Prix du jury du dernier Festival d’Angoulême, la réalisatrice nous définit son désir de cinéma. Elle est l’auteur d’une comédie loufoque et engagée sur l’héritage de mai 1968, Tout ce qu’il me reste de la révolution.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?
J’ai découvert une troupe flamande de théâtre, le Tg Stan, dans une adaptation de Platonov de Tchekhov. J’ai tout de suite compris que je voulais partager avec le public des émotions et des questions de manière aussi proche et aussi forte. Dès lors, j’ai suivi tous leurs spectacles. Un jour, je les ai vus dans un café et je les ai abordés.
Pourquoi faites-vous ce métier ?
Pour créer en collectif. Je veux essayer de trouver dans mon travail un espace d’engagement où tout serait horizontal, partager la réflexion, prendre le risque de ne pas être d’accord. Je fais aussi ce métier pour défendre la responsabilité de l’acteur. Pour moi, l’acteur doit être responsable de ce qu’il a à dire dans le choix de textes qu’il défend. C’est valable pour le cinéma aussi. Si le film est un projet personnel, il n’y a pas à un moment où les acteurs avec lesquels je collabore n’ont pas une vision du projet dans sa totalité. C’est très particulier comme approche.
Pourquoi faire rire?
C’est très important de passer par l’humour. D’abord utiliser l’humour c’est se mettre à la même hauteur que le public parce qu’on est tous au courant que ça ne va pas, il n’y a aucune raison d’avoir une position surplombante. Rire ensemble nous fédère, nous soulage. On vient au cinéma pour partager une expérience collective. Et puis le rire détend l’écoute, ça permet de percer notre armure anti-messages. Aujourd’hui, on aime pas beaucoup se faire faire la leçon. Réaliser une comédie c’est aussi sauver la joie.
Tout ce qu’il me reste de la révolution sort le 6 février.
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