Affiches sorties de films du 1er février 2023
Pathé/ Universal Pictures/ Condor Distribution

Ce qu’il faut voir en salles.

L’ÉVÉNEMENT
ASTERIX & OBELIX : L’EMPIRE DU MILIEU ★★☆☆☆

De Guillaume Canet

L’essentiel

Guillaume Canet injecte ses obsessions en pays gaulois dans un opus où nos deux héros s’exilent en Chine. A-t-il pour autant trouvé la potion magique ?

C’est une des équations les plus compliquée du cinéma français. Comment adapter le menhir de la culture populaire française ? Guillaume Canet a choisi de ne pas adapter un album existant et préfère s'approprier les lieux pour ne conserver que l'appareillage essentiel (bastons, banquets, pirates et Jules César)… L’Empire du Milieu raconte donc le voyage d’Astérix et d’Obélix en Chine afin de libérer l’impératrice emprisonnée et délivrer le pays du joug d’un tyran. Tout n’est pas réussi (les combats kung-fu, le défilé de stars accessoires, l’atonie étrange de certaines scènes), mais l'idée la plus forte est, contrairement à l’adaptation de Chabat, de remettre au cœur du récit la figure d’Astérix et d’Obélix. C’est le nerf de son film, qui ramène son projet sur un terrain à la fois plus personnel (comme le Chabat, c’est un vrai film d’auteur) et plus humain (c’est une histoire d’amitié naissante) et l’empêche de s’écrouler sous son déluge numérique.

Gaël Golhen

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

KNOCK AT THE CABIN ★★★★☆

De M. Night Shyamalan

Une petite fille toute droite sortie d’un conte pour enfants, chasse au milieu des bois des sauterelles. Bientôt débarquent dans son champ de vision un molosse tatoué (superbe Dave Bautista) et trois de ses sbires, qui veulent parler à ses parents, un couple homoparental. Que veut au juste ce quatuor armé d’outils moyenâgeux qui se prétend en mission pour empêcher l’Apocalypse ? A l’aide d’une mise en scène aussi précise qu’inventive, Shyamalan fait de cette série B en quasi huis clos, un sommet de tension électrique. Il s’amuse constamment à bouleverser les repères d’un récit qu’il déjoue pour mieux signifier la fragilité de nos certitudes. Car à l’instar du récent Nope, l’étrange ne vient pas tant du fantastique en lui-même que de la manière dont chacun l’appréhende pour en faire un cas de conscience. Les avions peuvent bien tomber comme des mouches, les tsunamis détruire le littoral, il y aura toujours quelqu’un pour dire qu’il savait. Et notre monde perdu pourrait de nouveau avoir besoin de prophètes. En attendant, dans le chalet au milieu des bois, c’est la panique. Flippant.

Thomas Baurez

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AFTERSUN ★★★★☆

De Charlotte Wells

Le film s’ouvre dans une chambre d’hôtel. Sophie, 11 ans, y passe l’été avec son père. Elle est libre, solaire. Mi-gosse mi-adulte. Ils tuent le temps commun qui leur est compté… Car le film, comme la vie, laisse régulièrement place à des dérèglements. D’abord ces vacances marquent pour Sophie, le moment où l’enfance s’estompe pour laisser place à l’adolescence et à ses terribles émois. De l’autre côté, Calum, le père admiré, semble parfois absent - on comprendra plus tard qu’il est en pleine dépression. Enfin, des flashs montrent Sophie adulte, enfermée dans un loft, et dévastée face aux images enregistrées. A des années de distance, elle tente de recoller les morceaux pour comprendre ce qu’il s’est passé. Elle rembobine cet été, traque, dissèque, autopsie. Pour comprendre pourquoi elle n’a rien vu et comment elle est passée à côté de la détresse de son père… Dans son premier film, Charlotte Wells capte avec une grande sensibilité un moment de bascule : elle enregistre des instants volatiles avec un talent stupéfiant et croise avec grâce le regard de la gamine et celui de la cinéaste adulte qui fouille ses images et sa mémoire… Aftersun passe de manière fluide de l’hystérie à la douceur, de la brutalité du réel à la pureté de la fiction. Une merveillle.

Pierre Lunn

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PREMIÈRE A AIME

UN PETIT FRERE ★★★☆☆

De Léonor Serraille

Cinq ans après sa Caméra d’Or pour Jeune femme, Lénor Serraille a choisi de raconter la chronique d’une famille ivoirienne (une mère célibataire venue s’installer en banlieue parisienne avec ses deux enfants) des années 80 à nos jours. Et au- delà de l’aspect politique et social d’une telle entreprise, son Un petit frère se vit d’abord comme un film de personnages, loin du banal film à sujet. Une femme tout sauf soumise qui, en dépit des obstacles, entend vivre sa vie comme elle l’entend. Un grand frère mu par une rage intérieure qui va devenir explosive. Et un petit frère qui va, lui, tenter de tirer les leçons de toutes ces péripéties souvent tragiques pour mener sa barque. Le tout encapsulé dans un geste scénaristique virtuose où la cinéaste place tour à tour à tour chacun de ces trois regards au centre de son récit chapitré en faisant débouler auprès d’eux des personnages secondaires surgissant comme on saute dans un manège avant qu’on fasse petit à petit connaissance avec eux. Ajouter un casting dément - Annabelle Lengronne, Stéphane Bak, Ahmed Sylla…– et vous obtenez l’un des films français les plus passionnants de ce début 2023.

Thierry Cheze

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GHOST THERAPY ★★★☆☆

De Clay Tatum

On n’a plus l’habitude de voir ce genre de films dans les salles françaises. Une comédie américaine indé, fauchée, désinvolte et mal fagotée, un peu mumblecore sur les bords… Ghost Therapy fait le portrait de Clay, un photographe installé à Los Angeles, un vrai glandeur, qui croise par hasard le chemin de Whit, vieux copain de jeunesse, dont on va vite comprendre qu’il s’agit en réalité d’un fantôme. Un fantôme égaré dans la grande ville hostile, que Clay est le seul à voir, et qui a désespérément besoin de compagnie… Pas besoin de trop se creuser la tête pour comprendre que Ghost Therapy traite de ces amitiés anciennes qui vous collent aux basques et vous empêchent de grandir, de ces souvenirs embarrassants qu’on préférerait oublier. La méthode, elle, évoque les comédies de David Gordon Green, où une narration très lâche permet aux acteurs de s’ébrouer en toute liberté devant la caméra. Le film tire un peu à la ligne mais révèle deux personnalités marrantes, très attachantes : Clay Tatum (également réalisateur) et Whitmer Thomas, par ailleurs tous les deux auteurs de « comedy specials » et de séries animées totalement inconnues sous nos latitudes. C’est le moment de faire leur connaissance.

Frédéric Foubert

MAURICE LE CHAT FABULEUX ★★★☆☆

De Toby Genkel

Un chat qui fait équipe avec… des rats et un joueur de flûtes pour arnaquer les habitants d’un village qui se croit envahi par les rongeurs. Ainsi débute cette adaptation du roman jeunesse de Terry Pratchett, Le Fabuleux Maurice et ses rongeurs savants. Et le ton est tout de suite donné : cet humour malicieux va infuser en permanence dans les aventures mouvementées de ces personnages vite confrontés à une figure aussi mystérieuse qu’effrayante : le Roi des rats. Oscarisé pour Shrek, Terry Ross signe un scénario sans temps mort, jouant aussi bien avec le célèbre Le Joueur de flûte d’Hamelin des frères Grimm qu’avec la figure de la narratrice et les figures imposées inhérentes à tout conte. Ajoutez le character designer de Ratatouille à la confection des personnages et une animation colorée épousant à merveille le rythme du récit et vous obtenez une pépite espiègle à savourer en famille.

Thierry Cheze

MAÎTRES ★★★☆☆

De Swen de Pauw

Maîtres Mengus et Boukara et les petites mains de leur cabinet d’avocat se battent pour le droit des étrangers, sur le front judiciaire et médiatique et leur livrent des armes pour affronter la machine juridique. Car eux ne sont pas maîtres de leur destin. Maîtres raconte avec justesse cette longue procédure acharnée de ces « citoyens de seconde zone » pour qui, grâce à la franchise, à la pédagogie et à l’empathie de ces avocates charismatiques, l’espoir paraît plus proche.

Lou Hupel

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LE PIRE VOISIN AU MONDE ★★☆☆☆

De Marc Forster

« Vieux, râleur et suicidaire : la vie selon Ove », le titre du roman de Fredrik Bakman à la base du film suédois Mr Ove - dont ce Pire voisin du monde est un remake - dit tout de son personnage central. Otto, un veuf qui ne se remet pas de la mort de sa femme et n’a depuis comme seule occupation que faire en sorte de faire régner un certain ordre dans le quartier où il vit, en attendant la mort. L’emmerdeur taille XXL qui a tout pour se faire détester mais que – spoiler vite éventé – l’on va passer à deux heures à apprendre à aimer quand son quotidien choisi de solitaire et ses différentes tentatives de suicide vont être sans cesse interrompus par ses nouveaux voisins, à l’énergie débordante et contagieuse. Retrouver le goût de la vie en aidant son prochain constitue le fil rouge de ce feel good movie dépressif, péchant par son manque cruel de surprises et la platitude de la réalisation de Marc Forster mais qui parvient cependant à éviter toute facilité mièvre. Grâce au scénario de David Magee (Neverland du même Forster) qui encapsule dans ce quartier de Pittsburgh une bonne partie de ce qui constitue le cœur de la division de l’Amérique post- Trump. Mais aussi et surtout grâce à Tom Hanks, capable lui, dans son interprétation, de distiller sans en avoir l’air ces nuances que le récit a tendance à gommer.

Thierry Cheze

LA MONTAGNE ★★☆☆☆

De Thomas Salvador

Retrouvailles sur le glacier du Mont Blanc avec un réalisateur-performeur étrangement porté disparu depuis le joli et apprécié Vincent n’a pas d’écailles (2014), réappropriation artisanale du super-héros sur un mode burlesque mélancolique et keatonien. La Montagne part très simple et très beau : un Parisien sans passion, de passage à Grenoble, jette un œil par la fenêtre et s’abandonne en une seconde à une vie d’alpiniste. Ça s’impose à lui comme une révélation mystique, et à nous comme une évidence qui se passerait presque de récit articulé : on signerait pour un traitement spartiate, matos, rando, camping, peu de dialogues, 1h15. Salvador voit plus gros, ajoute un élément fantastique, une rencontre amoureuse convenue (déjà le cas dans Vincent…), et n’assume pas l’épure. Un peu dommage.

Théo Ribeton

AMORE MIO ★★☆☆☆

De Guillaume Gouix

Après trois courts, Guillaume Gouix passe au format long et a choisi de se concentrer sur la réalisation pour laisser toute la place à un duo d’actrices Alysson Paradis et Elodie Bouchez qui incarnent Lola et Margaux. Deux sœurs aux antipodes l’une de l’autre, réunies le temps d’un voyage pas comme les autres. Lola, la bohême, percutée par la mort brutale de l’homme qu’elle aimait et qui, refusant d’assister à son enterrement, décide de prendre la route avec son fils et Margaux, à la vie, elle, parfaitement calibrée car noyée dans le boulot. Comme pour faire le deuil d’un amour en renouant des liens de sororité distendus. Et si le récit pêche par un trop- plein de situations convenues qui l’empêchent de décoller, le regard enflammé que Gouix pose sur ce duo de feu et la puissance de l’interprétation sachant pousser loin les curseurs sans basculer dans l’hystérie valent le déplacement.

Thierry Cheze

DES GARCONS DE PROVINCE/ SEULS LES PIRATES ★★☆☆☆

De Gaël Lépingle

On doit à Gaël Lépingle, l’exhumation d’un cinéaste à la confidentialité presque insultante, Guy Gilles auteur notamment du magnifique Le Claire de Terre (1970), qu’il a contribué à replacer sur le devant de la scène cinéphile. Lépingle est aussi cinéaste. Témoin ces deux longs qui sortent conjointement. Seuls les pirates, repéré au FID de Marseille en 2018, est un docu-fiction sur la gentrification d’un quartier, sorte de L’arbre, le maire et la médiathèque, en moins enlevé mais à l’esprit tout aussi vif. Des garçons de province, lui, est une romance au sein d’une troupe de cabaret queer où le cinéaste parvient à tirer partie de l’énergie de cette bande portée par la chaleur d’un été qui ne voudrait jamais finir.

Thomas Baurez

DOUNIA ET LA PRINCESSE D’ALEP ★★☆☆☆

De Marya Zarif  et André Kadi

A l’origine, ce film d’animation aux jolis traits était consacré à l’exil d’une famille syrienne vue par une petite fille était une série télé : ceci explique peut-être pourquoi le film ne marche pas complètement… Trop idéalisé (l’enfance pleine de pistaches ou de confiture de roses), trop miraculeux (le drame migratoire sauvé par les dieux syriens)… trop innocent pour le sale monde dans lequel on vit, sans doute.

Sylvestre Picard

LE PIEGE DE HUDA ★★☆☆☆

De Hany Abu- Assad

Une jeune Palestinienne, toute jeune maman, s’offre un moment de détente dans un salon de coiffure sans se douter un instant que sa propriétaire va la piéger et la faire chanter pour qu’elle collabore avec les services secrets israéliens et trahisse son peuple. Le nouveau Hany Abu- Assad (Paradise now) part fort mais peine à tenir la distance sur 90 minutes où la tension naturelle des premiers instants s’abime dans des situations trop convenues pour atteindre le niveau de suspense ambitionné.

Thierry Cheze

TEL- AVIV BEYROUTH ★★☆☆☆

De Michale Boganim

Tel Aviv - Beyrouth. Deux mots, deux villes. Et deux familles. L’une est libanaise, l’autre israélienne. Sur une période de vingt ans, de 1984 à 2006, la réalisatrice israélienne Michale Boganim suit les (més)aventures de ces deux petites tribus, déchirées par les guerres à répétition entre Israël et le Liban. Un récit ample, ultra ambitieux, mais qui sonne souvent creux. Les années passent, les scènes se succèdent en un claquement de doigts, les catastrophes aussi. Jamais l’effet dramatique ne se produit. Chaque évènement (la mort initiale de la mère en premier lieu) est survolé. Appuyé tantôt par des flashbacks démonstratifs, tantôt par des émotions rudes et ronflantes. Le film se délite peu à peu, s’empêtre dans des histoires secondaires. Et finit par se perdre dans son propos et ses sentiments. Confus.

Estelle Aubin

 

Et aussi

BTS : Yet to come in cinemas, de Yoo Dong- ho

Droit dans les yeux, de Marie- France Le Jalu

Moi : Quand je me réincarne en Slime- Le film : Scarlet Bond, de Yasuhito Kikuchi

Piro Piro, programme de courts métrages

 

Les reprises

L’Aventure de Mme Muir, de Joseph L. Mankiewicz