Crawl est un excellent exercice de style, complètement immersif, où Alexandre Aja se montre en pleine forme.
Une jeune femme partie à la recherche de son père dans une maison infestée d’alligators et inondée par un cyclone. A l’heure où les films d’horreur constituent l’une des mannes les plus riches pour les gros studios, au risque du lissage et du compromis, la simplicité et la modestie de Crawl sont des plus rafraîchissantes. Le film dure 1h28 et colle complètement aux dimensions de son pitch. Pas de sous-intrigue ou de story arc parasite. Pas de personnage secondaire encombrant, ou d’épilogue à rallonge. Juste deux êtres humains (Kaya Scodelario et Barry Pepper sont excellents), un chien, une baraque et des crocos. "Rien de trop", disait Solon. Et, de fait, Crawl ne fait rien de trop. Il vise parfaitement. Le niveau de l’eau qui monte dans la baraque et menace nos héros de noyade sert habilement de marqueur spatio-temporel, mais le film ne multiplie pas les astuces de scénario qu’on pourrait voir dans ce genre d’exercice de style. Pas plus que les effets gore, d’ailleurs : tout est bien dosé.
Crawl est un divertissement grand public qui ne se dévoie pas, c'est un film d’horreur qui n'abuse pas de références (la seule réellement explicite, en termes de lumière et d’ambiance, est le premier Alien de Ridley Scott). Alexandre Aja vise à faire un film de genre totalement dégraissé, où rien ne dépasse : Crawl tranche d’autant plus avec la vaste majorité des films d’horreur de studio, parfois jolis mais souvent interminables et grandiloquents à force de miser sur la suggestion et la lenteur, sans avoir les moyens de leur intelligence proclamée. Crawl est le film de genre qui arrive au meilleur moment : on ne le savait pas, mais on crevait d’envie de le voir.
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