WandaVision : Disney a créé des doublures numériques de plusieurs figurants

Sans bonus sur leur salaire, ni sans leur dire comment seront utilisées ces images à l'avenir.

La grève des scénaristes et des acteurs qui a lieu en ce moment à Hollywood ne concerne pas seulement une revalorisation générale des salaires : elle milite aussi pour un encadrement de l'utilisation des intelligences artificielles.

Entre autres problématiques, la question de l'image numérique des figurants est en train de se poser, et NPR détaille ce qui est arrivé à une douzaine d'acteurs de second plan sur la série WandaVision pour pointer du doigt l'un des soucis rencontrés sur les gros tournages en ce moment.

Prenant l'exemple d'Alexandria Rubalcaba, une actrice de 47 ans engagée pour 187 dollars la journée pour faire de la figuration sur cette énorme série de Marvel, ils révèlent qu'une douzaine de comédiens ont été entièrement scannés durant une quinzaine de minutes, sans savoir comment leur image numérique serait utilisée par les studios Disney par la suite. Et sans recevoir de bonus sur leur salaire.

Amenés dans une caravane spécialement aménagée pour ce genre de scan, ils ont dû prendre différentes poses et expressions : "Ils nous disaient : 'Levez les mains, baissez-les, regardez de ce côté, puis vers celui-là, montrez-nous votre air effrayé ou surpris.'" Une fois le scan effectué, ils ont supposé que ces images seraient utilisées pour créer des foules en arrière-plan de la série, étant donné qu'elle a été tournée pendant le confinement et que le nombre de figurants était alors limité. Mais la comédienne assure qu'elle n'a jamais donné de permission pour cela. Ni pour que son image numérique soit ensuite réutilisée dans d'autres programmes de la firme. "Que se passera-t-il si je refuse d'apparaître dans MarioVision ou SarahVision ?, se demande-t-elle. J'ai peur que les intelligences artificielles de ce genre finissent par tuer le métier d'acteurs d'arrière-plans. Ils n'auront bientôt plus du tout besoin de nous."

La question est pertinente : ces doublure en CGI pourrait-elle être réutilisées éternellement ? C'est l'une des problématiques qui doit être statuée entre les studios et les syndicats, qui demandent à ce que l'utilisation des IA soient réglementée. Car leur utilisation massive pourrait augmenter la précarité des acteurs, dont beaucoup sont loin de gagner des millions de dollars. Fran Drescher, la comédienne phare de la série Une nounou d'enfer, et qui est aujourd'hui la présidente du SAG-AFTRA, a expliqué au New York Times en rejoignant la grève que sur les 160 000 adhérents du syndicat des acteurs, 86% gagnaient moins de 26 000 dollars par an (soit environ 24 000 euros).

La question de l'utilisation de l'image numérique interpelle également des stars, soumises à ce même type de scan. Samuel L. Jackson a récemment mis en garde ses jeunes collègues, lui dont l'image a été enregistrée par les mêmes studios Disney en costume de Mace Windu pour Star Wars et en Nick Fury pour Marvel. Donald Glover, le nouvel interprète de Lando Calrissian, a également fait part de ses craintes à l'idée de pouvoir "jouer" ce personnage à l'infini, même après sa mort, grâce à sa doublure numérique créée lors du tournage de Solo : A Star Wars Story.

Le phénomène n'est pas nouveau, puisque Robin Williams, décédé en 2014, avait fait stipuler dans son testament qu'il ne souhaitait pas que son image soit utilisée dans des films, séries et/ou publicités jusqu'à 25 ans après sa disparition. Ce procédé fait du bruit ces derniers temps, face à son utilisation de plus en plus développée à Hollywood, qui posent des questions de propriété intellectuelle, ainsi que des interrogations morales. Un "caméo" de The Flash a ainsi fait scandale, car créé à 100% en numérique en "hommage" à un comédien mort depuis plusieurs décennies.