"L'inhumain est perpétré sous nos yeux. Je suis ici pour le dire", clame l'actrice oscarisée.
Pour le lancement de la 75ème édition du Festival de Berlin, l’invitée d'honneur, Tilda Swinton a reçu un Ours d’or récompensant sa carrière. Dans un discours engagé faisant écho à l’actualité brûlante, elle a dénoncé la montée de l’extrême-droite et les violations des droits de l'Homme.
L’actrice britannique de 64 ans a récemment fait son retour en salles dans le dernier film de Pedro Almodóvar, La chambre d’à côté avec Julianne Moore. Connue pour son rôle dans Michael Clayton de Tony Gilroy dont la performance lui a valu l’Oscar de la meilleure actrice, Tilda Swinton est aussi passée par les blockbusters avec des seconds rôles dans Doctor Strange ou Avengers mais c’est le cinéma indépendant qui l’a toujours fait vibrer. Elle a fait équipe avec Luca Guadagnino (I Am Love, Susperia) Joanna Hogg (The Souvenir, The Souvenir: Part 2) et Bong Joon-ho (Snowpiercer, Okja).
La prise de parole de Tilda Swinton intervient dans un contexte marqué par l’attentat de Munich, survenu quelques heures plus tôt, et la campagne électorale pour les législatives. Elle a aussi dénoncé la dégradation de l'environnement et la montée de l'autoritarisme dans le monde.
“La domination légitime et l’étonnante sauvagerie de la méchanceté, les meurtres de masse perpétrés par l’État et autorisés au niveau international sont inacceptables pour la société humaine. Ce sont des faits. Ils doivent être affrontés. Alors, pour plus de clarté, nommons-les. L’inhumain est perpétré sous nos yeux. Je suis ici pour le nommer sans hésitation ni doute dans mon esprit, et pour apporter ma solidarité indéfectible à tous ceux qui reconnaissent la complaisance inacceptable de nos gouvernements avides de cupidité qui font la paix avec les destructeurs de planète et les criminels de guerre, d’où qu’ils viennent.”
La comédienne britannique profite aussi de l’occasion pour proclamer un discours passionné en faveur du "grand État indépendant du cinéma", ce qu'elle a appelé "un royaume illimité, intrinsèquement inclusif, à l'abri des efforts d'occupation, de colonisation, de prise de contrôle, de propriété ou de développement de propriétés sur la Riviera". Une référence à la récente prise de parole du président américain Donald Trump à propos de la transformation de Gaza en destination touristique.
![Tilda Swinton et Julianne Moore dans La Chambre d'à côté](/sites/default/files/styles/scale_crop_border_white_1280x720/public/2024-11/012_STILLS%20HD.jpg)
Le Festival de Berlin a une signification particulière pour l’actrice, habituée de la Berlinale depuis depuis 1986 avec Caravage de Derek Jarman, qui a remporté l’Ours d’argent. Plus de 26 de ses films y ont été projetés, dont The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, qui a fait l'ouverture du festival en 2014, et Ave, César ! des frères Coen en 2016. En 2009, elle présidait le jury de la compétition de Berlin. "C’est l’une des meilleures choses qui puisse arriver à des jeunes curieux du monde et de la façon d’y vivre", a-t-elle déclaré au public du festival.
“Quand je suis arrivée pour la première fois à ce festival, j’avais 25 ans et je cherchais ma vie, le monde et les signes de vie humaine qui s’y trouvent, comment je pourrais y prendre ma place, à la recherche d’émerveillement, de solidarité et de connexion, et je peux dire que j’ai tout trouvé ici d’un seul coup.”
La Berlinale, connue pour son progressisme, a débuté avec le film The Light de Tom Tykwer. Un drame contemporain qui suit l’histoire d’une immigrée syrienne, Farrah, engagée comme gouvernante dans une famille berlinoise.
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