A toute allure de Lucas Bernard
Gaumont

Une fantaisie échevelée sur laquelle plane l’influence assumée mais jamais écrasante de L’Homme de Rio.

On a découvert Lucas Bernard en 2017 avec Un beau voyou, une comédie policière mettant en scène un petit voyou atypique qu’un flic pré- retraité mais peu pressé de raccrocher prenait en filature. Il y avait dans ce film une fantaisie, une écriture ciselée des personnages et des situations qui dialoguaient avec le cinéma de Salvadori ou de Broca. Avec A toute allure, Bernard persiste et signe. Avec une comédie à dominante romantique cette fois- ci sur laquelle, par son rythme, sa générosité et son grain de folie permanent plane l’ombre de L’Homme de Rio comme des comédies américaines de la grande époque (de Wilder à Opération jupons de Blake Edwards). Tout part d’un coup de foudre, le temps d’une escale, d’un steward pour une officier de sous- marin tactique. Une idylle naissante brutalement interrompue par le départ en mission de la jeune femme que son prétendant va se mettre à suivre… embarquant dans le sous- marin, forcément interdit à des civils, pour le début d’un tour du monde sous- marin en vase clos. Pendant 90 minutes, les péripéties s’enchaînent sans temps mort en faisant fi de tout réalisme. Jouer à ce point l’absurde c’est évidemment prendre le risque de laisser des gens à quai, de ne pas toujours doser juste. A toute allure n’est pas exempt de ces scories mais rien ne vient entraver son rythme tonitruant qui sied parfaitement à Eye Haïdara et Pio Marmaï, dont la complicité très chien- chat crève l’écran. Une nouvelle preuve que quelque chose bouge dans la comédie française en 2024 après les réussites de Bis repetita, Le Dernier des Juifs ou L’Esprit Coubertin.

De Lucas Bernard. Avec Pio Marmaï, Eye Haïdara, José Garcia... Durée 1h26. Sortie le 6 novembre 2024


A lire aussi sur Première

En tongs au pied de l'Himalaya : entre rires et larmes [critique]

Audrey Lamy impressionne en mère d’un enfant atteint d’autisme au fil d’un film qui ne sacrifie jamais à la facilité du chantage émotionnel.

Barbès, Little Algérie : magistral Sofiane Zermani [critique]

Un portrait tout en finesse de ce quartier parisien souvent caricaturé et de la communauté algérienne qui y vit. Un premier long débordant d’humanité.