La carrière politique de Ségolène Royal démarre par un parachutage mitterrandien dans les Deux-Sèvres en 1988. Là, elle propose aux paysans de prendre des cours d'anglais. Et ça marche. Une méthode est née : l'art de séduire le petit peuple avec des airs d'institutrice un peu froide mais intègre. Entre 1992 et 1993, elle est ministre de l'Environnement du gouvernement Bérégovoy. Elle fait voter une loi anti-bruit et une autre sur la reconquête des paysages ("sauvons nos paysages, savourons nos produits!"). En 1997, ministre déléguée à l'Enseignement scolaire, elle réinstaure l'éducation civique au collège et souhaite que les élèves apprennent à vivre ensemble. L'avant-présidentielle Gros coup symbolique en 2004 dans un contexte certes très favorable à la gauche (20 des 22 régions basculeront lors des Régionales), elle ravit la région Poitou-Charentes au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, à l'époque aussi populaire que la grippe aviaire. A 52 ans, la députée des Deux-Sèvres et présidente de la Région Poitou-Charentes a plus que jamais le vent en poupe. Si Ségolène plaît, c'est parce qu'elle parle des vrais problèmes de la vraie vie des vrais gens, comme les menus da la cantine scolaire ou le problème du bizutage dans les grandes écoles. (On exagère : son site participatif Désirs d'avenir invite les électeurs à parler aussi sécurité de l'emploi, surpopulation des prisons, le tout dans une ambiance visuelle aussi bandante qu'une pub Everstyl). Tout au long de la campagne des primaires à gauche, elle a moins cherché l'adoubement des cadres historiques que celui des militants de base : initiatives locales, promotion des territoires, démocratie participative, elle martèlera avec succès une politique du renouveau qui se pose d'abord en rupture avec la logique habituelle du PS. Incapables d'imposer la ligne historique face à cette rupture, ses deux adversaires, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius seront balayés dès le premier tour (20,80 % pour le premier, 18,59 pour le deuxième). Une candidate conservatrice ? Habituellement dans la ligne classique du PS en économie, Ségolène Royal a vivement contesté la loi Aubry sur la réduction du temps de travail qu'elle accuse d'avoir creusé le fossé des inégalités au travail. Pour flatter l'électorat conservateur, elle a également proposé un encadrement militaire pour les jeunes délinquants. A promouvoir les valeurs familiales et la discipline, Ségolène Royal trimballe aussi une réputation de réactionnaire. Qu'elle tente désormais de dépasser - interview très pro-homoparentalité dans le magazine gay Têtu - pour avoir une stature de candidate de gauche à gros potentiel. Ségolène battait même nicolas Sarkozy dans certains sondages de décembre 2006. La compagne de François Hollande tente de se donner une stature internationale et de placer ses pas dans ceux d'illustres homologues : après être allée soutenir (en espagnol de cuisine) la candidate Michelle Bachelet, élue présidente du Chili, Ségolène marcherait bien sur les traces d'Angela Merkel, élue chancelière en Allemagne. Mais son ascension marque le pas au début de l'année 2007, les Français - et en réalité peut-être surtout les médias - attendent un programme alors que la candidate tient à mener à son terme l'expérience participative. Le 11 février elle présente enfin son pacte présidentiel à Villepinte (93) et détaille 100 propositions au nom du parti socialiste qui font la part belle au social. Si la famille socialiste se félicite d'un programme ambitieux, le financement impossible de mesures jugées dispendieuses, comme la création de nouveaux corps de métiers, fait sourire la droite. Les partis plus à gauche critiquant à l'inverse un projet jugé timoré socialement et d'obédience libérale. Pourtant le 21 avril, à l'issue d'un premier tour où le réflexe vote utile a sévèrment sanctionné Dominique Voynet, Marie George Buffet et dans une moindre mesure l'extrême gauche (Olivier Besancenot réunissant tout de même 4,3% des voix), tous les candidats de la gauche non socialistes ont appelé à rallier la candidature de Ségolène Royal au nom d'un anti-sarkozysme sans concession. Arlette Laguiller ira jusqu'à soutenir nommément pour la première fois un candidat socialiste. Ségolène Royal totalise 25,8 % des voix lors de ce premier tour. L'avance confortable du candidat de l'UMP force la candidate a tenter un très large rassemblement "anti-Sarko" et à réussir le report des voix de François Bayrou ( 18,6 % au premier tour). Le 28 avril, un débat avec le candidat UDF est organisé pour évoquer divergences et convergences éventuelles des programmes. François Bayrou ne le rallie pas officiellement, la moitié de ses électeurs (et la quasi-totalité de ses parlementaires) suivent Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal réunit finalement 46,94 % des suffrages et gagne plus de deux millions de voix par rapport à Lionel Jospin en 1995. A la tête du PS ? Aux élections législatives qui suivent, l'opposition obtient plus de 220 sièges alors qu'on annonçait un effondrement. Ségolène Royal non candidate réussit à placer quelques-uns de ses poulains et à créer un début de réseau pérenne à l'intérieur du parti. Le premier acte d'une volonté de diriger le PS comme elle ne s'en cache pas dans la foulée des élections, indiquant dans le même temps sa séparation avec François Hollande, premier secrétaire en disgrâce. D'anciens lieutenants de la candidate prennent leur distance et briguent aussi la tête du PS, comme Julien Dray, qui estime faire parti d'une nouvelle génération. Pierre Moscovici, plutôt strauss-kahnien, ne cache pas non plus ses ambitions. Visant de plus en plus ouvertement le leadership du parti, Ségolène Royal précise ses intentions sur France 2 le 27 janvier « Si je sens (...) que la gauche pour se relever, pour avancer, pour progresser, pour être en phase avec son temps et pour faire lever une nouvelle génération a besoin d'un leader, si je sens que je peux être celle-là, eh bien oui, je prendrai mes responsabilités". Les sondages la mettent toujours en têtes des opposants crédibles à Sarkozy, loin devant Bertrand Delanoë que beaucoup considèrent pourtant comme l'homme fort du PS. Lors de la même émission, elle explique à propos de sa relation avec François Hollande : « C'est vrai qu'être trompée, et quand ça dure pendant une période comme celle-là, c'est extrêmement difficile (...) ce qui est horrible, c'est le manque de vérité, le mensonge » Royal, candidate à la direction du parti Le 6 novembre 2008, un vote des militants socialistes - qui s'est surtout singularisé par un taux de 45 % d'abstention - plébiscite la motion présentée par Ségolène Royal face aux trois autres motions présentées par Martine Aubry, Bertrand Delanoë ou Benoit Hamon. Ségolène Royal réunit 29 % des votes et brigue officiellement la direction du parti socialiste, après quelques jours d'hésitation durant lesquels certains commentateurs pariaient sur une candidature de Vincent Peillon ou de Julien Dray. Au Congrès de Reims qui a lieu du 14 au 16 novembre, aucune ligne politique claire ne se dégage. Les conflits entre les différentes personnalités ne semblent pas en mesure de s'apaiser. Martine Aubry, Ségolène Royal et Benoit Hamon s'affrontent devant les militants du PS. Au premier tour, Ségolène Royal arrive en tête, Benoit Hamon se retire au profit de Martine Aubry. A l'issue du second tour, Martine Aubry et Ségolène Royal finissent au coude à coude, l'avantage est à la maire de Lille mais moins de 42 voix les séparent. Le camp de Ségolène Royal, Manuel Valls en tête, estime que des irrégularités ont été commises. Très vite, la tension monte et François Hollande doit mandater une commission interne pour vérifier la régularité du scrutin dans l'ensemble des fédérations. Mais au-delà d'une guerre entre personnes, c'est un profond échec pour le PS, qui ne dégage aucune ligne politique claire. Difficultés d'image Ségolène Royal se retrouve de plus en plus seule. Sa politique de victimisation et d'indépendance par rapport à la ligne du parti commencent à lasser l'opinion. Globalement, elle n'est plus considérée comme l'opposante la plus importante à Nicolas Sarkozy, les français considérant Dominique de Villepin voire même Marine Le Pen comme meilleurs dans le rôle. En ajoutant à cela les railleries autour du nouveau site de Désirs d'Avenir, Ségo se retrouve de plus en plus isolée, y compris au sein du PS. 2010 : la bataille des régionales Nationalement parlant, 2009 n'aura pas été la meilleure année du monde pour Ségolène Royal. Au niveau local, elle peut toujours compter sur un réel soutien populaire pour les régionales de 2010 en Poitou-Charentes, où son bilan est considéré comme excellent. Et elle peut compter sur un ralliement des élus locaux du MoDem, ce qui laisse la droite bien seule pour l'affronter. Ségolène Royal reste médiatiquement puissante, régionalement compétente, et quasi assurée de se succéder à elle-même. 2012 ? Le 29 novembre 2010, Ségolène Royal annonce officiellement sa candidature aux primaires socialistes de 2011 en vue de la désignation du candidat PS à l'élection présidentielle de 2012. Parcours politique1988 - 1992 : députée des Deux-Sèvres (démissionne en 1992 pour entrer dans le gouvernement Bérégovoy)1992 : conseillère régionale de Poitou-Charentes (démissionne pour entrer dans le gouvernement Bérégovoy)1992 - 1993 : ministre de l'Environnement du Gouvernement Bérégovoy1993 - 1997 : députée des Deux-Sèvres1997 - 1997 : députée des Deux-Sèvres (démissionne pour entrer dans le gouvernement Jospin)1997 - 2000 : ministre déléguée à l'Enseignement scolaire du Gouvernement Jospin auprès du ministre de l'Éducation Nationale Claude Allègre 2000 - 2001 : ministre déléguée à la Famille et à l'Enfance du Gouvernement Jospin auprès de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité, brièvement Martine Aubry puis Elisabeth Guigou 2001 - 2002 : ministre déléguée à la Famille, à l'Enfance et aux Personnes handicapées du Gouvernement Jospin auprès de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité Elisabeth Guigou Depuis 2002 : députée de la 2e circonscription des Deux-Sèvres Depuis 2004 : présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes