Première
par Stephanie Lamome
Au final, ce n’est qu’un film de Donzelli, pas du tout révérencieux, comme un chaînon manquant totalement punk entre Truffaut et Demy qui aurait vendu la peau d’âne avant de l’avoir tué. Moins qu’au tabou et aux questions d’(a)moralité dont elle se fout, Donzelli s’intéresse surtout à une histoire d’amour fou entre deux enfants du même sang qui finiront par baigner dans le même. Le point de vue est important : cette légende de Marguerite et Julien sera racontée comme une histoire à faire peur dans un pensionnat de jeunes filles plein de petits cris et de chuchotements. Il faut donc aimer les contes de fées avec des princesses à aller délivrer dans des donjons, des princes charmants blafards qui surgissent par les fenêtres, des ogres ventrus qui rôdent, des marâtres qui veillent au coin du feu etc. Avec ça, Donzelli se permet tout : on est au dix-septième siècle et il y a des hélicos, ce sont des enfants mais Jérémie Elkaïm a 36 ans, on n’entend que des prénoms prononcés dans des soupirs mais Blondie crache son son, Donzelli ne filme que des élans mais elle s’amuse à les figer tout le temps etc... C’est du romanesque et du romantisme hard core, sublimement beau, grotesque parfois, lyrique et pop tout à la fois. Après La reine des pommes, La guerre est déclarée et Main dans la main, Donzelli continue d’écrire son histoire avec Jérémie Elkaïm et ça aussi, c’est bouleversant. Sa façon de le filmer, éclairé à la bougie, comme la figure ultime du héros tragique à couper au couteau, dans tous les sens du mot, le transcende définitivement, à tel point que le fait de savoir s’il est bon acteur n’entre même plus en ligne de compte. Marguerite et Julien. Valérie et Jérémie forever. Midinettes, ne pas s’abstenir.
Première
par Daniel De Almeida
Marguerite de Ravalet et son frère Julien sont en fuite. Dans les orphelinats, les petites filles rivalisent d’imagination pour (se) raconter la légende de ces deux amants maudits. En adoptant la structure du conte terrifiant qui privilégie la fantaisie du mythe à la vérité factuelle (il s’agit d’une histoire vraie), Valérie Donzelli laisse libre cours à son cinéma de l’excès : maréchaussée en costume d’opérette, anachronismes permanents, adolescence irréaliste d’acteurs trentenaires... Certes, parfois emporté un peu hors piste par ses élans, Marguerite & Julien permet à la cinéaste de refermer un cycle dévolu à l’amour fou et impossible par un sommet de beauté formelle et de romantisme suicidaire.