Canal + Cinéma diffuse ce soir le long métrage argentin dont Stéphane Demoustier a signé le remake. Deux visions d’un même fait divers. Analyse.
A Buenos Aires, elle s’appelle Dolores. Dans la banlieue de Nantes, elle se prénomme Lise. L’une et l’autre sont lycéennes, accusées du meurtre de leur meilleure amie et en attente des procès qui délivreront leur verdict. A quelques mois d’intervalles, Acusada de Gonzalo Tobal et La Fille au bracelet et Stéphane Demoustier ont donc traité du même sujet, révélant à chaque fois deux impressionnantes comédiennes : Lali Esposito et Melissage Guers. Mais tout ceci ne doit rien au hasard. Stéphane Demoustier s’est en effet inspiré du scénario d’Acusada – repéré par son avisé producteur Jean des Forêts – pour signer sa propre variation sur ce même thème
En diffusant ce soir Acusada , Canal + Cinéma offre l’occasion de comparer le traitement de ce fait divers – non inspiré pour une fois d’événements réels – par les deux cinéastes. Avec cette question centrale : comment raconter une adolescente accusée de ce terrible crime ?
Avec La Fille au bracelet qui avait attiré plus de 300 000 entrées avant le confinement Stéphane Demoustier a choisi de se concentrer sur le procès. Avec cette idée à la fois d’une héroïne sur qui tout semble glisser - comme insensible à ce qui se passe sans chercher à apitoyer et convaincre qui ce soit - et d’un récit concentré sur le procès en lui- même, nourri de sources d’inspiration Le Procès de Jeanne d’Arc de Bresson ou La Vérité de Clouzot. Chez Demoustier, l’histoire n’est donc pas envisagée du point de vue de l’accusée mais de ceux qui l’observent sans parvenir à la comprendre. Avec une part volontaire d’inconnu qui sous- tend le suspense jusqu’au verdict et invite donc le spectateur à être acteur du récit pour se faire son intime conviction sur la culpabilité ou non de l’accusée
Avec Acusada, Gonzalo Tobal sort largement du prétoire. Il montre son héroïne dans son environnement familial où elle est confinée comme dans son rapport avec ses amis et son petit copain mais aussi la traque médiatique dont elle fait l’objet. Il pointe donc la passion voyeuriste de nos sociétés pour les faits divers et cette propension à désigner les coupables avant que la justice n’ait fait son travail puis à refaire les procès à l’infini. Et si son héroïne se montre plus expressive que celle de La Fille au bracelet - jeune femme fatale plus vulnérable qu’elle ne veut le montrer dans le privé mais d’une détermination implacable en public -, le mystère qui l’entoure restera aussi épais jusqu’au verdict.
Pour vous faire votre propre idée, rendez- vous ce soir à 20h50 sur Canal + Cinéma. Acusada n’avait réuni que 18000 spectateurs en juillet dernier. Une séance de rattrapage s’impose.
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