Toutes les critiques de Butterfly Vision

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Un film ukrainien traitant de la guerre du Donbass et ses dommages collatéraux… Butterfly vision n’est évidemment pas aperçu lors de sa présentation lors du festival de Cannes ouvert par un message du Président Zelensky. Et le fait qu’il ne figure pas au palmarès de la section Un Certain Regard laisse circonspect tant Maksym Nakonechny et sa co- scénariste Iryna Tsilyk (réalisatrice du remarquable docu The earth is blue as an orange) signent une œuvre aussi remarquable sur le fond que sur la forme. On y suit une militaire ukrainienne (Rita Burkovska, exceptionnelle), spécialiste en reconnaissance aérienne, de retour, enceinte, auprès des siens après plusieurs mois passés en prison dans le Donbass où elle a été violée par des soldats russes. Butterfly vision raconte la difficile reconstruction de cette femme résiliente qui refuse le statut de victime alors que chacun autour d’elle, à commencer par son compagnon furieux qu’elle veuille garder son enfant, semble mieux savoir qu’elle ce qu’elle à faire et lui fait la leçon. Ce portrait de femme, traversé régulièrement par les visions cauchemardesques de la tragédie qu’elle a vécue – représentées comme par des bugs d’images, contrastant à dessein avec l’ambiance naturaliste du récit – séduit par sa complexité, par la volonté de ne jamais chercher à justifier ses comportements ou ses décisions parfois déstabilisantes, comme ce choix assumé du refus d’avorter. On passe ces 107 minutes comme en apnée dans un climat de tension étouffante sans verser dans la violence gratuite. Un geste puissant.