Première
par François Grelet
Aimer un film de Lelouch, c’est avant tout souscrire à une certaine vision du monde, complètement exaltée dans sa manière d’envisager les rapports humains et la valse de sentiments exacerbés qui les accompagne, au rythme des envolées musicales de Francis Lai. À force de filmer la vie comme un miracle, le cinéaste, forcément, ne l’a pas vue passer. En cela, Salaud, on t’aime donne parfois l’impression de voyager dans le temps (casting conçu comme une émission de Champs-Élysées eighties, visions parfois désuètes, bande-son itou) mais, loin de ressembler à un sucrage de fraises en forme de radotage, ce quarantequatrième film épate au contraire par ses intuitions de cinéma, sa vigueur formelle, sa direction d’acteurs étonnante et sa dialectique sensible, énoncée notamment par le titre. Une fois ce genre de bases solides posées, reste, comme à chaque fois, la question majeure :êtes-vous ou non lelouchien ?