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Manuel (Andrea Lattanzi, remarquable) vient de fêter ses 18 ans. Le temps de la liberté et des rêves puisqu’il va pouvoir quitter le foyer pour jeunes où il vivait depuis l’incarcération de sa mère. Mais aussi celui de la responsabilité et du retour rapide à la réalité car, pour que celle- ci obtienne l’assignation à résidence, il doit prouver aux autorités qu’il peut veiller sur elle. Dario Albertini filme ce passage à marche forcée de l’adolescence à l’âge adulte avec une étonnante douceur enveloppante. En prolongeant son documentaire La repubblica dei Ragazzi consacré à une structure pour orphelins près de Rome sous forme de fiction, il signe ici un minutieux portrait de l’Italie des laissés-pour-compte à travers celles et ceux que Manuel va croiser sur sa route dans la périphérie de la cité romaine. Comme autant de boussoles pour ce saut dans le grand bain, sans véritable repère. On pense au cinéma des Dardenne pour la manière d’Albertini de nous propulser par sa réalisation et ses cadrages dans la peau de son héros mais aussi évidemment au cinéma néo-réaliste italien dont Albertini se révèle un héritier plus que convaincant. Avec une délicatesse de chaque instant qui empêche son propos de verser dans le misérabilisme facile.