Comme chaque été, le sud de la Corse est colonisé par des nuées de touristes français s’entassant brutalement sur ses plages paradisiaques tels des moustiques attirés par une
ampoule. En marge de cette invasion saisonnière par les « Gaulois », quelques ados commettent un larcin qui va disloquer leur entente et révéler leurs tensions. À travers le parcours tragique de ce quintet d’« Apaches », le premier film de Thierry de Peretti saborde l’image d’Épinal de l’île de Beauté pour en scruter l’envers inquiétant, nocturne, interlope. Au-delà du sable chaud, il y a des zones commerciales glauques, la mafia locale, la violence sociale, le racisme entre les communautés marocaine et corse. Le chant des cigales se noie dans le bourdonnement des mouches, la mort rôde. Mais nulle complaisance voyeuriste chez le réalisateur, qui met en lumière la face sombre de son territoire natal dans un élan sensoriel et lumineux. Captés au plus près des corps et des visages dans un format d’image carré, ses adolescents ressemblent à ceux de Larry Clark. Ils brûlent l’existence par les deux bouts avec ce qu’ils ont sous la main : sexe, alcool et snuff movies sur leurs smartphones. Penser à l’avenir en termes d’objectifs, de CDI, de caps à passer ? « Plutôt être mort », répond l’un d’entre eux en tirant sur sa clope. Magnétisé par d’attachants acteurs amateurs pleins de vitalité, au bagout musical et au physique très contemporain, ce teen movie corse atteint de beaux degrés d’incandescence.