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Avec quelle(s) récompense(s) le film d’Arnaud Desplechin peut-il repartir le 26 février ? Analyse, décryptage, pronostics.

Toutes les émotions des César 2016 avec BNP Paribas.

Ça raconte quoi ? La jeunesse de Paul Dédalus, héros en 1996 de Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle) et alter-ego de fiction d’Arnaud Desplechin. C’est l’origin story de l’Antoine Doinel de Roubaix. Un peu comme si Truffaut avait filmé Les 400 coups 20 ans après Domicile Conjugal.

C’est avec qui ? Mathieu Amalric le temps du prologue et de l’épilogue, mais surtout plein de jeunes inconnus, dont Quentin Dolmaire (en young Amalric) et Lou Roy-Lecollinet, alias Esther, qui avait les traits d’Emmanuelle Devos à l’époque de Comment je me suis disputé.

Nominations : 11 au total, le record de cette cérémonie, à égalité avec Marguerite. Film, réalisateur, scénario, espoir masculin, espoir féminin, photographie, montage, son, décor, costumes, musique.

Pourquoi il fallait le voir : Après une escapade US mollement accueillie (Jimmy P.), Desplechin revient à sa veine truffaldienne : romanesque, autobio, épistolaire. Selon votre sensibilité, ça vous colle des frissons ou vous donne envie de vous jeter par la fenêtre. Mais impossible de nier que Trois souvenirs de ma jeunesse est une pièce maîtresse du puzzle desplechinesque, un opus magnum drivé par « un doute existentiel, une idée moderne de la reconquête qui, dans un geste d’amour-haine, fait réécrire à Desplechin l’histoire de sa famille et de la civilisation. », comme on disait dans Première en mai dernier.

Ça repart avec quoi ? Trois souvenirs de ma jeunesse a commencé sa carrière de manière un peu lose. Sa non-sélection cannoise était clairement un camouflet de la part de Thierry Frémaux. Après cinq tours de piste en compète (soit avec quasiment tous ses films), Desplechin se faisait signifier par le délégué général qu’on ne pouvait pas revenir indéfiniment à la table cannoise sans jamais rien gagner. Coup dur. Mais le repêchage du film par la Quinzaine des Réalisateurs lui a donné en retour un lustre d’outsider rebelle. C’est à ce moment-là que le film a entamé sa longue love story avec la presse (c’est le 6ème film préféré des critiques français en 2015, selon le site accreds, qui épluche tous les tops ciné de l’hexagone). Avec Marguerite, c’est aussi le seul concurrent sérieux des César qui échappe à l’horizon réaliste et social du cinéma français (l’axe Brizé-Bercot-Faucon). Et même si le fan-club de Desplechin semble plafonner (le film a fait 216 000 entrées, soit grosso modo le score de Jimmy P., et deux fois moins que Rois et Reine et Un Conte de Noël), sa stature, elle, est en train de changer. C’est l’un des auteurs majeurs du cinéma français avec Audiard, Kechiche et Bonello. Tout le monde s’accorde là-dessus, même ceux qui n’aiment pas ses films. Il serait donc peut-être temps que Desplechin (nommé 11 fois en tout aux Césars dans sa carrière, reparti bredouille à chaque fois) empoche un prix du meilleur réal. Grosse cote aussi pour ses jeunes acteurs. Desplech' est un faiseur de "meilleurs espoirs" : Emmanuel Salinger avait été meilleur espoir masculin en 93 pour La Sentinelle, Mathieu Amalric, meilleur espoir 97 pour Comment je me suis disputé.

L’équation win des César :

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Explications : C’est le moment Truffaut de Desplechin. Trois souvenirs de ma jeunesse n’a pas eu le succès monstre du Dernier Métro mais plus personne aujourd'hui ne conteste que le roi de l'après-Nouvelle Vague a atteint sa maturité. Rayon espoirs, Quentin Dolmaire a sans doute du souci à se faire face à Rod Paradot, la boule de nerfs de La Tête haute. Le Paul Dédalus version César risque donc de garder les traits de Mathieu Amalric. Mais Lou Roy-Collinet, elle, a toute les chances de succéder à Louane Emera en meilleur espoir féminin. Sa vraie concurrente crédible, Camille Cottin, est sans doute déjà trop identifiée pour être qualifiée d’espoir. Lou Roy est Reine ?