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Ce n’est jamais facile de filmer l’ennui, de montrer le vide de vies sans objet, de donner à ressentir ce sentiment de déréliction générale que capte ici, avec beaucoup de finesse, Duane Hopkins. Peut-être est-ce parce qu’il est également photographe – donc habitué à ce que ses clichés livrent leur sens par la seule grâce de ses cadrages – que ce jeune cinéaste, qui signe son premier long métrage, y parvient aussi bien. Exercice de style assez radical, Better Things ne s’embarrasse donc pas de psychologie ni des données sociales si chères aux grands maîtres du cinéma britannique (Ken Loach ou Mike Leigh) pour parler de la solitude, de l’absence d’espoir et des tentatives pour fuir le réel qui caractérisent ses personnages. Ados confrontés à la drogue ou vieil homme côtoyant la mort, tous se ressemblent, et leurs absences d’illusions
se répondent dans ce récit d’autant plus désespéré qu’il s’inscrit non dans un paysage urbain sinistré mais dans la luxuriante campagne anglaise.