Wet Hot American Summer : préquelle idée de génie
Casting trois étoiles
Car c?est bien là tout l?intérêt de la série : retrouver ces désormais quadras dans les costumes (et sous les perruques gratinées) des moniteurs ados qu?ils jouaient à l?époque, comme si de rien n?était. D?autant plus que quasiment aucun acteur du film original, qui en comptait une bonne vingtaine, ne manque à l?appel. Un tour de force logistique quand on sait que certains d?entre eux sont devenus des stars surbookées. A sa sortie, <em>WHAS</em> souffrit de son absence de tête d?affiche incontestable. Il y avait bien au casting quelques comiques expérimentés et populaires à l?époque (Janeane Garofalo, David Hyde Pierce, Molly Shannon?) mais personne du calibre atteint depuis par quatre de leurs jeunes partenaires. Même s?il crevait l?écran par sa coolitude over-the-top dans <em>WHAS</em>, Paul Rudd, à des années-lumière de jouer les super-héros au cinéma dans Ant-Man, ne fréquentait même pas encore la galaxie Apatow. L?actuelle patronne de la franchise Pitch Perfect, Elizabeth Banks, n?en était qu?aux balbutiements de sa carrière. Amy Poehler, délicieuse en prof de théâtre trop investie, entrait seulement au <em>Saturday Night Live</em> et n?avait rien de l?icône comique qu?elle est devenue. Enfin chapeau à qui aurait pu prédire à Bradley Cooper dont c?était le premier long-métrage, qu?il prétendrait un jour à l?Oscar pour des prestations chez Clint Eastwood ou David O. Russell.
Bagage comique
Outrancière, la série n?hésite plus constamment, comme le film le faisait, entre d?un côté la parodie des pochades hormonales 80?s poussant les gags lourdingues jusqu?à l?abstraction, et de l?autre, l?hommage plus premier degré au cinéma de John Hughes et la chronique douce-amère de l?âge tendre nourrie des souvenirs d?enfance de David Wain. C?est que, en 15 ans, l?équipe artistique du film n?a pas fait que prendre de l?âge, du poids, des rides, etc? Elle a surtout davantage de métier. Réalisateur des Grands frères et de Peace, Love et plus si affinités, deux Paul Rudd-movies, et de la sitcom Childrens Hospital, Wain sait mieux arbitrer et a eu raison de faire pencher plus clairement <em>First Day of Camp</em> du côté de la grosse comédie. Il peut compter pour cela sur la bonne volonté de tous, notamment celle des nouveaux venus (les guests hilarants de Jon Hamm en tueur de la CIA et de Kristen Wiig en pimbêche friquée). Mais il profite aussi de l?expérience acquise par sa distribution originale. Sans tous devenir des poids lourds de l?industrie, la plupart de ses membres ont poursuivi une belle carrière de second rôle comique à la télé comme Ken Marino (<em>Party Down</em>), Joe Lo Truglio (<em>Brooklyn 99</em>) ou H. Jon Benjamin (<em>Archer</em>) et n?ont jamais été aussi bons. Et puis, nominations aux Oscars mises à part, il y a un monde entre le Bradley Cooper d?hier, minet encore un peu pied-tendre qui s?encanaillait dans le film lors d?une scène de sexe torride, et celui qui fait désormais ici jeu égal avec une Amy Poehler en pleine possession de ses moyens. Les trésors d?imagination qu?il déploie pour la repousser délicatement donnent lieu à chaque fois à de grandes scènes. Vieillir, cette bénédiction.<strong><em>We Hot American Summer : First Day of Camp</em>, en intégralité sur Netflix le 31 juillet.</strong>
WHAS : préquelle idée de génie
Seconde jeunesse
Corollaire de la célébrité et de l?hygiène de vie qu?elle impose, ces quatre-là n?ont pas tellement changé et surtout pas Paul Rudd, le Dorian Gray préféré de la presse US (?faites le très rigolo test de <em>Vulture</em>?). De là à pouvoir toujours camper le beau gosse du lycée sans réclamer un petit effort d?imagination? Déjà en 2001, le film s?amusait du décalage entre l?adolescence supposée des personnages et les 25-30 ans affichés par leurs interprètes. Il faut voir dans l?une des premières scènes de la série, le maître-nageur joué par Rudd et les autres, célébrer avec allégresse le fait d? "avoir 17 ans". Ou Elizabeth Banks révéler, joie du prequel, qu?elle est en fait "une vieille de 24 ans" qui se fait passer pour une mineure à Camp Firewood pour mieux infiltrer la bande. Le décalage est encore plus saisissant avec les membres de la distribution qui eux, ont un peu moins bien négocié le passage du temps. Michael Showalter s?est écrit des scènes sur mesure, lui l?ancien gringalet aujourd?hui lesté d?une bonne vingtaine de kilos en plus. Reprenant son rôle de Coop, l?indécrottable romantique, c?est désormais en soufflant comme un b?uf qu?il pourchasse les mômes dissipés. Tout le monde prend manifestement son pied - probablement plus encore qu?il y a 15 ans - à retomber ici en adolescence. En mode régressif, chacun semble retrouver une seconde jeunesse comme après une baignade dans la piscine de <em>Cocoon</em>.
Quinze ans après la sortie de son film, David Wain en réunit le casting pour de nouvelles aventures à la colo, à suivre sur Netflix dès le 31 juillet. Un délire entre potes poussé assez loin : pour les besoins de ce qui est en fait un prequel, Paul Rudd, Bradley Cooper ou Elizabeth Banks réendossent leurs rôles d’ados. Normal. Les circonstances dans lesquelles naissent les idées sont parfois faciles à deviner. Celle de la série Wet Hot American Summer, à découvrir sur Netflix le 31 juillet, est sans aucun doute possible venue à David Wain et Michael Showalter, ses scénaristes, lors d’une soirée bien arrosée. Pas que l’envie de remettre le couvert avec les personnages de leur film de 2001 ait été totalement saugrenue. A sa sortie, WHAS, hommage aux comédies estivales old school type Meatballs (Arrête de ramer, t’es sur le sable d’Ivan Reitman avec Bill Murray) réalisé par Wain, fut certes un bide en salles et un échec critique. En France il ne fut même pas distribué. Puis le film connut une seconde vie plus féconde en vidéo. Au fil des ans, se sont agrégés autour de lui des fans plus réceptifs à ses velléités méta au point qu’il est carrément devenu un de ces objets générationnels qu’on se repasse régulièrement. Alors WHAS, la suite, pourquoi pas ? Ben non, justement, il ne s’agit pas d’une suite. Et c’est là que l’alcool a dû entrer en jeu. Le film se déroulait lors du dernier jour de l’été 1981, tandis que les gamins pensionnaires d’un camp de vacances s’apprêtaient à retrouver leur famille et que les animateurs faisaient leurs adieux à leur flirt aoûtien avant de reprendre le chemin du lycée ou de la fac. La folle journée de ces Ferris Bueller en marcel-sandalettes se passait donc entre dernières sorties de groupe et tentatives de conclure avant qu’il soit trop tard. La série, sous-titrée First Day of Camp, remonte humblement le temps de quelques semaines seulement, à l’arrivée de tout ce petit monde à Camp Firewood. Un prequel donc. D’un teen movie. Quinze ans après. Avec les mêmes acteurs…. Du grand n’importe quoi. Du génie pur, en fait. Grégory Ledergue
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