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Fondé sur l'évitement des deux personnages principaux, L'assassinat de Jesse James dessine en creux une parabole sur la célébrité et l'enfermement des icônes, s'interrogeant également sur la représentation des mythes. Dans une dernière partie magistrale, le film atteint la beauté des grands John Ford, s'interrogeant sur ce qu'il peut subsister du western, de la fascination pour ses héros et de la grandeur du mythe US lorsque les icônes sont mortes.
Toutes les critiques de L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Dominik explore le rapport entre les deux hommes, mélange de fascination, de jeu de pouvoir, d'amour et de haine, avec toutes les névroses qu'une telle relation induit. Peu d'action, mais, à chaque fois, beaucoup de violence. Le traitement de l'image, avec ses ralentis, est d'une rare beauté: champs enneigés foulés par des silhouettes noires, personnages vacillants vus à travers d'épaisses vitres dépolies... Exit le western traditionnel, il faut davantage parler de western poétique.
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Il serait faux de dire qu’on ne voit pas passer les 2h30 du film. Mais on ne va pas se plaindre quand chaque image qui surgit est plus belle encore que la précédente, s’imprimant, indélébile, sur la rétine avant de s’évaporer comme un rêve. Effacez les traces laissées dans votre esprit par des westerns surannés pour goûter à l’ineffable plaisir d’un imaginaire contemplatif et torturé. En précipitant Jesse James (apothéotique Brad Pitt) dans la légende, Robert Ford inscrit son nom au panthéon des héros mal-aimés et Andrew Dominic signe une œuvre unique d’un romantisme avoué pour le plus grand bien du style « western ».
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La beauté engourdie de l'image et, aussi, la dilatation du temps dessinent une sorte de fruste paradis perdu. C'est ce parti pris esthétique qui donne au film une ambition, une épaisseur singulières. Et aussi sa distribution : Brad Pitt, c'est-à-dire la star la plus mise en joue par les paparazzi du monde entier, incarnant un mythe vivant, le clin d'oeil est presque trop évident ; on préfère la performance saisissante de Casey Affleck (le frère cadet de Ben), qui sait que l'ambiguïté de Bob Ford ne passe pas par les mots. On scrute sur son beau visage des signes d'intelligence suprême, ou de déséquilibre.
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L'Assassinat de Jesse James... est un western de l'an 2000. Les personnages y évoluent lentement, presque au ralenti, gardant la pose, dans des plans languides, contemplatifs, une atmosphère mortifère. C'est un western lyrique, beau comme un film de Terence Malick, en plus mélancolique, voué au temps dilaté, à l'attente. Un western silencieux sur l'absurde, le trouble, la fascination. Une complainte, rythmée par une voix off. Un poème, un pèlerinage, une poursuite de fantômes.
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Avec un Brad Pitt remarquable en Jesse James, figure qui eut d'illustres interprètes au cinéma, une très belle musique de Nick Cave et une production signée Ridley Scott et son savoir faire (un court plan rend d'ailleurs hommage à « Gladiateur »). Ne cherchez pas ici les chevauchées et les règlements de compte près du saloon, vous trouverez dans cette histoire un autre rythme, une autre couleur pour ce genre cinématographique qui naquit aux Etats-Unis. Il faut le dire, le plus beau rôle du film, le plus ambigu, le plus torturé est tenu par Casey Affleck; c'est lui « le lâche Robert Ford », et le jeune acteur donne à ce magnifique personnage une troublante et terrible ambivalence qui le guide sur un chemin, celui de la mort d'un être qu'il admire. Andrew Dominik réalise un western crépusculaire, plus proche des sombres silhouettes de Magritte que de John Wayne et des classiques des années 50. Les influences de Sam Peckimpah et de Clint Eastwood sont sensibles, comme s'ils s'étaient penchés sur ce grand film qui fera date dans l'histoire du western.
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D'accord, on peut reprocher à ce film sa lenteur, le fait que le récit s'attarde parfois sur des figures secondaires d'intérêt inégal. Mais Andrew Dominik ne voulait pas d'un western traditionnel. Sa mise en scène ne craint pas de plonger le spectateur dans une douce torpeur, soutenue par une photographie hypnotique et une musique tragique.
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Un peu longue et austère, cette démythification, centrée sur les rapports ambigus de James et Ford, laissera perplexe les fondus de fusillades, de chevauchées épiques et de duels au soleil. Mais la performance magnétique de Brad pitt, saluée par un prix d'interprétation à la Mostra, mettra tout le monde d'accord.
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Galopant sur les traces de Samuel Fuller, le réalisateur néo-zélandais du remarquable Chopper n'a pas du tout choisi la façon hollywoodienne de filmer les cow-boys en Technicolor, avec chevauchées fantastiques et duels au soleil. Aux westerns spaghettis noyés dans leur sauce, il préfère un régime basse calories pour nous servir un drame sombre et réaliste où des héros introvertis font du rodéo à travers leurs névroses.