Gagnante surprise de l’Oscar de la meilleure actrice face à la favorite Demi Moore, l’actrice de 25 ans a été révélée par Tarantino avant de triompher dans le film de Sean Baker.
"Si tu n’avais pas casté Mikey Madison dans Once Upon a Time... in Hollywood, il n’y aurait pas d’Anora", a dit Sean Baker en recevant l’Oscar du meilleur réalisateur des mains de Quentin Tarantino. Il y avait une logique à ce que QT soit là pour assister au sacre d’Anora. En 2019, Sean Baker avait été tellement ébloui par le nouveau film de Tarantino qu’il était immédiatement retourné le voir : il avait flashé sur l’actrice Mikey Madison, qui y interprète l’une des membres de la Manson Family, organisant avec ses complices une home invasion nocturne, avant d’affronter lors d’un climax ultra-violent le pitbull de Brad Pitt et le lance-flammes de Leonardo DiCaprio.
Galvanisé, Baker contacta l'actrice dans la foulée pour lui parler du projet Anora, un vrai-faux conte de fées dans le monde des clubs de strip-tease et des oligarques russes. Six ans plus tard, après une Palme d’or à Cannes remportée en mai dernier, Anora a été le grand vainqueur de la 97ème cérémonie des Oscars, et Mikey Madison la lauréate surprise de la soirée, remportant le prix de la meilleure actrice, alors que la plupart des pronostiqueurs donnait gagnante Demi Moore, pour The Substance.
Le palmarès des Oscars 2025"J’ai grandi à Los Angeles, mais Hollywood me paraissait tellement loin", a dit l’actrice sur scène en recevant son prix. Née en 1999, Mikey Madison s’est faite connaître, avant Once upon a time in Hollywood, dans l’attachante série Better Things, créée en 2016 par Pamela Adlon et Louis C.K. (et dispo en France sur MyCanal). Après le Tarantino, c’est le coup de fil de Sean Baker : "Il m’a fait part de son idée pour Anora, nous expliquait la comédienne à Cannes en mai dernier. Il m’a dit que si ça m’intéressait, il écrirait le film pour moi. C’était bien sûr la première fois qu’une chose pareille m’arrivait !"
Mikey Madison, qui a été élevée par des parents cinéphiles et cite Possession de Zulawski parmi ses films préférés, fonce aussitôt découvrir les clubs de strip-tease de Los Angeles pour y apprendre le pole-dance – "huit mois d’entrainement pour seulement 20 secondes à l’écran !", applaudit Sean Baker. "Dans les scènes de club au début du film, je suis la seule actrice au milieu de vraies danseuses, je ne voulais surtout pas dénoter", explique Madison, qui a également adopté l’accent new-yorkais, regardé les films de Jess Franco et de Maurice Pialat que lui projetait son réalisateur, tout en jouant, en attendant le début du tournage d’Anora, dans le cinquième Scream, dont l’épilogue sanglant est une variation sur celui de Once Upon a Time… in Hollywood – preuve que si le CV de l’actrice n’est pas épais, il est d’une cohérence rare.
Dans le film de Sean Baker, elle teinte son énergie de New-Yorkaise dessalée d’une forme de mélancolie résignée, un mélange de ténacité et de douceur qu’elle planque pendant une bonne partie du film sous son sourire mécanique, tarifé 15 000 dollars la semaine, de Cendrillon prostituée. De Tarantino à Anora, les meilleurs films avec Mikey Madison commencent tous par "il était une fois".
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