saison 5 de The Crown
Netflix

Moins intéressante, moins émouvante, moins bien incarnée, la meilleure série de la plateforme a perdu une partie de son éclat en se rapprochant de l'époque contemporaine.

Adieu Olivia Colman. Imelda Staunton débute son règne à Buckingham Palace. Comme il est de tradition au sein de la famille royale de Netflix, The Crown lance sa nouvelle ère avec un casting entièrement remanié. La saison 5 - mise en ligne ce mercredi - nous ramène au début des années 90, alors que le mariage de Charles et Diana s'effondre et que le divorce paraît inévitable. La Princesse de Galles ne se prive pas de balancer publiquement sa détresse dans un livre qui révèle, au passage, la liaison de son époux avec Camilla. Rien ne va plus chez les Windsor. Les autres enfants de la souveraine, Anne et Andrew, divorcent aussi, tandis que, tel un symbole fumant, le Château brûle ! 



La fameuse « Annus horribilis » est ainsi racontée en détails dans cette cinquième saison de The Crown qui prend vraiment tout son temps - trop de temps - pour écumer ces 12 mois de 1992 dans la vie d'Elizabeth II, pendant près de 10 heures. Peter Morgan écrit toujours aussi bien, mais a tendance, cette fois, à délayer jusqu'à l'anecdotique. The Crown peine à retrouver le souffle biblique des saisons précédentes au point d'en devenir un peu barbante, disons-le franchement. Tout est raconté mollement et fait perdre à la couronne son éclat qui nous subjuguait tant précédemment. Cela a peut-être à voir avec le fait que cette saison 5 était censée être la dernière, avant que la production ne décide de la couper en deux (pour terminer en 6 saisons). 

Cela a peut-être à voir aussi avec les nouveaux visages installés au Palais. Imelda Staunton et Jonathan Pryce ne manquent pas de présence et apportent une sérénité nouvelle aux personnages, mais donnent aussi un sacré coup de vieux à The Crown, qui semble entamer ici une sorte d'épilogue à rallonge. Se rapprochant de notre réalité contemporaine, le biopic penche vers un mimétisme qu'on ne lui connaissait pas jusqu'alors. En témoigne la performance d'Elizabeth Debicki, stupéfiante et troublante Diana, qui joue à la perfection la Princesse malheureuse, tout en collant trop méticuleusement à l'image d'Epinal de Lady Di, donnant soudain au drama de faux airs de docu-fiction gênant. À l'inverse, Dominic West est certainement trop loin du Prince Charles. Physiquement. Charismatiquement.

The crown saison 5
Netflix

Malgré ces choix discutables, The Crown n'en reste pas moins The Crown. Une sublime série au décorum époustouflant, et à l'écriture inégalée, capable de livrer quelques épisodes épatants, comme celui consacré à la vie de Mohamed Al-Fayed, simple Égyptien parti de rien et prêt à tout pour s'asseoir un jour à côté de la Reine... Accusée ces derniers temps de transformer la vie de la famille royale britannique en soap opera, The Crown s'impose en fait, cette année, comme une vitrine compatissante de la Couronne, montrant plus que jamais l'humanité et les failles de ces majestés en souffrance.