Arte consacre sa soirée au comédien allemand Bruno Ganz, décédé en 2019.
A la mort de Bruno Ganz, il y a trois ans, la chaîne franco-allemande Arte avait immédiatement rendu hommage au comédien des Ailes du désir en rediffusant ses classiques, ainsi qu'un documentaire sur sa carrière. Quelques années plus tard, la chaîne proposera ce dimanche une nouvelle programmation spéciale consacrée à l'acteur, en proposant La Chute, le film événement de 2005 dans lequel il incarnait Adolf Hitler, mais aussi un portrait inédit intitulé Bruno Ganz - Les révolutions d'un comédien. Première vous conseille ce programme, même si la rédaction avait eu quelques réserves lors de la sortie du film. Voici notre critique.
La chute du nazisme racontée par des Allemands : le projet en lui-même était audacieux et risqué, à cause de prévisibles réactions qui n’ont pas manqué de s’élever avec violence. Le principal défaut du film est paradoxalement de ne pas être assez audacieux.
À son actif, une évocation très efficace d’un monstrueux programme d’autodestruction qui culmine avec une série de suicides. En filigrane, une logique terrifiante : même après la mort du dictateur, personne, parmi les survivants, n’a eu le réflexe de s’opposer à la poursuite de son programme.
En faisant interpréter Hitler par un acteur (courageux Bruno Ganz), La Chute contribue à l’humaniser, ce qui est moins une preuve de faiblesse que de réalisme : on ne peut pas comprendre le nazisme si on continue à refuser l’idée qu’il ait été pensé par un homme.
S’inspirant de deux livres, le film juxtapose deux points de vue très différents en prenant bien soin de marquer la différence entre l’objectivité historique et l’aveuglement de ceux «qui ne se doutaient de rien». Sur la forme, le souci de maintenir à tout moment l’intensité dramatique n’évite pas les fautes de goût. Mais le plus grand reproche vient de ce que le film ne montre pas : la mort d'Hitler est suggérée comme si le réalisateur avait respecté la volonté du dictateur de ne pas offrir son corps en spectacle. Hirschbiegel est passé à côté d'une occasion unique d'offrir à la mémoire une image forte et nécessaire.
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