Première
par Thierry Chèze
Ce documentaire, nommé à l’Oscar, s’ouvre par un message d’avertissement à ses spectatrices. Shiori Itō, qui le réalise et y raconte l’enfer qu’elle a traversé, les prévient que Black box diaries peut fait remonter chez elles des traumatismes enfouis dans la mémoire pour survivre après des abus subis. Des mots tout sauf superflus car ce qui suit constitue un véritable choc, d’autant plus puissant qu’il est dénué de toute auto- complaisance. Et qu’en racontant son calvaire, la Japonaise documente plus largement la manière dont les femmes victimes d’agression se retrouvent souvent seules dans ces circonstances, ajoutant la violence psychologique à la violence physique subie. A cause de la honte de leur famille, du manque de compassion des policiers et, dans le cas du Japon, d’un système judiciaire archaïque pour traiter ce genre d’affaires. Tout ceci était connu de Shiori Itō, Journaliste issue d’un milieu social aisé. Et pourtant rien n’aurait pu la préparer à ce qu’elle allait vivre suite à une agression sexuelle commise par un journaliste, proche du Premier Ministre Japonais et des cinq années de combat pour faire éclater la vérité. Ce documentaire raconte à la première personne du singulier, face caméra, ce qu’on lit habituellement sous la plume d’un tiers confident. La réalité brute vous saute à la figure. Et ce d’autant plus fort que Shiori Itō n’occulte rien. Ses moments d’absolue détresse comme dans ceux où perce un infime espoir. Sans aucun autre agenda à respecter que suivre ce qu’elle vit et se reconstruire. Brut et puissant.