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Ce qu’il faut voir ou pas cette semaine.

L’ÉVENEMENT

WONDER WOMAN ★★★★☆
De Patty Jenkins

L’essentiel
DC a enfin réussi à appliquer la formule Marvel à un de ses superfilms.

Si, comme l'auteur de ces lignes, vous aimez Man of Steel et Batman V Superman : L'Aube de la justice (précisons tout de même : la version longue), vous savez aussi à quel point il peut être compliqué d'aimer ou tout simplement de défendre les productions Warner/DC dans un univers de supercinéma dominé par Disney/Marvel. Il y a des problèmes bien plus graves (comme par exemple défendre Suicide Squad -hé, le début n'est pas si mal) mais c'est un peu la tarte à la crème de la critique cinéma des films de superhéros des années 2010 : on le sait, Marvel a l'avantage -the edge comme disent les Anglo-Saxons- de connaître une formule facilement applicable à tous leurs films de superhéros qui les rendent, au pire, consommables et très honnêtement divertissants (voir le récent Doctor Strange). Mais the edge, cela signifie aussi le fil de l'épée, par définition à double tranchant. Une formule rassurante qui ne prend pas de risques. C'est un peu ce que réussit à accomplir Wonder Woman
Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIMÉ

THE WALL ★★★★☆
De Doug Liman

À défaut de trouver un hypothétique fil directeur dans la filmographie très hétérogène

de Doug Liman, on peut noter son attrait pour les concepts narratifs stimulants. C’est ce qui l’a amené à aborder une variété de genres et à travailler avec des scénaristes inventifs (John August dans Go, Tony Gilroy dans La Mémoire dans la peau, David Goyer dans Jumper, Christopher McQuarrie dans Edge of Tomorrow). Le voilà aujourd’hui de retour avec l’inattendu The Wall, adaptant un scénario issu de la fameuse black list des scripts les plus convoités.
Gérard Delorme

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HHhH ★★★★☆
De Cédric Jimenez

Que cache donc ce mystérieux titre ? Rien d’autre qu’un acronyme signifiant en allemand « Himmlers Hirn heißt Heydrich » (« Le Cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich »), soit le surnom donné à Reinhard Heydrich, l’une des âmes les plus malfaisantes du IIIème Reich. C’est aussi le titre du livre de Laurent Binet, prix Goncourt du premier roman en 2010 dont la forme particulière (l’auteur mélange réflexions personnelles et faits historiques) était réputée inadaptable. Avec l’aide de David Farr, showrunner britannique de talent (The Night Manager), et d’Audrey Diwan, sa coscénariste de La French, Cédric Jimenez s’est donc attaqué à l’impossible.
Christophe Narbonne

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LE VÉNÉRABLE W. ★★★★☆
De Barbet Schroeder

1974. Avec Général Idi Amin Dada : Autoportrait, Barbet Schroeder fait basculer son cinéma baba cool (More, La Vallée) dans l’âge adulte. À partir de ce film d’exception, il n’aura que de cesse d’explorer les ténèbres de l’âme humaine à travers des documentaires et des fictions. Avec Le vénérable W., il clôt de la plus belle manière sa « Trilogie du Mal », entamée avec Général Idi Amin Dada… et poursuivie avec L’Avocat de la terreur -portrait de l’ambigu Jacques Vergès.
Christophe Narbonne

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

LE JOUR D’APRÈS ★★☆☆☆
De Hong Sang soo

On a toujours eu l’impression, confirmée en bavardant avec les fans hardcore du Garrel coréen (ils sont peu nombreux, mais ils parlent français) que la puissance des discussions flâneuses vues dans ses films tenait à leur principe gigogne. Un dialogue amoureux ne vaut pas seulement pour lui-même, il en contient toujours mille autres. Exemple : un quadra élégant, mais crevé, est assis dans un boui-boui face à une jolie étudiante ; on observe leurs profils sculpturaux, la bouteille de soju entre eux qui coupe le plan en son milieu et, à mesure que dure la séquence, on se souvient d’autres discussions qu’on a eue, nous aussi, autour d’une bouteille, à toutes celles qu’on aura, à celles des précédents films de Hong Sang soo avec un autre quadra crevé et d’autres étudiantes, on finit même par se souvenir de scènes de marivaudage que Hong Sang soo n’a pourtant jamais écrites – c’est que le soju fait effet sur nous, on se met à halluciner doucement la vie, et le cinéma avec. Dans Le jour d’après, il y a encore des face-à-face entre un bel homme fatigué et plusieurs jeunes femmes, filmées de profil, dans un noir et blanc un brin cosmétique. Mais cette fois, on reste désespérément englué dans le présent, n’ayant plus que la chronologie erratique et artificielle du montage pour se perdre à la jonction du souvenir, du présent et du fantasme. C’est dommage : quand ses amourettes sont plus incarnées, Hong n’a nul besoin de faire joujou avec le temps pour semer son spectateur dans sa propre mémoire.
Yal Sadat

A SERIOUS GAME ★★☆☆☆
De Pernilla August

On a déjà vu ce film mille fois : l’impossible alliance de la riche et du pauvre dans la grande société européenne codifiée du 19è-20è siècle. L’actrice Pernilla August, dont c’est le deuxième film (le premier à sortir en France), signe un mélo apprêté, feutré, dans lequel les acteurs chuchotent plus qu’ils ne parlent et où chaque napperon est à sa place. La scène la plus osée consiste en un saupoudrage de sucre intempestif sur une table de la part de l’héroïne mal mariée, qui manifeste ainsi son mal-être. Plus policé que polisson.
Christophe Narbonne

 

ALI, LA CHÈVRE ET IBRAHIM ★★☆☆☆
De Sherif E Bendary

On prend des nouvelles de l’Egypte post-révolutionnaire avec ce buddy-movie absurde racontant la rencontre entre un jeune homme un peu fêlé fou amoureux de sa chèvre et un ingénieur du son souffrant d’acouphènes. Privilégiant les ruptures de ton, Ali, la chèvre et Ibrahim peine un peu à imposer son rythme, entre immersion documentaire, road-movie buissonnier et fable loufoque. Il finit par trouver son identité – malheureusement un peu tard – quand la poésie, la mélancolie et le premier degré l’emportent sur l’ironie. Maladroit mais attachant.
Frédéric Foubert

LES LAURIERS-ROSES ROUGES ★★☆☆☆
De Rubaiyat Hossain

Au Bangladesh, Roya, une jeune femme musulmane et actrice de théâtre, est remplacée par une comédienne plus jeune dans une adaptation locale des Lauriers-roses rouges, une pièce de Rabindranath Tagore. Roya va se battre pour imposer sa vision du personnage, quitte à bousculer les codes sociaux et moraux de ses pairs. Par le prisme de la mise en abime théâtrale, et parfois onirique, Rubaiyat Hossain met en images le portrait d'une femme libre et affirmée dans un société bangladaise toujours aussi patriarcale. Le film reste toutefois trop lisse et manque de mordant quant à la critique sociétale. Difficile de ne pas s'ennuyer face à cette tranche de vie qui malgré la bonne volonté de son auteur et de son actrice principale a quand même des airs de déjà vu.
François Rieux

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