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Le titre du film donne le ton puisque Submarino fait allusion à une technique de torture par noyade. Et c’est bien en apnée que l’on va suivre les tentatives désespérées des deux frères, devenus adultes (l’un alcoolique, l’autre toxico), pour échapper au déterminisme de la misère. Mais la capacité de Vinterberg à saisir la tendresse qui unit les personnages, l’humanité apportée par les deux acteurs principaux (Jakob Cedergren et Peter Plaugborg, excellents) et la justesse avec laquelle la question de la responsabilité parentale est abordée permettent de continuer à suivre l’histoire en gardant
de temps en temps la tête hors de l’eau.
Toutes les critiques de Submarino
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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La dureté des images du cinéaste danois est contrebalancée par les regards purs et les visages innocents de ses acteurs. Une happy end ? Certainement pas. Au moins, un tout petit peu de bonheur ? Vous verrez !
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Loin de surplomber cyniquement ses personnages, Vinterberg les accompagne, plaçant sa mise en scène résolument de leur côté, sans la moindre once de cette ambiguïté pince-sans-rire qui plombe parfois certains films de von Trier.
Bien que très travaillée, la facture stylistique du film est finalement assez sobre, avec ses couleurs désaturées contrebalançant avec sagacité les excès du scénario-chemin de croix.
Si notre tête conteste certains aspects de Submarino, notre corps succombe, preuve de l’indéniable puissance expressive de ce mélodrame et du retour en forme d’un cinéaste que l’on avait un peu oublié. -
La grande force du film consiste ainsi à maintenir ce lien avec l'enfance, et à créer avec Nick un personnage magnifique car monstrueux, sorte de boule de nerfs insubmersible et pourtant fendue à l'intérieur, trahie par un regard d'une tristesse infinie. C'est lui le cœur de Submarino, son héros tragique, capable de molester un vieux voisin mais aussi d'être là lorsque sa voisine et amante Sofie se fait retirer son fils.
Malheureusement, le film joue la carte de la surenchère dans l'horreur et le glauque, puisque le frère de Nick, dont le visage semble peint en gris puisqu'il est héroïnomane, décide de se lancer dans le trafic de drogue. Soudain le scénario vire au mauvais téléfilm, dont la fin semble aussi inéluctable que trop attendue. Et les résonances deviennent écrasantes de sens : toutes les cellules familiales sont brisées, toutes les femmes vouées à disparaître (la mère de Nick, celle de Martin, Sofie), et les hommes laissés seuls ne peuvent supporter le poids de leurs responsabilités. Si l'on est ému par le sort des deux enfants au début du film, on a bien du mal à supporter leurs inconséquences multiples à l'âge adulte. Comme si l'individu ne pouvait jamais apprendre de ses échecs, et que la catastrophe devait se perpétuer de génération en génération, Submarino n'offre que le désespoir le plus complet envers les figures parentales. C'est peut-être là le lien le plus évident avec Festen. Familles, Vinterberg vous hait toujours. -
Thomas Vinterberg, jouant des effets d'une narration non synchrone et plongeant ses personnages sous la lumière blafarde de la fatalité, entrecroise ces vies saccagées depuis l'enfance, recule à dessein l'heure finalement tragique de leurs retrouvailles, les accable en un mot d'un destin et d'une culpabilité sans merci.
L'intromission d'une infime lueur d'espoir à la toute fin du film, par le rachat symbolique de la mort inaugurale du petit frère, était à cet égard la moindre des politesses. Mais Vinterberg semble lui-même le dernier à y croire : la nuance, aujourd'hui comme hier, est ce qui manque terriblement à son cinéma. -
Racontés successivement, ces deux parcours obéissent au même déterminisme social, mécanique implacable qui finit par couler ceux qui, désespérément, cherchent à sortir la tête de l'eau. Si l'histoire du frère cadet recèle quelques scènes fortes (celle où, pâle comme la mort, il vient chercher son fils à l'école), la descente aux enfers de l'aîné est globalement plus réussie. Même dans ses éclats de violence, on ne peut s'empêcher d'aimer et de comprendre ce personnage abîmé dès l'enfance. Le charisme de Jakob Cedergren, physique de Viking aux yeux tristes, y est pour beaucoup. Si l'on encaisse sans faiblir tant de sordide, c'est que Vinterberg traite son sujet avec sobriété : peu de mouvements de caméra, une bande-son minimaliste, une lumière épurée aux reflets bruns, presque doux. Et dans ce monde qu'il dépeint comme une vallée de larmes, il reste un indéboulonnable espoir : l'acharnement des uns à vouloir prendre soin des autres.
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Et ce n’est pas celui-ci qui changera les choses. Le réalisateur y dépeint le calvaire quotidien de deux frangins marqués à vie par leur enfance entre une mère alcoolique et le traumatisme lié à la mort de leur frère nourrisson. Adultes, l’un s’obstine à prendre soin de ses proches à ses dépens, l’autre tente d’élever son fils tout en s’oubliant dans la drogue. Le récit est ainsi construit en deux parties qui ne se rejoignent qu’à la fin, cache-misère patent de ce pensum sans intérêt au dolorisme pénible.