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Le secret et l’identité hantent l’oeuvre au noir de Nicole Garcia. On en comprend les origines en découvrant Un balcon sur la mer, film très personnel pour elle, la native d’Oran. À travers l’histoire de Marc et Cathy (qui constitue les flash-back du film), préados amoureux pris dans la tourmente de la guerre d’indépendance, la réalisatrice semble exorciser une blessure indélébile liée à la perte de l’innocence. Cette femme que Marc adulte prend pour son amour
d’enfance symbolise-t-elle une part de lui-même à jamais perdue, ou, au contraire, l’espoir d’une renaissance ? Le film tout entier est porté par ces tiraillements existentiels qui le rattachent aux grands thrillers obsessionnels (Sueurs froides, Mortelle Randonnée, Laura), l’inspiration formelle et l’ambiguïté érotique en moins. Tel quel, Un balcon sur la mer se révèle une oeuvre assez troublante.
Toutes les critiques de Un balcon sur la mer
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Ce film est un thriller sentimental, l'histoire d'un homme arraché à ses deux passions de jeunesse : un pays (l'Algérie), une gamine (Cathy). Hanté par l'atmosphère hitchcockienne qui planait déjà sur Place Vendôme (1998), le film entrelace le maelström d'émotions et la ténébreuse enquête. Par quoi ce Palestro perdu (magistral Jean Dujardin) et cette énigmatique Marie-Jeanne sont-ils enchaînés ? Nous ne le dirons pas. Mais la réussite du film tient en partie à ce dosage subtil de réminiscences et de trafics de sentiments, sur fond de magouilles, offenses, revanche, d'apparition de femme fatale.
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Un balcon sur la mer, le sixième film de Nicole Garcia, est un retour aux sources pour cette cinéaste d'origine oranaise. Et ce qui l'intéresse, dans cette histoire de passé retrouvé, c'est le vertige. Celui que l'on ressent en se penchant d'un balcon sur lequel on aura, trop longtemps, refusé de monter. Un homme déboussolé, une femme mystère, blonde, brune : le Vertigo de Hitchcock plane sur ce thriller psychologique à la mise en scène élégante, envoûtante par moments. Pourtant, Cathy (Marie-Josée Croze, délicatement opaque) est une fausse femme fatale. Partagée entre mensonge et sincérité, comme le laissent deviner ses cheveux maladroitement teints. Elle est double, ombre et lumière, comme ce Sud que Nicole Garcia filme comme personne. Après Le Fils préféré, elle sait, à nouveau, restituer la véritable atmosphère de Nice, corrompue et indolente, aux antipodes des clichés clinquants sur la Riviera.
Pour cette réconciliation d'un homme avec lui-même, la réalisatrice a su, encore une fois, choisir l'acteur idéal. Après Gérard Lanvin, elle trouve la faille chez Jean Dujardin. Comme son personnage, l'acteur se fissure doucement et révèle une gravité inédite. On a beaucoup cité Claude Sautet à propos du cinéma de Nicole Garcia. A la différence du réalisateur d'Un coeur en hiver, elle sauve son héros du silence. En lui arrachant son secret.
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Avec sensibilité, Nicole Garcia remonte le cours de son temps avec ce thriller sentimental tendu par les fils du suspense. Le soleil de l'enfance y recouvre le présent des adultes d'une brume où les êtres se perdent en se cherchant. Sur ce joli Balcon sur la mer, Jean Dujardin et Marie-Josée Croze nous offrent une nouvelle vue sur leur talent.
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Née à Oran, Nicole Garcia joue à cache-cache avec ses propres souvenirs et multiplie des faux-semblants très cinématographiques. Il flotte dans « Un balcon sur la mer » une musique pleine de regrets diffus, de senteurs disparues et d’illusions perdues.
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Sandrine Kiberlain et Claudia Cardinale partagent l'affiche de ce « thriller des sentiments ». L'approche subtile de Nicole Garcia teintée de ses propres souvenirs de jeunesse à Oran fait vibrer Un balcon sur la mer d'une mélodie fragile. Cette histoire d'amour par-delà l'histoire émeut sans pathos par son évidente sincérité.
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Histoire d’amour à suspense, « Un balcon sur la mer » repose sur un scénario magnifique, romanesque, enrichi par d’habiles flash-back (c’est rare).
Face à une Marie-Josée Croze blonde, mystérieuse et sexy, Jean Dujardin incarne, avec un formidable mélange de virilité et d’émotion, un homme submergé par un passé trop vite enfoui.. -
Pour mener à bien cette entreprise d'introspection, la réalisatrice Nicole Garcia fidèle à sa griffe, a recours aux flash-back de manière parfois intempestive, gâchant ainsi l'effet de surprise des rebondissements. Reste un pari osé, une mise en danger sur un sujet peu abordé à l'écran : la France colonisatrice qui peine à recouvrer la mémoire. Audace qu'il faut saluer.
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Nicole Garcia mêle ici romance et suspense, imbrique passé et présent, nostalgie et passion, mais peine à nous captiver avec ce thriller sentimental aux méandres un peu confus. Elle trouve néanmoins en Jean Dujardin et Marie-Josée Croze un joli couple de cinéma.
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Générique prometteur : images d'un Oran désert, à l'aube ou au crépuscule. Hélas, les plongées dans le passé algérien des héros sont lisses, dénuées d'émotion. Mais la plus grande déception, c'est qu'entre les mains de Nicole Garcia Jean Dujardin rate sa conversion en acteur tragique. Dans le costume d'un petit notable marié à Sandrine Kiberlain - incroyablement sacrifiée -, il ne peut s'appuyer sur aucun humour, fût-il noir comme dans Le Bruit des glaçons, de Bertrand Blier. Il fronce mécaniquement les sourcils (on s'attend toujours à une blague), ses silences sont trop longs, ses regards ostensiblement embués, aussi bien pour annoncer les flash-back algériens que pour signifier son trouble devant une femme dont le mystère s'arrête à la racine de ses cheveux décolorés...
Nicole Garcia a surchargé son scénario : voyage au coeur d'une mémoire refoulée, crise identitaire d'un quadra trop sage, absurde magouille immobilière... Pas assez virtuose pour entrelacer tous ces sujets, le film les entortille en un écheveau enflé et vainement complexe.
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En dépit du résumé, Un balcon sur la mer n’est qu’en partie un thriller. Ce qui intéresse plus Nicole Garcia, c’est le cheminement de son héros à la mémoire troublée. Dans la peau de cet homme entre deux souvenirs et dont le présent lui échappe, Jean Dujardin est remarquablement juste. Dommage qu’entre une escroquerie immobilière, les nombreux retours en arrière chers à la cinéaste, originaire d’Algérie, et quelques scènes "psychologisantes", le film n’emporte pas l’adhésion, donnant souvent même l’impression de patiner.