lors d'une récente table ronde au 92nd Street Y, Deakins a confié que Kundun est le chef-d'œuvre du cinéaste. Au-dessus d’un Taxi Driver ou d’un Loup de Wall Street ? Il semblerait.
De Sid et Nancy à Sicario : Roger Deakins commente sa filmographie"C'est un véritable poème, voilà pourquoi j'aime ce film. Je pense que c'est le meilleur film de Scorsese. J'aime sa symétrie, sa poésie."
Deakins s’est ensuite ouvert sur son expérience avec le réalisateur et sur ce qui fait l’unicité de ce film (au-delà du fait que ce soit le seul sur lequel il ait travaillé).
"Il me semble que Marty prépare habituellement des storyboards, mais sur Kundun, il a juste annoté le script avec ses idées, ce qu’il attendait de la caméra. Il se mettait à dessiner un plan large ou un travelling avec des petits personnages. Il nous en a donné une copie et nous a dit : ‘Voici la base de notre travail pour Kundun.’ Marty a une vision très précise de ce qu'il veut. Tout a été fait à partir de ses notes dans le scénario, donc en termes de mise en scène, je n'ai pas eu beaucoup de flexibilité. Le genre de contribution technique que vous apporté sur quelque chose comme 1917 par rapport à Kundun, qui est tourné de manière beaucoup plus simple, n’est pas la même chose... Nous avons eu de longues conversations sur le style du film," a déclaré le chef-opérateur.
De ce film bien-aimé, sa scène favorite qui lui fait "mal au cœur" est celle du jeune Dalaï Lama regardant une projection 16 mm de la bombe atomique. "C'est dévastateur. La juxtaposition des deux cultures, la beauté mais aussi l'horreur de ce qui se passe à l'écran, c'est intéressant," a finalement confié Roger Deakins.
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