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C’est beau. Très beau. Dès les premières images (une caméra virevolte autour d’un homme allongé dans une chambre), on reconnaît l’incroyable maîtrise plastique de Bi Gan et sa virtuosité filmique. Mais au bout de quelques minutes, on frise l’overdose. D’autant que l’histoire est réduite à pas grand-chose : un homme, sans doute un tueur, revient dans sa ville natale et cherche une femme qu’il a aimée il y a longtemps... Sur cette intrigue fumeuse et incompréhensible (mélangeant les lieux et les époques pour mieux nous perdre), le cinéaste chinois construit un délire psycho-poétique qui rappelle les errances de Lynch ou les folies de Wong Kar-Wai. Mais son désir d’étrangeté se heurte à un tel manque d’incarnation (et de vie), qu’on a l’impression de se retrouver face à un film dans une installation contemporaine. Le très long plan-séquence final, aussi époustouflant soit-il, finit d’assommer le spectateur.