Aux Oscars, ne coupez pas la parole à Adrien Brody en plein discours !

Que ce soit pour Le Pianiste ou The Brutalist, le meilleur acteur garde la parole.

Cette nuit, Adrien Brody a remporté son deuxième Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans The Brutalist de Brady Corbet. Il a battu Timothée Chalamet (A Complete Unknown), Colman Domingo (Sing Sing), Ralph Fiennes (Conclave) et Sebastian Stan (The Apprentice) dans cette catégorie, et avec cette victoire, il rejoint une courte liste d'acteurs qui ont remporté l'Oscar du meilleur acteur à deux reprises : Spencer Tracy, Jack Nicholson, Marlon Brando, Dustin Hoffman, Gary Cooper, Tom Hanks, Fredric March, Sean Penn et Anthony Hopkins. Daniel Day-Lewis reste cependant l'unique gagnant de trois Oscars du meilleur comédien.

En montant sur scène pour accepter cette récompense, Brody a livré un nouveau discours long et passionné, comme du temps du Pianiste, en 2003. Et quand les organisateurs l'Académie ont commencé à faire jouer de la musique pour qu'il termine ses remerciements... il a poursuivi sur sa lancée.

"Je termine, s'il-vous plaît, éteignez la musique, lâche-t-il. Je suis déjà passé par là, merci. Ce n'est pas mon premier rodéo, mais je serai bref."

En gagnant ce même Oscar il y a 22 ans pour le drame de Roman Polanski, Adrien Brody avait livré un discours fort sur la guerre et ses victimes :

"Une seconde. S'il-vous plait, coupez ça ! Je n'ai qu'une chance de faire ce discours. Je ne crois pas avoir cité plus de cinq noms de remerciements ? Ecoutez, ce prix me fait énormément plaisir, mais je ressens aussi beaucoup de tristesse. J'accepte ce prix à une période si étrange. En faisant ce film, ça m'a rendu très sensible à la tristesse pour les personnes qui subissent la guerre, qui sont déshumanisées par leurs répercussions."

Les Etats-Unis étaient alors en pleine guerre en Irak, et ces mots résonnent encore aujourd'hui à cause des conflits en Ukraine ou à Gaza. Pleinement conscient d'avoir gagné ses Oscars pour deux rôles de Juifs impactés directement par la Seconde Guerre Mondiale, Adrien Brody a une nouvelle fois fait le rapprochement avec les conflits actuels.

Commençant son discours de cinq minutes en exprimant sa gratitude pour la vie et la carrière qui lui ont été offertes, il a poursuivi en dénonçant le racisme, l'antisémitisme qui se répandent en ce moment.
 

"Le métier d'acteur est très fragile, dit-il d'abord. Cela semble très glamour, et à certains moments, ça l'est, oui. En ayant le privilège de revenir ici, j'ai gagné une certaine perspective : peu importe où vous en êtes dans votre carrière, peu importe ce que vous avez accompli, tout peut disparaître. Et je pense que ce qui rend cette nuit si spéciale, c'est la prise de conscience de cela, et la gratitude que j'ai de pouvoir encore faire le travail que j'aime."
 

Pour Brody, remporter l'Oscar du meilleur acteur pour la deuxième fois représente "une chance de recommencer", et il espère pouvoir prouver qu'il sera digne de tels rôles "significatifs et importants" dans 20 ans.
 

"Je suis ici encore une fois pour représenter les traumatismes persistants et les répercussions de la guerre, poursuit-il, et de l'oppression systématique, ainsi que de l'antisémitisme, du racisme. Je prie pour un monde plus sain, plus heureux et plus inclusif, et je crois que si le passé peut nous apprendre quelque chose, c'est un rappel de ne pas laisser la haine sans réponse."

Sur une note plus légère, l'acteur a eu le droit à un baiser en réponse à son geste de 2003 envers Halle Berry. C'est elle qui lui avait remis l'Oscar pour Le Pianiste, et fou de joie, il avait embrassé l'actrice. Cette année, même si Brody est depuis marié, la comédienne s'est tournée vers sa femme pour s'excuser avant de lui rendre la pareille : "Je suis désolée, mais je dois le faire !"

The Brutalist est actuellement au cinéma. Voici sa bande-annonce :