L'acteur principal du remake de Robocop nous parle de son rôle.
Etiez-vous fan de Robocop quand vous étiez petit ? Oui, j'étais un grand fan ! J'ai vu le film peut-être 20 ou 25 fois, bien avant d'entendre parler de ce projet de remake.
Du coup comment avez-vous fait pour tuer votre héros d'enfance, et le faire passer de badass ultime à gentil père de famille ? Le premier Robocop, de Verhoeven, c'est celui que je vénère. Bon après il y a eu deux autres suites que je n'ai pas trop appréciées, sans même parler de la série télé...
Que reste-t-il de Robocop en 2014 ? (critique)
Ah oui, merci de ne pas en parler. Maintenant, la société a tellement évolué, en même temps que la technologie, et on se retrouve dans un monde où ce qui était juste imaginaire dans le film d'origine est désormais une réalité. La technologie et son utilisation imposent aux sociétés, aux pays, des décisions cruciales et difficiles à prendre. C'est pourquoi c'est le bon moment pour revisiter le concept de Robocop. Concernant le personnage, José Padilha a créé un univers complètement différent et le héros a une histoire qui s'éloigne beaucoup de son prédécesseur. Quand j'ai joué ce rôle, je n'ai pas pensé aux autres versions, déjà parce que je viens du théâtre. On fait ça tout le temps : réinterpréter, reprendre des œuvres déjà présentées mille fois. Si je me mets à penser au dernier mec qui a joué Hamlet avant de monter sur scène, j'ai perdu d'avance ! Il faut se concentrer sur son propre travail. Dans le cas de Robocop c'était justement très facile grâce aux changements.
Donc vous n'êtes pas en guerre avec Peter Weller ? (rires) Non non pas du tout ! Pas de mon côté en tout cas, je suis un grand fan de son travail.
Avant d'accepter le rôle, vous avez bien réalisé que les fans fous du premier film allaient vous haïr instantanément ? Oh, vous savez... Les fous faut pas les faire chier. Au bout d'un moment, un fou c'est un fou.
Si je vous dis que ce remake n'est pas vraiment un film Robocop mais un film "Alex Murphy", vous êtes d'accord ? Absolument. L'intrigue montre Alex Murphy en train de lutter pour maintenir son humanité. Même s'il a vu son corps remplacé par cette armure invincible, il est toujours très vulnérable. Au fond on parle surtout de son évolution, de sa quête pour se retrouver.
Vous êtes aussi le héros de la trilogie suédoise Easy Money (films noirs autour du trafic de drogue), de la série The Killing et, sans vouloir vous vexer, vous avez une tête de teigneux. N'avez-vous pas peur de vous enfermer dans le même registre ? J'ai déjà fait une comédie romantique, une fois (Lola Versus, NDLR)... Mais je ne sais pas si c'était si réussi que ça (rires). Je n'ai sans doute pas choisi la bonne ! En fait, l'important pour moi c'est de trouver des rôles nuancés, des gens qui se comportent de façon très différente d'une situation à l'autre. Pour une raison qui m'échappe, je suis souvent revenu à des personnages qui ont une carapace, qui jouent eux-mêmes un rôle dans leur vie au quotidien. La série suédoise Johan Falk, la trilogie Easy Money et même The Killing, il y a de ça : parfois, ces mecs se font passer pour quelqu'un d'autre. Je trouve ça très intéressant. Quand mon personnage est dur, énervé, agressif, j'essaie toujours de trouver où est le contraste, y compris quand ce n'est pas dans le script : à quel moment peut-il être vulnérable, faible, ou même gentil ? En fait c'est comme quand on vous demande "qui êtes-vous ?". C'est la question la plus complexe du monde, on est un mélange de tellement de choses à la fois. Mon avis c'est que ce sont les contrastes qui nous définissent.
Gary Oldman : "La réalité a rattrapé le premier Robocop, qui était de la pure science-fiction"
Quand vous avez des gros problèmes, vous préférez appeler Robocop ou Stephen Holder (son personnage de The Killing) ? (rires) Je pense que j'appellerais Robocop. Si tu veux passer un bon moment, c'est vrai que c'est mieux d'appeler Holder, mais si tu veux juste être efficace et régler tes soucis, c'est clairement Robocop qu'il te faut.
Le film d'origine était l'oeuvre d'un Néerlandais, maintenant c'est un Brésilien et vous-même êtes à moitié Suédois : Robocop est-il plus facile à faire vivre avec un point de vue étranger aux Etats-Unis ? Je pense que oui. Ce n'est pas une nécessité bien entendu. Mais je pense que c'est un plus d'une certaine façon. C'est quand même, par certains aspects, une critique de la politique américaine. Du résultat final auquel cette politique pourrait aboutir, si on continue comme c'est parti en tout cas. Maintenant, un Américain pourrait avoir fait ça mais le côté satirique est plus aisément perçu par quelqu'un d'externe.
Vous espérez que ce film débouche sur une trilogie ? Ça dépend de la réception du public, mais j'adorerais, oui. J'ai aimé jouer Alex Murphy et Robocop et je serais heureux de continuer. Je trouve que cette histoire nous montre un héros face à un dilemme fascinant, c'est quelque chose de très captivant.
Interview Yérim Sar (@YerimSar)
Paul Verhoeven explique ce qui ne va pas dans le remake de RoboCop
Robocop de José Padilha avec Joel Kinnaman, Gary Oldman, Michael Keaton, en salles le 5 février.
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