Entre thriller politique à la Les Trois Jours du Condor et pur blockbuster Marvel, le réalisateur de Brave New World dévoile les coulisses d'un film qui réinvente Captain America pour une nouvelle ère. Julius Onah revient sur sa collaboration avec Anthony Mackie et Harrison Ford, sa vision d'un super-héros sans super-pouvoirs, et l'avenir du MCU dans un monde sans Avengers.
Pourquoi avoir choisi d'explorer la sphère politique dans ce film ?
C'était une direction naturelle pour cette histoire. Lors des premières discussions avec Marvel, nous avons tout de suite parlé de films comme Les Trois Jours du Condor et À cause d'un assassinat. J'ai toujours été attiré par les films de cette époque, leur esthétique visuelle, leur texture et leur ambiance sonore. Le thriller politique et paranoïaque correspondait parfaitement à l'histoire de Sam Wilson, d'autant plus que son super-pouvoir principal est l'empathie. Dans un monde dominé par la méfiance, cela crée une tension narrative intéressante qui permet d'explorer son parcours émotionnel en profondeur.
On a vu 30 minutes du film et ce qui marque, c'est le mélange entre l'action et l'humour. Comment avez-vous trouvé l'équilibre entre ces deux composantes ?
On voulait créer un thriller politique ancré dans la réalité, suivant la lignée de films comme Le Chacal ou Dans la ligne de mire. Bien que le ton soit globalement sérieux et réaliste, ce qui correspond bien au personnage de Sam Wilson/Captain America, il nous fallait aussi de l'humour et de la légèreté. L'important était de rester authentique : parfois, l'humour est le meilleur moyen d'exprimer une vérité ou de créer de la tension dans les moments les plus sérieux. C'est aussi une façon d'ouvrir le spectateur à d'autres émotions.
Les scènes à la Maison Blanche semblent particulièrement réalistes. Comment les avez-vous réalisées ?
Nous avons tourné aux Tyler Perry Studios d'Atlanta, qui possèdent une réplique de la Maison Blanche à 75% de l'échelle réelle. Pour créer l'illusion de grandeur, nous avons privilégié les objectifs grand angle et les prises de vue en hauteur. Bien que nous ayons utilisé quelques effets spéciaux pour les extensions, l'essentiel a été capturé directement à la caméra grâce à des choix d'objectifs spécifiques.
![Julius Onah et Harrison Ford sur le tournage de Captain America Brave New World](/sites/default/files/styles/scale_crop_border_white_1280x720/public/2025-02/captain-america-brave-new-world_CGSlRc.jpg)
A quoi correspond le titre Brave New World ?
Le titre fonctionne à plusieurs niveaux, et il y a d'abord une référence ironique au roman d'Aldous Huxley (Brave New World est le titre original du Meilleur des mondes NDLR). Il évoque notamment l'introduction d'une nouvelle technologie, l'Adamantium, dont nous ne comprenons pas encore toutes les implications. Dans le contexte d'un thriller politique et paranoïaque, cette dimension technologique prend une résonance particulière qui aide à définir le ton du film.
Qu'est-ce qui vous enthousiasme le plus à l'idée que le public découvre ce film ?
Sans aucun doute le parcours émotionnel des personnages, particulièrement la dynamique entre Sam Wilson et Thaddeus Ross, interprétés par Anthony Mackie et Harrison Ford. Le film explore la notion d'empathie à travers deux personnages qui, bien que du même côté, ont des approches et des philosophies différentes. Cette tension crée des conflits mais aussi des opportunités. On peut alors voir le meilleur chez l'autre. Les scènes d'action spectaculaires découlent naturellement de ces vérités émotionnelles.
Pourquoi avoir choisi spécifiquement le genre du thriller conspirationniste ?
Cette décision est intimement liée à la nature de notre nouveau Captain America. Sam Wilson est un être humain ordinaire - ni milliardaire, ni super-soldat - dont le véritable super-pouvoir est l'empathie. Le thriller politique, qui traite fondamentalement de la méfiance envers les individus et les institutions, crée une tension naturelle avec un personnage qui cherche à faire confiance aux autres. Cette tension est particulièrement visible dans sa relation avec Thaddeus Ross, qui remonte à Civil War où Ross avait fait emprisonner Sam et les Avengers. Maintenant que Sam est Captain America et que Ross est Président, ils doivent collaborer malgré ce passé complexe.
Que signifie ce film pour l'avenir du MCU ?
Nous sommes dans une période charnière : un monde sans Avengers, alors que Captain America a toujours été leur leader historique. Au début du film, Ross demande à Sam de reconstituer l'équipe, ce qui soulève des questions importantes : quelle est la place des Avengers dans ce nouveau monde ? Comment un humain sans super-pouvoirs pourrait-il les diriger ? L'histoire montre comment Sam s'affirme en tant que Captain America, apportant sa perspective unique à ce rôle de leader, ce qui aura des implications significatives pour l'avenir des Avengers.
Comment avez-vous géré la pression d'un tel projet ?
Je me concentre sur ce que j'aime : faire des films et travailler avec les acteurs. Ayant étudié le théâtre, je commence toujours par le cœur émotionnel du film. Les aspects techniques - effets spéciaux, pyrotechnie - suivent naturellement une fois que cette base émotionnelle est solide. Cette approche m'aide à gérer la pression inhérente à un projet de cette envergure.
Quels films vous ont inspiré pendant la création ?
Nos influences sont diverses, allant des classiques des années 60-70 comme Le Samouraï et Le Point de non-retour à des œuvres plus contemporaines. Le Sacrifice d'un cerf sacré de Yorgos Lanthimos nous a inspiré pour le cadrage, tandis que La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino a influencé nos schémas d'éclairage. La série Le Monde sur le fil de Fassbinder a également été une référence importante. Notre directeur de la photographie résumait d'ailleurs notre approche en plaisantant que nous faisions "Le Sacrifice d'une beauté sacrée".
Pouvez-vous nous parler du nouveau personnage, Sidewinder ?
Introduire la Société du Serpent dans le MCU était un défi passionnant, et avoir Giancarlo Esposito pour incarner Sidewinder était parfait. Dans les comics, ces personnages ont des costumes et des pouvoirs surnaturels liés aux serpents, mais pour notre thriller politique ancré dans la réalité, nous avons opté pour une approche plus réaliste : un groupe de mercenaires et de soldats de fortune. Avec Giancarlo, nous nous sommes inspirés des seigneurs de guerre des pays du tiers-monde pour construire un personnage qui inspire ses fans par son pouvoir et son mystère. Ce n'est qu'un aperçu de Sidewinder et de la Société du Serpent, mais leur présence apporte une dimension mystérieuse face à Anthony Mackie.
![Giancarlo Esposito dans Brave New World](/sites/default/files/styles/scale_crop_border_white_1280x720/public/2025-02/captain-america-brave-new-world_mGL1MF.jpg)
Synopsis : Anthony Mackie revêt officiellement le costume de Captain America, brandissant à nouveau le bouclier emblématique, comme les spectateurs ont pu le constater dans l’épisode final de la série "Falcon et le soldat de l’hiver " proposé sur Disney+ en 2021. Abandonnant ainsi sa tenue de Falcon - qui l'a rendu célèbre dans les précédents films de l’Univers Cinématographique Marvel (MCU) - Anthony Mackie embrasse désormais pleinement son nouveau rôle.
Peu après avoir fait la connaissance du nouveau président des Etats-Unis Thaddeus Ross - interprété par Harrison Ford qui fait ici ses débuts au sein du MCU - Sam Wilson se retrouve plongé au coeur d'un gigantesque incident international. Dans une lutte acharnée contre la montre, il se retrouve contraint de découvrir la raison de cet infâme complot avant que le véritable cerveau de l’opération ne mette bientôt le monde entier à feu et à sang…
Brave New World sort mercredi 12 février en France
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