La guerre selon Charlie Wilson
Paramount

En 2007, Mike Nichols s'associait à Aaron Sorkins, Tom Hanks et Julia Roberts pour son ultime film. A revoir ce dimanche sur Arte.

Qui a dit qu'ils ne pouvaient pas faire tomber l'Empire soviétique ? L'histoire incroyable mais vraie d'un sénateur qui aimait prendre du bon temps, d'une mondaine de Houston qui se consacrait aux bonnes causes et d'un agent de la CIA qui aimait l'action. Le trio a conspiré pour monter la plus grosse opération secrète de tous les temps !

Ce dimanche, Arte consacre sa soirée à Julia Roberts, mais pas tout à fait avec ses films les plus connus. A 21h, la chaîne proposera La Guerre selon Charlie Wilson, de Mike Nichols (Le Lauréat, Closer entre adultes consentants), puis non pas Pretty Woman, mais un documentaire sur la fabrication de ce "conte de fées hollywoodien".

A sa sortie en France en tout début d'année 2008, Première avait apprécié ce film écrit par Aaron Sorkin (The Social Network) et porté par un super casting : en plus de la comédienne qui recevra à la fin du mois le César d'honneur, il y a Tom Hanks, Amy Adams, Philip Seymour Hoffman, Emily Blunt... Voici notre critique.

La guerre selon Charlie Wilson
Paramount

Toute la philosophie de La Guerre selon Charlie Wilson est contenue dans un proverbe oriental cité par l’un des personnages. Il dit, en substance, que ce qui passe pour
une bonne nouvelle un jour révèle un mauvais côté le lendemain.

Le film raconte la croisade d’un sénateur texan qui cherche à armer la résistance afghane dans les années 80. Dans ce but, il s’assure les collaborations les plus improbables: une milliardaire catholique et lubrique (Julia Roberts), un espion très mal embouché (Philip Seymour Hoffman, définitivement le meilleur acteur de composition contemporain), sans oublier l’ironique association d’un diplomate égyptien et d’un trafiquant d’armes israélien. La bonne nouvelle, c’est que Wilson arrive à lever l’argent nécessaire, contribuant à défaire l’armée soviétique. La mauvaise nouvelle n’est pas énoncée explicitement, mais le spectateur la déduit sans peine: vingt ans après, grâce aux armes financées par Charlie Wilson, les intégristes musulmans contrôlent la région entière.

S’appuyant sur un script extrêmement divertissant du scénariste Aaron Sorkin, le vétéran Mike Nichols décrit, sur le mode satirique, avec lucidité et sans exagération, une quantité de personnages réels. Bien plus qu’à la causticité de ses premiers films (Catch-22, 70), le cinéaste se rattache à la tradition des meilleures comédies américaines des années 50, dont les dialogues aux petits oignons laissaient la part belle aux interprètes.

De fait, Tom Hanks a rarement été aussi sympathique, dans le rôle de ce politicien pittoresque qu’une vie privée hédoniste n’empêche pas de faire de la politique avec sagesse et générosité. À une époque où les producteurs formatent le cinéma en fonction de l’idée réductrice qu’ils se font du public, ce film fait figure d’anomalie en pariant sur l’intelligence du spectateur. C’est une bonne nouvelle... 


Mike Nichols est-il plus grand que le Lauréat ?