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Si vous ne vous intéressez pas plus que ça au folk, si la sociologie du Greenwich Village du début des années 60 est un mystère pour vous, si vous n’avez jamais entendu parler de Peter, Paul and Mary ni même lu le premier volume des Chroniques de Bob Dylan, rassurez-vous : Inside Llewyn Davis est quand même fait pour vous. Comme à leur habitude, les frères Coen s’emparent ici d’un morceau de patrimoine américain ultra référencé, une tranche d’histoire et de géographie a priori réservée à une poignée de nerds érudits, pour en tirer une fable à vocation universelle. Le personnage-titre a beau être inspiré du méconnu Dave Van Ronk (pilier légendaire de la bohême new-yorkaise sixties), vous reconnaîtrez immédiatement en lui un cousin de Barton Fink et du « Serious Man », du Big Lebowski et de « l’homme qui n’était pas là ». Soit un chic type comme vous et moi, sur qui s’acharne un mauvais karma. Oscar Isaac (immense révélation) interprète avec un mélange idéal d’empathie et de sarcasme ce musicien trop puriste pour son bien, mec brillant mais orgueilleux qui ne va pas tarder à réaliser que la gloire après laquelle il s’obstine de courir ne frappera sans doute jamais à sa porte. Suprêmement mis en scène, incroyablement rythmé, dialogué et interprété, le film se regarde à la fois comme la chronique affûtée d’un changement d’époque (l’histoire s’achève au moment où se dresse l’ombre majestueuse de Dylan) et comme la meilleure enquête métaphysique menée par les Coen depuis No Country for Old Men. Dans 8 Mile, autre grand film musical sorti il y a pile dix ans, Curtis Hanson et Eminem cherchaient à décrire ce point de bascule dans la vie de certains musiciens, l’instant fugace où le futur leur tend les bras et où il s’agit de s’engouffrer dans la brèche. « One shot, one opportunity. » En choisissant de raconter l’inverse (« pas de bol, peu d’opportunités »), Joel et Ethan se sont trouvé un sujet en or : y a-t-il des artistes moins taillés que d’autres pour le succès ? Est-ce Dieu, le destin, ou la faute à pas de chance qui décide de ça ? Et comment se résoudre alors à faire une croix sur ses rêves de grandeur ? Inside Llewyn Davis échafaude des hypothèses au cours d’une odyssée immobile (le héros passe son temps à voyager – en métro, en voiture – mais n’avance jamais) à la construction narrative d’une intelligence folle et dont on ne sait jamais vraiment très bien si elle cherche à nous faire hurler de rire ou à nous tirer des larmes. Sans doute un peu des deux. Frédéric
Toutes les critiques de Inside Llewyn Davis
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Filmé avec une adresse évidente, qui rend sa matière chaude et pétillante à l’image de la musique qu’il présente, Inside Llewyn Davis est un film merveilleusement sympathique.
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Dans un pays obsédé par l’ambition, la réussite, l’argent et la célébrité, où l’esprit de compétition domine tous les domaines de la société – y compris l’entertainment, les frères Coen montrent un visage de l’échec. Llewyn Davis est un perdant magnifique mais aussi pathétique, dont chaque journée se ressemble, du réveil sur le canapé d’un ami au tabassage dans une ruelle à la nuit tombée. La musique adoucit les mœurs ? Bullshit.
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Cela finit par devenir agaçant. Pour la énième fois, les frères Coen ont réussi leur film. Si encore ils réussissaient toujours le même genre de long-métrage, mais non! En plus d'être brillants, ils se permettent de se renouveler! Inside Llewyn Davis n'a rien à voir avec True grit, No country for old men ou Burn after Reading (qui eux même n'ont rien à voir entre eux!). Dans la forme, cela se rapproche plus de A serious man. Dans l'esprit, cela se rapproche plus d'un scénario original. Donc inédit.
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A chaque fois que leur scénario (aux frères Coen) et leur mise en scène échafaudent l'une de ces séquences qui scandent les films dont les personnages sont des artistes, ils retournent la situation comme un gant. Toujours fascinés par l'échec, ils brodent au bord de ce gouffre sans fond une fantaisie à la fois mineure et proche de la perfection.
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Inside Llewyn Davis est un biopic qui n'en est pas un, une comédie qui n'en est pas une, un road movie qui n'en est pas un et un film musical qui n'en est pas un… Et l'ensemble mène à une fin qui n'en est pas une. Parfaitement adaptée à une vie qui n'a pas vraiment été vécue. Une douce tragédie parlant de chances que l'on a laissées passer.
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Où situer Inside Llewyn Davis dans l’œuvre des frères Coen ? Sur le versant tendre, celui de A serious man. Tendre et évidemment cruel. Les dialogues sont somptueux, violents, claquent comme des coups de fouet. On rit on pleure. Les passages chantés sont très émouvants, comme des oasis de tranquillité, le moment où Llewyn peut enfin exprimer son désespoir à travers son art. On est avec lui, Llewyn Davis, dans cet océan d’incompréhension, de malentendus, d’égoïsme.
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La vie de bohême vue par les frères Coen ? Avec leur ton incisif et allusif, leur formidable sens du croquis – un plan d’un visage suffit à inventer un personnage –, leur méticulosité visuelle – ici, servie par la magnifique photo de Bruno Delbonnel, qui fait que l’on croit feuilleter un album de photos de l’époque –, leur humour vache : les déambulations de Llewyn Davis (patronyme rappelant celui de la famille ayant inspiré à John Barry les « enfants perdus » de Peter Pan) ressemblent à un défilé cocasse de contraintes répétitives.
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un film authentiquement émouvant et profondément dépressif.
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Les Coens nous proposent une version mélancolique sur l’histoire de la musique, parfois cruelle et le plus souvent hilarante. Cette fiction nous renseigne parfaitement sur ce qui s’est réellement passé, mieux que les faits eux mêmes.
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Un des films les plus doux et les plus émouvants des auteurs de No Country for Old Men, baigné dans un bande-son qu'on veut rapporter chez soi.
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Passons sur la maîtrise et la patine formelles, de peu d’égal. Si "Inside Llewyn Davis" est grand, c’est aussi que le côté narquois du cinéma des Coen – regard distancié, humour à froid –, sa puissance évocatrice – cette odyssée riquiqui d’une semaine dans la vie d’un loser semble raconter toute l’Amérique du début des sixties – et son ambition poétique – voire métaphysique – y trouvent un équilibre rare (en dehors de l’épisode John Goodman, un peu longuet). Sous ses airs prosaïques de (faux) biopic musical alternant rencontres pittoresques et chansons jouées en live (par un Oscar Isaac touché par la grâce), "Inside Llewyn Davis" ensorcelle tel un songe absurde qui, lorsqu’on croit en trouver la clé, nous échappe de plus belle.
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Les frères Coen brillent une fois de plus par leur art du scénario picaresque, leur galerie de personnages de conte, mais aussi leur goût pour ressusciter les années 60, leur ferme sens du cadre... Et last but not least, leur irrésistible humour juif ! Même si ce film semble plus désanchanté que d'autres.
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Avec ses dialogues irrésistibles et ses personnages improbables, il y a du Woody Allen dans cette comédie douce-amère, drôle et généreuse, grave et émouvante. Surtout, il y a Oscar Isaac : de tous les plans, le comédien est la vraie révélation du film. Le voir collectionner les galères donne le sourire, l’entendre chanter dans les volutes de fumée, des frissons de plaisir. Une star est née.
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«Inside Llewyn Davis » est un miraculeux voyage proustien, une odyssée aussi, dans l’univers du folk américain du début des années soixante.
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Mélancolique, touchant et réjouissant, ce chef-d’oeuvre a tout pour plaire.
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Un retour réussi, une fois de plus les frères Coen se placent comme les réalisateurs les plus fiables de leur génération. Ce film est drôle quand il doit être triste et sérieux quand il doit être frivole.
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Un plaisir intense, un des meilleurs films des frères Coen.
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Si l'on rit beaucoup devant "Inside Llewyn Davis", on est aussi dévasté par le chagrin. Cette splendeur partage avec un autre sommet des frères Coen ("A Serious Man") la même modestie : un personnage, des gags et des effets en apparence tout petits, tout simples. Une manière polie de traduire quelque chose de plus grand, de plus métaphysique, de plus vertigineux : un émerveillement et un désarroi universels et intemporels face aux mystères de la vie.
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Les frères Coen nous offrent un grand film sur les affres d'un artiste sans concessions et sans carrière. Et révèlent au grand public Oscar Isaac, l'un des meilleurs acteurs de sa génération.
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Nocturne, cafardeux, hilarant, musical, "Inside Llewyn Davis", le 16e film de Joel et Ethan Coen, ramène par son thème (...) à leur chef-d'oeuvre dépréssif des années 90, Barton Fink.
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Un film monde clos sur lui-même, comme une parenthèse, mi-comique (...) mi amer pour rendre hommage à tous ces anonymes que la légende folk a oubliés.
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Malgré la présence des frères Coen derrière la caméra, cette épopée un brin minable prend les atours d’une comédie moins burlesque que douce-amère. Un film lancinant, dont le souffle un peu court ne valait peut-être pas un Grand Prix à Cannes, mais dont la saveur, l’intelligence, et l’humour noir méritent à coup sûr le détour.
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Un film enjoué, évocateur et réaliste qui ne s’attardent pas sur les circonstances historiques de la période donnée contrairement à la plupart des biopics.
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Du rire, de la musique, un road trip, la lose, des personnages loufoques, l’introspection, il y a tout dans ce dernier opus des frères Coen. Une vraie bouffée de bonne humeur et de folk music. Gros coup de coeur. La Palme et le prix d’interprétation pour Oscar Isaac !
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Les Frères Coen s’intéressent une nouvelle fois à la figure de l’outsider dans Inside Llewyn Davis, sorte de biopic d’un chanteur folk avant son invention. Entre galères en tous genres, impliquant en fil rouge les mésaventures d’un chat roux qui croise le chemin du héros, et moment de grâce musicaux, les réalisateurs américains montrent une fois de plus qu’ils maîtrisent parfaitement l’art du scénario.
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Une Odyssée américaine. Construit en boucle à partir du passage à tabac de son antihéros, le film a la logique du cauchemar et la forme paradoxale d’un remake de L’Odyssée d’Homère. Avec la recherche du chat Ulysse et une improbable audition à Chicago comme moteurs d’une quête existentielle, pour un personnage qui doit affronter ses propres démons. On rit aux tribulations de cet artiste geignard. Mais, à travers gags et chansons qui revisitent le rêve américain, le film nous interroge sur notre capacité à trouver du sens à l’apparente absurdité de l’existence.
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Une signature des frères Coen : Enigmatique, enivrant et irrésistible.
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La photo, splendide et grisonnante, est au diapason de ce glissement d'humeur à l'amertume évidente. Le physique et la voix d'Oscar Isaac conviennent idéalement à ce rôle délicat de loser qui ne doit pas susciter trop tôt l'empathie, quitte à déstabiliser le spectateur. Un film troublant qui s'épanouit dans une nuit permanente, alternant passages musicaux et tableaux puissant, ombres de velours saisissant au vol le surplace désolant de cet artiste qui ne décolle pas.
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Même si on considère ce long métrage comme un projet mineur, ça n’enlève en rien le plaisir qu’on a à le regarder. On peut admettre que cette représentation de la scène folk des années 60 à Greenwich Village s’améliore au fur et à mesure du film.
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Inside Llewyn Davis ne manque pas d'humour et de mélancolie, délicieusement servie par Oscar Isaac, qui campe ce looser magnifique.
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Comme à leur habitude, les frères Coen signent un exercice de style très maîtrisé qui, à défaut de surprendre vraiment, confirme qu’ils sont en pleine possession de leurs moyens.
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Sous cette apparente simplicité, le film, qui ne s’étend pas sur plus d’une semaine, charrie une série de motifs qui tissent la trame d’une écriture fine, précise, et d’une cohérence redoutable (parfois même un peu trop "bouclée").
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Les méditations tardives des Coen sur le risque de non-notoriété ont toutes les chances d’être entachées d’un manque total d’expérience directe, si l’on veut bien se souvenir qu’ils avaient tout juste 30 ans quand leur carrière a décollé avec Arizona Junior. Bien à l’abri du besoin, confortablement installé dans leur statut de cinéastes indés de luxe, leur témoignage sur la lose intégrale ressemble à une habile contrefaçon.
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Narration parfaite, interprétation à l'unisson et mise en scène d'une grande élégance : ce nouveau film des frères Coen, empreint de mélancolie désabusée, jette un juste regard sur la musique des sixties.
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Une fiction marquante sur la scène folk des années 60 réalisée par les frères Coen.
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Le duo de réalisateur met en scène un protagoniste trompeur, qui présente beaucoup de défauts mais, à la finalité, l’étude de personnage est impressionnante et nuancée grâce à la performance incroyable de Oscar Isaac.
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Un film réfléchi et évocateur, tout comme la direction du duo de réalisateur, un résultat sobre et discret doté d’une touche de charme.
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Ce film est réalisé avec habileté, plutôt bien inspiré mais vraiment frustrant.
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QUOI DE PLUS RÉJOUISSANT que l’idée de voir un nouveau film des frères Coen quand l’hiver arrive ? Pourtant, le cru 2013, projeté en compétition officielle à Cannes, n’a pas l’ambition délirante et foisonnante de l’irrésistible «A Serious Man». Celui-ci est la chronique sympathique mais triste et très nostalgique d’une Amérique du début des années 60.
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Champions de la comédie dépressive, les frères Coen nous régalent d’un savant dosage d’humour et de mélancolie.