Affiches Films à l'affiche mercredi 10 janvier 2024
Paramount/ Les Films du Losange/ Ad Vitam

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
MEAN GIRLS LOLITA MALGRE MOI ★★☆☆☆

De Samantha Jayne et Arturo Perez Jr.

L’essentiel

Cette adaptation de la comédie musicale, elle- même inspirée du film original de 2004 tient une grande partie de ses promesses, bien que peinant à tenir le rythme échevelé de son entame

Les afocianados de Lolita malgré moi ne seront pas perdus. Mean girls, Lolita malgré- moi en reprend exactement les codes. On y suit Cady qui revenue d’Afrique s’apprête à entamer une scolarité “normale” dans un lycée américain, à l’intérieur duquel les deux co- réalisateurs vont prendre un plaisir contagieux à ressusciter la bêtise des Plastiques. Avec à la tête du clan, une Regina George (incarnée par Reneé Rapp) qui balaye la version de Rachel McAdams en 2004. Place ici à sa version badass. Ni la Lolita innocente de Nabokov, ni celle manipulatrice de Kubrick mais une lionne qui rugit au rythme de ses désirs. Au- delà de la métamorphose de Regina, le Lolita malgré moi 2024 revendique un cahier des charges en adéquation avec son époque, en prenant notamment à bras le corps les causes LGBTQIA+. Et s’il ne parvient pas à tenir sur la longueur le rythme trépidant de son entame, il reste une agréable mise à jour du phénomène Lolita malgré moi qui donne très envie de revoir le film de 2004.

Manon Bellahcene

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

UN SILENCE ★★★★☆

De Joachim Lafosse

Au sein d’une grande maison bourgeoise, Astrid (Emmanuelle Devos) maintient un équilibre fragile entre un fils turbulant et un mari (Daniel Auteuil) avocat au bord du gouffre. Ce dernier, officiant dans une affaire de kidnapping, se voit être la cible d’un conflit médiatique. C’est à peu près tout ce qui nous est dit. Pourtant, on comprend bien vite qu’un secret pèse lourdement sur la famille prête à imploser. L’histoire inspirée d’un fait divers donne l’occasion aux acteurs de prouver leur justesse. L’intrigue nous perd pour mieux nous troubler, dévoilant peu à peu un comportement ignoble traité avec froideur et sans jugement. Et Lafosse dépeint avec élégance les travers d’une femme rongée par la honte de son impuissance et qui peine à garder la tête hors de l’eau dans le tumulte.

Bastien Assié

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PREMIÈRE A AIME

LA VIE RÊVEE DE MISS FRAN ★★★☆☆

De Rachel Lambert

Fran (Daisy Ridley, excellente, en pleine réinvention indé post-Star Wars) est une employée de bureau menant une vie sans éclat, dans une petite ville sans histoire mais paralysée par ses phobies sociales, enfermée dans ses pensées morbides. Celles-ci prennent la forme de compositions immobiles, où Fran se voit gisante dans des décors hyperréalistes, teintés de surréalisme. Une intrigue, minimaliste, se met en branle quand débarque dans son entreprise un nouveau collègue qui va peu à peu aider Fran à sortir de sa coquille. Le film joue brillamment la carte des sensations en sourdine, comme une étoffe très fine, qui manque de se déchirer à tout moment, mais tissée de façon si subtile qu’on se perd facilement dans sa contemplation.

Frédéric Foubert

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MAKING OF ★★★☆☆

De Cédric Kahn

Un réalisateur expérimenté qui démarre le tournage d’un film retraçant le combat mené par des ouvriers pour sauver leur usine. Mais l’aventure vire rapidement au cauchemar pour cet artiste engagé, entre les mensonges de son producteur, la personnalité exubérante de son acteur principal ou la précarisation des techniciens qui va engendrer un conflit social. Désireux d’explorer de l’intérieur le milieu du cinéma, Cédric Kahn choisit l’angle de la comédie et la force de Making Of est de toucher du doigt, au sein des situations humoristiques, les rapports de pouvoir et les inégalités économiques qui fragilisent la création. Kahn réussit ainsi une œuvre foncièrement politique sur l’inadéquation parfois brutale entre les idéaux et les actes et offre un touchant autoportrait en même temps qu’un tableau cinglant des tensions de la France d’aujourd’hui.

Damien Leblanc

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SCRAPPER ★★★☆☆

De Charlotte Regan

Une gamine de 12 ans trompe l’ennui en piquant des vélos et en procrastinant dans un grand appartement où elle vit seule à l’insu des services sociaux depuis la mort prématurée de sa mère. Et quand son père aux airs d’ado débarque dans sa vie pour en reprendre le contrôle, elle se braque contre cet homme qui l’a abandonné juste après sa naissance. Scrapper réussit là où tant d’autres feel good movies ont échoué : en choisissant de ne pas juger ses personnages, Charlotte Regan finit par les rendre solaires, plus vrais que natures. La débutante Lola Campbell illumine ce film parfaitement mélancolique qui navigue avec agilité entre le larmoyant et la drôlerie, avec en point d’orgue une magnifique complicité partagée entre elle et Harris Dickinson (Sans filtre).

Yohan Haddad

SI SEULEMENT JE POUVAIS HIBERNER ★★★☆☆

De Zolijargal Purevdash

Centré sur le parcours d’un adolescent défavorisé qui vit en périphérie d’Oulan-Bator, capitale de la Mongolie, et ambitionne de gagner un prestigieux concours scientifique tout en luttant pour s’occuper de son frère et sa sœur délaissés par leur mère alcoolique, le premier long métrage de la cinéaste Zoljargal Purevdash dépasse de loin les attentes d’un simple film social. Le quartier des yourtes, où vivent la majorité des habitants d’Oulan-Bator, constitue ainsi un décor cinématographique sidérant qui frappe l’attention par son décalage vertigineux avec les immeubles huppés du centre-ville. Dans cet environnement pauvre et pollué où l’on brûle du charbon pour résister à un hiver qui atteint parfois les -35°, le jeune et brillant héros se débat pour un avenir meilleur et la précision de la mise en scène, qui nous connecte à l’énergie indéfectible de ce garçon bouleversant d’abnégation, serre le coeur.

Damien Leblanc

LA REPONSE DES BERGERS ★★★☆☆

De Jean Samouillan

Alors que les crises et catastrophes se multiplient, certains jeunes décident d’opérer un retour à l’essentiel. La Réponse des bergers raconte cette jeune génération se formant pour perpétuer la tradition pastorale en France. De l’élevage des chèvres à la fabrication du fromage, l’autonomie, le respect de l’animal et de la nature sont les piliers de leur philosophie. Suivant une communauté de bergers d’Ariège, Jean Samouillan livre un documentaire méditatif, aux plans parfois hypnotiques et profondément humaniste. On s’attache à ces individus dont les idéaux deviennent chaque jour réalité, à force de patience, de travail et de solidarité. Sans jamais se targuer d’être la solution à tout, le mode de vie présenté à néanmoins le mérite d’être une réelle tentative vers une existence alternative.

Elias Zabalia

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

BONNARD, PIERRE ET MARTHE ★★☆☆☆

De Martin Provost

Après Séraphine (sur la peintre Séraphine de Senlis) et Violette (sur l’écrivaine Violette Leduc), Martin Provost poursuit ses portraits d’artistes et des coulisses de la création. Et ce en s’appuyant une fois encore – après Yolande Moreau et Emmanuelle Devos – sur un casting de tout premier ordre, les épatants Vincent Macaigne et Cécile de France en tête, dans les rôles de Pierre Bonnard et de sa femme et muse Marthe. L’idée est de réhabiliter cette dernière, présente dans le tiers des œuvres de son époux mais généralement de dos, et réputée – à tort - pour son sale caractère. Provost y parvient en plongeant dans l’intimité du couple, des emballements des corps et des cœurs aux tromperies de Bonnard. Mais il y a quelque chose de trop scolaire, de trop cadré, de trop démonstratif dans sa mise en scène comme dans son écriture pour nous emporter. Et une fois encore, son film reste scotché au stade des intentions.

Thierry Cheze

PRENDRE SOIN DE LA TERRE ★★☆☆☆

De Guy Chapouillié

« La terre est amoureuse » : voilà les mots des agriculteurs du sud de la France pour décrire le sol lorsqu’il colle et que la terre est bien traitée. Dans son documentaire, Guy Chapouillié part à la rencontre des paysans défendant une agriculture bio, respectueuse et raisonnée. Qu’ils soient viticulteurs, éleveurs ou fermiers, ces hommes et ces femmes apprennent de la terre et réinvestissent ce savoir dans son intérêt. Malheureusement, le dispositif est assez froid, proche du reportage, et la succession d’interviews nous noie peu à peu dans un rythme répétitif. Même si chaque individu filmé apporte sa propre vision du monde agricole, le film souffre d’un manque de pédagogie concernant tout le jargon technique de ce milieu.

Elias Zabalia

 

Et aussi

La Dernière danse, de Sabry Jarod

Les reprises

Ivan Tsarevitch et la princesse changeante, de Michel Ocelot

Mère Jeanne des Anges, de Jerzy Kawalerowicz