Chronique dépressive de la désintégration d’un couple ou journal de guerre flamboyant façon Guerre des Rose ? Cette comédie sur le divorce (et donc surtout sur le mariage) oscille entre les deux.
Sarah Jessica Parker l’a affirmé pendant la promo : Divorce n’a rien à voir avec Sex and the City et son personnage n’a rien en commun avec Carrie Bradshaw. Le plan d’ouverture de la nouvelle série HBO aurait pourtant tendance à affirmer le contraire : Sarah Jessica Parker, drapée dans une serviette de bain, examine avec anxiété ses rides dans le miroir. C’est par ce geste à la fois banal et narcissique que Sharon Horgan (la créatrice et actrice de Catastrophe) introduit sa nouvelle héroïne, faisant immédiatement le lien avec celle de Darren Star. Quand son mari entre dans le champ on se dit que la connexion s’arrête là, mais elle reviendra à plusieurs reprise au cours des premiers épisodes de Divorce.
No Sex and no City
L’histoire est assez simple : il s’agit d’observer l’implosion d’un couple de quinquas en plusieurs temps, dans un mouvement de balancier plutôt malin et déroutant qui rejette tour à tour la culpabilité sur l’épouse ou le mari et les met donc globalement dos à dos. Frances, citadine huppée qui a accepté de quitter la ville et de sacrifier ses rêves de galeriste pour entretenir le ménage. Et Robert, bon gars aux allures de bûcheron qui perd de l’argent en investissant dans des maisons à retaper. Autour gravitent un couple d’amis mais surtout des amiEs avec qui Frances peut partager ses tourments, femmes décomplexées qui parlent de bite et d’orgasme dans des vêtements de créateur et des maisons de millionnaire – mais rien à voir avec Sex and the City... Malgré le temps qui a passé et que personne ne fait mine d’ignorer (les héros de Divorce ne font pas semblant de ne pas avoir 50 ans), les problèmes de Frances ressemblent cruellement à ceux d’une Carrie Bradshaw après 15 ans de mariage et on n’est pas venus pour ça. Mais face à elle se dresse un partenaire de taille, celui qui promet d’explorer des choses différentes et porte la série sur ses épaules (on juge sur la base des quatre premiers épisodes), le personnage du mari, incarné par un Thomas Haden Church moustachu qui pourrait bien avoir trouvé son meilleur rôle. Excessif, naïf, à côté de la plaque, revanchard, blessé, peureux et tout à coup héroïque, imprévisible surtout, il provoque un truc à chacune de ses apparitions à l’écran et détient tout le potentiel comique d’une comédie sinon rarement drôle.
Le combat dans lequel s’installent mari et femme, sujet de Divorce, se double d’une tension narrative et stylistique interne à un show qui hésite entre la chronique dépressive de la désintégration d’un couple (le point de vue de Frances, en gros) et le tableau flamboyant d’une guerre passionnelle sans merci (celui de Robert, donc). On peut difficilement ne pas prendre le parti de Robert.
Divorce est diffusé sur HBO aux Etats-Unis à partir du 9 octobre et dès le 10 octobre à 22h50 en France sur OCS City.
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