Le nouveau polar du cinéaste arrive avec le statut d'héritier de 36 Quai des Orfèvres, mais n'arrive jamais à se hisser au niveau du fabuleux polar de 2004, malgré une mise en scène nerveuse et un casting solide, mené par un Victor Belmondo convainquant.
Ce n'est pas une suite du fameux 36 Quai des Orfèvres (2004), mais c'est en successeur annoncé que débarque aujourd'hui Bastion 36 sur Netflix. Alors le dernier film d’Olivier Marchal est-il le digne successeur de son grand polar ?
Après une opération qui a foiré, Antoine (interprété par Victor Belmondo) est exclu de la prestigieuse Brigade de recherche et d’intervention (BRI) et se retrouvé muté en banlieue parisienne, à la Brigade anti-criminalité (BAC). Ses problèmes de comportement n'ont pas aidé (il fait des combats de rue clandestin, forcément, ça passe mal...). Quelques semaines plus tard, ses anciens collègues de la BRI sont assassinés les uns après les autres. Par qui ? Pourquoi ? Antoine se lance dans une enquête personnelle, pour découvrir la vérité qui va le plonger dans une spirale de violence et de trahison.
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Marchal, fidèle à son style, dépeint un univers de flics et de voyous brutal, une vie sans concession qui prend aux tripes, tout le temps. Sa mise en scène est nerveuse, intense, à l'image de sa séquence d’ouverture d’une efficacité redoutable, qui suit une course-poursuite en moto à couper le souffle. L'approche est toujours aussi percutante et fait toujours son petit effet.
Le gros problème, c'est que le script comporte beaucoup trop d'errements. Dans son adaptation du roman Flics requiem de Michel Tourscher, tout sonne faux. Rien ne semble jamais crédible. Les dialogues sont trop lourdement burnés pour être honnêtes et jamais on ne croit à ces personnages, figés dans des archétypes. Olivier Marchal a voulu offrir un héritier à son formidable 36 quai des Orfèvres - qui fête ses 20 ans cette année. Sauf que son élégant polar sur la guerre des polices, facé à face mémorable entre Daniel Auteuil et Gérard Depardieu, laisse place à une grosse machine criarde, à la mécanique grossière. Les ficelles sont tellement énormes (quoi ? Le ripou c'est le gars qui roule en Porsche flambant neuve avec son salaire de policier ?) qu'on n'arrive jamais à entrer dans l'ambiance dark de ce Bastion 36.
Et ce n'est pas faute pour Victor Belmondo d'avoir tout essayé. Etoile montante du cinéma français, dans les pas de son illustre grand-père Jean-Paul Belmondo, l'acteur de 31 ans fait un flic taciturne solide et couillu, un enquêteur habité, bien entouré par quelques seconds rôles charismatiques (Yvan Attal, Soufiane Guerrab, Tewfik Jallab et Juliette Dol). Mais la beauté froide et vénéneuse du 36 de l'époque n'est plus là.
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