David E. Kelley se montre encore une fois très inspiré par les petits secrets des gens très riches. Un beau thriller judiciaire, acerbe et millimétré à découvrir en clair ce soir sur TF1.
Après son beau succès rencontré fin 2020 sur HBO et en France sur OCS, la mini-série The Undoing débarque en clair, sur TF1, pour trois soirées exceptionnelles. Les deux premiers épisodes sont à voir ce mercredi soir.
Nicole Kidman dans un quartier huppé, fréquentant des gens très riches par le biais d'une école élitiste où elle croise des parents d'élèves privilégiés, entre deux sessions de thérapie, jusqu'au jour où un meurtre sordide secoue la ville... Non, vous ne regardez pas Big Little Lies. Malgré les apparences, d'énormes similitudes et le fait que David E. Kelley soit encore aux manettes, ce n'est pas Big Little Lies !
Bon d'accord, ça y ressemble franchement. De décors luxueux en robes de soirée, on a l'impression que The Undoing nous ramène auprès de la bourgeoisie californienne de Monterey, alors qu'en réalité, cette nouvelle série prestigieuse pour HBO nous transporte sur la côte est. À Manhattan, pour être précis, où Grace, psy spécialisée dans les relations de couple, mène une existence rêvée avec son époux, un pédiatre qui guérit le cancer, et leur gentil fils de 12 ans. Mais quand une maman de son école privée est retrouvée assassinée de manière effroyable, et que son mari disparaît au même moment, Grace voit son monde s'écrouler brutalement...
C'est d'ailleurs le titre de cette courte mini-série en six épisodes, adaptée d'un roman de Jean Hanff Korelitz (« Les premières impressions », paru en 2014 au Cherche Midi). Dans The Undoing, il faut comprendre la chute, la ruine, la déconstruction totale d'une vie. Et c'est ce qui arrive à Grace au fil de ce thriller machiavélique, où la machine judiciaire et médiatique s'emballe, écrase tout. Une affaire criminelle passionnante et parfaitement ficelée, qui instille le doute après chaque épisode, après chaque révélation. Qui est vraiment coupable ? Qui est vraiment innocent ?
Comme aux plus belles heures de Big Little Lies, on ne sait plus à quel nanti se vouer et on se prend au jeu des théories. On se prend d'affection pour chacun des personnages aussi. Parce que Nicole Kidman a toujours ce petit truc émouvant pour incarner les femmes bafouées. Parce qu'on retrouve un Hugh Grant réjouissant, souvent à contre-emploi, même s'il sait toujours user magnifiquement de son charmant flegme britannique. Autour du couple star, Donald Sutherland et ses 85 printemps apparaît en grande forme et Édgar Ramírez fait un parfait détective à la Colombo, cherchant à découvrir le vrai en prêchant le faux, avec patience et placidité.
Comme dans Big Little Lies, le casting est pour beaucoup dans la réussite de The Undoing. Car sur le fond, il n'y pas grand chose de novateur dans cette histoire de meurtre chez les riches les puissants. David E. Kelley ne cherche pas particulièrement à renouveler le genre du polar et reste dans une veine tout ce qu'il y a de plus classique. Et c'est là où sa nouvelle série ne rejoint plus vraiment Big Little Lies : la caméra caustique de Jean-Marc Vallée, qui filmait avec convoitise la vie désordonnée de ces mamans au bord de la crise de nerf, fait place à l'oeil beaucoup plus acerbe de Susanne Bier. La réalisatrice danoise, qui a déjà brillé sur HBO avec The Night Manager et qui a fait un carton mondial l'an dernier avec Bird Box (le film Netflix) , signe tous les épisodes de The Undoing. Sa mise en scène prend un malin plaisir à dépouiller le faste du décorum de Park Avenue. Adieu glamour, strass et paillettes. Susanne Bier filme avec une virulence certaine la descente aux enfers de son héroïne déchue, prisonnière d'une vie de mensonges. Et cette fois, Nicole ne peut pas compter sur Reese, Laura et Zoé, pour la sortir de l'ornière criminelle.
Commentaires