Le film de Bertrand Tavernier avec Philippe Noiret et Isabelle Huppert reviendra ce dimanche sur C8.
Un projet longtemps rêvé par Alain Corneau
Coup de torchon est l’adaptation très libre d’un roman de Jim Thompson, 1275 âmes, publié en 1964. Un roman noir situé dans les années 1910 au cœur du Texas dans les pas d’un shérif débonnaire, régulièrement humilié par les habitants de sa ville, qui va se mettre à tuer méthodiquement un par un ceux qui l’ennuient. Et parallèlement à Bertrand Tavernier, Alain Corneau eut aussi l’envie dans les années 70 de le porter à l’écran pour en faire son premier long métrage de cinéaste. Au point de partir lui- même aux Etats-Unis à la recherche de l’écrivain et de le sortir momentanément de son addiction à l’alcool pour écrire le scénario à quatre mains. Ce 1275 âmes ne vit jamais le jour mais en 1979, deux ans après la mort de Thompson, Corneau s’emparera de son Des clics et des cloaques pour signer avec Série noire, un des sommets de sa carrière.
Un récit transposé des Etats- Unis en Afrique
Si Coup de torchon est sorti en salles en 1981, cela faisait 10 ans que Bertrand Tavernier, immense amateur de polar, avait en tête l’idée de porter à l’écran l’œuvre de Jim Thompson. Mais à sa sauce. La lecture du Voyage au bout de la nuit de Céline lui a ainsi donné l’envie de transposer le récit sur un autre continent, l’Afrique, et à une autre période, la veille de la seconde guerre mondiale. Et il va, lui, raconter le basculement dans la folie ordinaire de Lucien Cordier, unique policier d’une petite bourgade, ouvertement trompé par sa femme et risée de tous. Il met dix mois à convaincre la veuve de Jim Thompson de lui céder les droits d’adaptation. Et il décide d’écrire Coup de torchon avec Jean Aurenche, le scénariste de Jeux interdits ou de La Traversée de Paris, dont l’aura avait pâli après qu’il a été pris pour cible par la Nouvelle Vague et qu’il avait remis dans la lumière en lui confiant la co- écriture de Que la fête commence et Le Juge et l’assassin, avec 2 César à la clé. Aurenche qui a beaucoup voyagé dans les colonies françaises l’a donc aidé à développer cette fable bouffonne, portrait d’une France réactionnaire à bout de souffle qui, avant de devenir culte, a été accueilli fraîchement par une partie de la critique - désarçonnée par le ton flirtant allègrement avec le surréalisme - et par les César dont il repartit bredouille, en dépit de 12 nominations ! Bertrand Tavernier a souvent expliqué par la suite qu’il considérait Coup de torchon comme son film le plus autobiographique.
Bertrand Tavernier- Eddy Mitchell deuxième
Coup de torchon réunit un casting de premier plan : Philippe Noiret, Isabelle Huppert, Stéphane Audran, Jean- Pierre Marielle et… Eddy Mitchell. Si ce dernier était ici dirigé pour la première fois par Bertrand Tavernier, il s’agissait en fait de leur deuxième collaboration. Un an auparavant, Eddy Mitchell avait en effet interprété et co- signé trois chansons de la bande originale d’Une semaine de vacances, la toute première de son compositeur attitré Pierre Papadiamandis. « Une prise et une seule a suffi pour chaque chanson » aimait raconter Tavernier, encore épaté des années plus tard. Et c’est cette rencontre qui l’a poussé à lui proposer de jouer dans Coup de torchon.
Bertrand Tavernier: " J’ai l’impression de faire à chaque fois un premier film "
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