La plateforme consacre un cycle au réalisateur de Mommy.
A l’occasion de la mise en ligne d’une partie de sa filmo sur MUBI (que vous pouvez découvrir gratuitement pendant 30 jours avec Première), Xavier Dolan répond à nos questions, repasse ses films en mémoire et fait le point sur sa carrière.
Des Amours imaginaires à Jusqu’à la fin du monde, cinq de vos films viennent d’être mis en ligne. QU’est-ce qu’ils représentent et quand vous regardez la page d’accueil, que voyez-vous ?
Le début de ma vie et ma vingtaine, tout simplement.
Y-en a-t-il un qui sort du lot ? Un film dont vous seriez le plus fier ?
Je suis fier de ces films pour des raisons différentes. Parfois pour avoir osé, pour avoir pris des risques, parfois pour le contraire exactement : avoir tenté la retenue, la restriction, la modération. Mais je dirais que Juste la fin du monde est celui dont je suis le plus fier sur le plan entier du film, dans tous ces aspects. Il n'est pas parfait et si c'était à refaire je changerais une ou deux choses, bien sûr. J'enlèverais ici et là quelques musiques, et quelques cris de trop. Mais j'en suis fier et j'ai tout tenté lors de ce tournage pour me dépasser, et faire un film complet et cohésif, où toutes les parties et les partitions s'emboîtent les unes dans les autres et se tendent la main le plus élégamment possible. C'était ça, le but.
Quel film fut le plus éprouvant à tourner ?
Aucun de ces cinq films, dont les expériences de tournage, pour des raisons différentes, demeurent de merveilleux souvenirs. Nous avions beaucoup moins de temps et d'argent sur Les Amours imaginaires par exemple, mais nous étions créatifs et casse-gueule, donc ça compensait d'une certaine manière.
Vous disiez que vous pourriez changer « une ou deux choses » sur Juste la fin du monde. Est-ce que vous pensiez à une scène en particulier ? Un moment que vous aimeriez refaire aujourd’hui…
La scène du picnic en famille dans Juste la fin du monde, un flashback dont la lumière et le découpage me déplaisent particulièrement. En fait, je pense qu'elle n'était tout simplement pas nécessaire avec le recul. Sinon une scène où Suzanne Clément brasse une soupe à la tomate dans Laurence Anyways, où encore quand elle et Laurence mangent au restaurant en tête à tête et qu'elle lui offre une perruque. L'éclairage sur l'objet laisse penser qu'il s'agit d'un cadavre de putois.
Est-ce qu’il y a un bon ordre pour plonger dans la filmo de Xavier Dolan ?
Aucune idée ! Peut-être chronologiquement ? Il faut demander aux autres.
Quand vous voyez ces films disponibles quelle est votre réaction ? Quel regard portez-vous sur cette partie de votre œuvre ?
Il y a les histoires de ces films et celles entre ces films, aussi. Tout un parcours d'épreuves et réussites inédites d'un film à l'autre. Parfois ils se parlent entre eux et partagent des similitudes ou des changements de cap et d'opinion. Je pense qu'ils sont faits en temps réel par un garçon qui devient un homme puis un homme qui veut redevenir un enfant… En tout cas quelqu'un qui grandit et tente de grandir, j'espère.
Jusqu’en 2019, vous aviez un rythme très rapide de réalisation. Depuis, entre votre passage à la série et votre interprétation dans Les Illusions perdues, on a l’impression que vous faites une pause dans votre carrière de réalisateur cinéma ?
C'est juste. Je n'ai plus envie de réaliser un film par année, année et demie. Je n'en ai plus l'énergie ni l'inspiration de toute manière pour le moment. J'ai plusieurs idées de films mais aucune ne s'impose à moi urgemment. J'ai envie de jouer pour les autres, de jouer avec des acteurs que j'aime dans les projets de réalisateurs, réalisatrices que j'admire. Et j'ai surtout envie de prendre le temps de réfléchir, examiner, me déposer avant chaque projet. Planifier, préparer, penser, au lieu de me jeter dans l'abîme.
Est-ce que vous n’auriez pas fait le tour du cinéma par hasard ? Vous vous êtes lancé dans une série…
J'ai toujours été par la télévision, surtout depuis son âge d'or, ou renaissance, début 2000. La mini-série, surtout. J'ai vu une pièce de théâtre à l'été 2019 et j'ai souhaité l'adapter. Le format idéal me semblait être épisodique davantage qu'unique. Ensuite la pandémie est arrivée et, plutôt que me débattre à tenter de financer un film après l'échec commercial de deux films précédents, et alors que l'avenir de la salle semblait menacé plus que jamais, la télé s'est imposée comme une évidence. Je n'ai pas fait le tour du cinéma. Il y aura toujours des histoires à raconter et je ferai encore des films bien sûr. Je ne sais juste pas quand, ni à quel sujet, pour l'instant.
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