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Depuis quelques années, André Téchiné est devenu le père tranquille du cinéma français. Ni auteur radical (ce serait plutôt Chabrol), ni réalisateur populo (ce fut plutôt Berri) mais une bonne synthèse entre glamour (voir Les Témoins et l’emploi d’Emmanuelle Béart…) et engagement (… pour dénoncer les années SIDA). Avec La Fille du RER, il remet le couvert à partir d’un fait divers : l’attaque antisémite que simula une jeune femme en 2004. Plutôt qu’une psycho-analyse, le cinéaste emmène son récit vers l’évocation du manque de rituels initiatiques dans notre société moderne. Une très belle œuvre qui file droit entre joli drame et commentaire à froid d’une France ayant perdu ses repères.
Toutes les critiques de La Fille du RER
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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André Téchiné s'inspire du mensonge collectif qu'a engendré en 2004 « l'affaire du RER D » pour dresser la chronique estivale d'amours multiples et contrariées. Intense et solaire, La Fille du RER est un très bon cru.Deux ans après Les Témoins (ample fresque qui montrait comment l'apparition du sida affecta dans les années 1980 les mondes de la médecine, de la police et des arts), André Téchiné s'inspire à nouveau d'un sujet politique. La Fille du RER prend en effet comme point de départ la mémorable « affaire du RER D » : en juillet 2004, une jeune femme avait inventé une agression antisémite, affirmant que six individus, la croyant juive, lui avait dessiné des croix gammées sur le ventre. Médias, associations et gouvernement s'étaient empressés de récupérer l'affaire, avant que la supercherie ne soit dévoilée, provoquant un nouveau déchaînement, contre la jeune fille cette fois. On se préparait alors à un film à thèse sur les imbrications entre médias, pouvoirs publics et chantage à l'émotion, impression confirmée par la bande-annonce. Pourtant, André Téchiné prend le contre-pied de ces attentes, faisant de son récit le portrait ensoleillé de deux familles plutôt qu'une analyse du pouvoir médiatique. Le cinéaste dépeint ainsi la chronique d'un été ordinaire, entre ville et campagne, entre montées du désir et redescentes cafardeuses, reléguant le fait divers initial à la fin du film. La caméra capte la circulation des sentiments et la nostalgie des amours perdues en organisant plusieurs croisements narratifs entre deux pôles ; il y a d'un côté le duo que forment Louise (Catherine Deneuve), veuve de militaire, et sa fille Jeanne (Emilie Dequenne) et, de l'autre, le clan Bleistein, qui réunit autour du grand-père avocat (Michel Blanc) le fils (Mathieu Demy), sa fougueuse ex-femme (Ronit Elkabetz) et le petit-fils (Jérémie Quaegebeur). Comme dans les meilleurs films de Téchiné (on songe aux Roseaux sauvages), l'univers fictionnel offre une richesse considérable, brassant à une vitesse folle itinéraires individuels mouvementés et différents possibles. Ainsi Jeanne, censée être la « mythomane de l'histoire », ne sera jamais jugée ni condamnée par le scénario. Egarée et fragile, la jeune femme trouve une grâce inattendue lors d'une jolie scène de cabane, point culminant du film. La démarche d'André Téchiné peut s'interpréter comme une quête permanente d'apaisement et de rééquilibrage car dès qu'un personnage connaît un drame ou commet une erreur, le cinéaste trouve plus tard une occasion de le rehausser. Et lorsque l'amour s'avère impossible entre deux êtres, la possibilité de renouveler le désir et de construire des sensations nouvelles est offerte aux générations suivantes. De la même façon que les saisons se succèdent, les affects humains ne cessent d'évoluer. Peu importe si quelques dialogues paraissent trop appuyés et certaines situations peu vraisemblables (difficile de croire au rire d'Emilie Dequenne après l'inquiétante farce que lui jouent Nicolas Duvauchelle et un camarade de chambre), puisque délicatesse des images et force des enjeux ramènent toujours le film vers un trajet cohérent.Au final, La Fille du RER exprime parfaitement l'idée que, derrière les emballements médiatiques et les manipulations diverses, se cachent souvent des coeurs candides et sans défense. Le rôle de la fiction - en général - et du cinéma - en particulier - serait alors de redonner parole et dignité aux personnes que la machine médiatique a broyées. C'est ce qu'André Téchiné réussit ici à merveille, aidé par la lumière salvatrice de Julien Hirsch, chef opérateur des Temps qui changent, de Lady Chatterley ou encore de Versailles.La Fille du RERDe André TéchinéAvec Emilie Dequenne, Catherine Deneuve, Michel BlancSortie en salles le 18 mars 2009Illus.© UGC- Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire le fil réalisateur sur le blog cinéma- André Téchiné sur Flu : lire les critiques de Les temps qui changent (2004), Les Témoins (2007)
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Sans élucider le trouble, son film riche et prenant nous permet d'en pénétrer les méandres. La fille du RER exploite toutes les questions au fil d'une trame fictive mais vraisemblable.
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Un délit sans mobile ou presque (« J'ai fait ça pour qu'on m'aime », balbutiera Jeanne), et aux conséquences absurdes - alimenter l'antisémitisme par exemple. Des mots et des faits (ou des identités) qui ne coïncident pas. Une crise du sens et du lien. Voilà de quoi le film rend compte, selon une esthétique de la brisure, du heurt (...). Des fragments caractéristiques du cinéma de Téchiné s'entrechoquent aussi, de la musique de Barocco à la figure de l'enfant ultra-lucide, remonté contre les adultes, en passant par une longue scène de repas rassemblant un temps tous les protagonistes.
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Eté 2004, l'agression à caractère antisémite d'une jeune fille dans le RER défraie la chronique. Or, tout n'était qu'affabulation... Ce mensonge et ces conséquences, Téchiné s'en empare, s'en détourne, y revient dans un mouvement constant, souvent chaotique. Mais toujours au profit d'une troublante esquisse, celle d'une fille paumée et d'une superbe actrice, Émilie Dequenne.
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Il fallait un grand cinéaste pour traiter un sujet aussi sensible, celui d’une fausse agression raciste, ayant entrainé en 2004 un déchainement médiatique, des précipitations et empressements politiques. André Téchiné filme cette jeune fille superbement interprétée par Emilie Dequenne, en mal d’amour, au cœur d’une défaite amoureuse et qui invente le pire pour que les regards s’attachent enfin à elle. Une étonnante Catherine Deneuve repasse, crédible, du linge dans un petit pavillon d’où l’on entend le passage du RER - mais le cinéaste et l’actrice se connaissent bien- et Michel Blanc trouve ces dernières années ses meilleurs rôles avec le réalisateur de « Barocco ». « La fille du RER » montre sans démontrer un des maux de notre société. Ce couple, médias et politiques, qui parfois se transforme en « diaboliques » et manipulateurs sous et pour les feux des projecteurs du journal de 20h.
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Le cinéaste laisse ouvertes toutes les pistes et déplace le mystère : l'étonnant n'est plus le mensonge, mais tout ce qu'il suscite. C'est la réussite du film.
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Le film s'évertue (...) à rester à la surface des choses et des êtres, misant tout sur sa vivacité d'exécution et sa force d'entraînement. Au risque de passer, à l'image de son héroïne, pour une coquille vide.
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A partir de l'agression antisémite imaginaire dont s'était dit victime une jeune femme, le réalisateur se livre à une variation servie par une interprétation sans faille, une réalisation inspirée et subtile. Mais la crédibilité n'est pas toujours au rendez-vous.