Première
par Sylvestre Picard
Londres, 1974 : c’est la crise, des grèves dans tous les sens, et toutes les nuits, l’électricité est coupée. Un terrain de jeu idéal pour un film d’horreur, pas vrai ? C’est sans doute ce que s’est dit la réalisatrice Corinna Faith en mettant en scène ce contexte via le personnage de Val, une jeune infirmière à peine formée, qui va prendre son premier service de nuit d'un hôpital dont les ténèbres cachent de bien sombres secrets. Si les fantômes de l’hosto sont au demeurant bien classiques (le plus terrifiant étant ce veilleur de nuit obsédé), la mise en scène est particulièrement soignée : pour preuve ce plan fixe où la caméra cadre l’angle d’un couloir, partagé entre lumière et obscurité, dans laquelle va passer Val -superbement jouée par la jeune Rose Williams.
Premier film de sa réalisatrice The Power n’a pas pour ambition de vouloir bouleverser le genre, mais le sérieux de sa réalisation et de son écriture le range nettement dans la catégorie supérieure. Au fond, avec son look rétro mais pas nostalgique, son propos féministe bien actuel et son héroïne fragile et complexe, The Power s’envisage très bien comme une version horrifique d’un épisode de Call the Midwife : si vous n’avez pas vu cette excellente série anglaise sur le quotidien des sages-femmes dans l’Angleterre post-Seconde guerre mondiale, qu’attendez-vous ? Qu’on vous coupe l’électricité ?