Florence Loiret Caille frappe par sa justesse dans La Tête froide [critique]

Réalisateur de documentaires acclamés, Stéphane Marchetti signe sa première fiction, un drame singulier particulièrement réaliste.

Stéphane Marchetti, prix Albert-Londres pour Rafah, chroniques d'une ville dans la bande de Gaza (2008), a directement puisé dans les rencontres faites sur son documentaire Calais, les enfants de la jungle (2017), consacré aux migrants mineurs tentant de passer en Angleterre, pour réaliser sa première fiction intitulée La Tête Froide. Ici, c'est au seuil d'une autre frontière -tout aussi absurde- que se déroule l'intrigue : en pleine montagne, entre l'Italie et la France.

Déjà marquante dans Le Bureau des légendes, Florence Loiret Caille frappe par sa justesse. Elle joue Marie, une femme fauchée qui survit grâce à un petit trafic de cigarettes. Quand elle croise le jeune Souleymane (Saabo Balde), prêt à tout pour retrouver sa petite soeur réfugiée en Angleterre, son quotidien bascule. Par humanité, et pour se sortir la tête hors de l’eau, elle décide de l'aider.

Leur belle relation humaine, complémentaire et pleine d'espoir, contraste avec la nature hostile de la montagne, filmée de nuit, sous la neige ou en pleine tempête, qui maintient de bout en bout le spectateur sous tension.

Si le récit ressemble trop au récent Le Prix du passage (avec Alice Isaaz, 2023) pour ne pas bégayer, sa réalisation inspirée, alternant entre caméra à l’épaule et moments plus posés, permet au film de faire entendre sa propre voix, dans une tension étouffante jusqu’à sa conclusion plus complexe qu’il n’y paraît.

La Tête Froide de Stéphane Marchetti, avec Florence Loiret Caille, Saabo Balde, Jonathan Couzinié... Sortie le 17 janvier 2024.