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Le contexte
Le tout premier Hunger Games est lancé en grandes pompes en 2012. Cela n'aura pas échappé aux plus observateurs, cette année est également celle qui marque la fin d'une autre saga de blockbusters pour ados : Twilight. En clair, tous les studios savent qu'il y a une place à prendre, et chacun avait acheté les droits d'une (quand ce n'est pas plusieurs) saga littéraire à adapter. Lionsgate a simplement été les plus rapide et efficace puisque le premier film sort en réalité avant Twilight Révélation partie 2, avec toute la promo en amont que ça implique. Même si des Divergente et autres Labyrinthe (on ne parlera pas de Mortal Instruments, ce serait mesquin) sont en préparation, c'est la franchise des Jeux de la faim qui prend la main. Autre point important : bien que le public visé reste le même niveau tranche d'âge, le premier film pose des bases différentes de l'ambiance Twilight, par son sujet et son traitement. La machine est lancée.

Les livres
Si Lionsgate a choisi Hunger Games, ce n'est pas pour rien. La trilogie de livres écrits par Suzanne Collins dépassait les 26 millions d'exemplaires vendus avant la sortie du premier film (on en est actuellement à plus de 65 millions, seulement aux États-Unis). Autant dire que niveau fanbase, personne n'avait de souci à se faire. De plus, les bouquins ont séduit par leurs thèmes. Soyons clairs : Collins ne réinvente rien mais jongle suffisamment bien avec ses références (la télé-réalité cruelle, le futur ravagé, l'Antiquité revisitée, la révolte des opprimés...) pour construire un univers qui plaît aux jeunes en évitant de les prendre pour des crétins. L'inévitable triangle amoureux est là, mais il n'écrase pas tout le reste ; les bouquins sont d'ailleurs salués avant tout pour leur rythme qui privilégie l'action.
 

Les méthodes
Du coup, côté cinéma, on se retrouve dans un univers qui doit s'adresser aux jeunes tout en mettant en scène des combats à mort entre personnages de 12 à 18 ans, sans parler de la guerre civile qui arrive juste après. Les films choisissent en général un juste milieu pour ne pas (trop) décevoir les connaisseurs des livres tout en évitant de s'aliéner le grand public. La violence est bien présente et assumée par la réalisation ; cependant les longs-métrages n'iront jamais aussi loin que les romans. L'exemple le plus représentatif reste l'épisode de la jambe amputée de Peeta version littéraire, un douloureux passage que la version cinéma du personnage joué par Josh Hutcherson n'aura jamais à connaître.
 

Jennifer Lawrence
Impossible de dissocier Hunger Games de son personnage principal, Katniss, incarnée par Jennifer Lawrence. Là encore, Lionsgate a opté pour une jeune actrice qui certes n'était pas encore une super star à l'époque, mais bénéficiait déjà d'une jolie réputation et avait même une autre saga dans les pattes : le nouveau cycle des X-Men (Le Commencement est antérieur d'un an au premier Hunger Games). Du coup, nul besoin de « vendre » à outrance le trio qu'elle forme avec Liam Hemsworth et Josh Hutcherson ; même si les plus fanatiques des groupies mettent toujours un certain temps pour le comprendre, les personnages sont ici dissociés de leurs interprètes. La personnalité de Lawrence est assez éloignée de celle de Katniss, et c'est aussi ce décalage qui fonctionne bien. La comédienne porte et assume la saga sans jamais en être prisonnière, les films et l'actrice se rendent mutuellement service sans que l'un vampirise l'autre (Lawrence a pu continuer de maintenir un rythme de tournage assez soutenu en dehors de la franchise et même décrocher un Oscar) et c'est finalement assez rare.
 

Le (reste du) casting
Une erreur assez commune dans le genre Young Adult est d'imaginer qu'absolument toute la réussite des films repose sur le héros ou l'héroïne et de bâcler le reste du casting. Hunger Games a pris le contre-pied en ramenant dans son giron des grands noms, non seulement célèbres mais aussi sérieux : Julianne Moore, Woody Harrelson et bien entendu le regretté Philip Seymour Hoffman ne se contentent pas de bien jouer leurs rôles respectifs. Leur participation au projet apporte immédiatement une certaine crédibilité que n'avaient pas leurs concurrents à la même période.
 

La place de la romance
Comme d'autres avant eux, les films Hunger Games intègrent le fameux triangle amoureux qui semble être un passage obligé pour plaire à un certain public. C'est sans aucun doute également une des clés du succès, mais la saga ne fait pas l'erreur de tout miser dessus. Ne serait-ce que dans la construction des relations entre Katniss, Peeta et Gale : ils sont tellement soumis à des catastrophes tous les quatre matins qu'il est finalement assez rare de les voir réellement se prendre la tête sur le mode je t'aime moi non plus. On n'évite malheureusement pas les passages niais et les baisers chastes, mais on n'a pas non plus à subir ça toutes les 3 séquences, et c'est tant mieux.
 

La maturité
Outre le traitement de la violence évoqué plus haut, la saga Hunger Games aborde des thématiques sérieuses. Ok, le problème central de la faim est souvent expédié au point que ça en devient risible, mais pour le reste, on n'a pas à se plaindre. La dictature, le peuple asservi, l'organisation de la résistance, l'art de la guerre et même le fonctionnement de la propagande (qui occupe l'intégralité du troisième film) sont autant de caractéristiques qui font des films plus adultes que d'autres du même registre. Un bémol : ces thématiques complexes sont ultra-simplifiées par rapport aux livres, histoire de rentrer dans un format de blockbuster tous publics sans se perdre dans trop de descriptions ou d'explications. On ne peut pas tout avoir. Ce qui nous amène au dernier point...
 

L'erreur
Ce qui ne différencie en revanche pas Hunger Games de ses concurrents du genre est le besoin de jouer les prolongations. Depuis les précédents Harry Potter et Twilight, ça faire partie intégrante de la recette du succès de ce genre de franchises, au grand dam de certains spectateurs. Diviser l'ultime tome en deux films sobrement nommés partie 1 et partie 2 n'est pas le plus classe des procédés mais ça reste un moyen de dédoubler les bénéfices ce qui, rappelons le, reste l'objectif premier des studios. A l'arrivée, on se retrouve systématiquement avec un découpage assez arbitraire qui engendre un rythme un peu bâtard voire un déséquilibre total : ici, des fans ont été déçus des deux derniers films, estimant que La Révolte partie 1 traînait en longueur tandis que La Révolte partie 2, à l'inverse, expédiait un peu trop vite certains passages. C'est pas jojo mais est-ce réellement pire qu'un Bilbo le Hobbit étendu sur trois films ? Difficile à dire.
 

Hunger Games : la révolte, 2e partie est diffusé ce soir sur C8. 

Mise à jour du 27 mai 2019 : C8 diffuse ce soir Hunger Games : la révolte, 2e partie. L'occasion d'étudier pourquoi la saga a été révolutionnaire.

Article du 20 novembre 2015 : Katniss arrive au bout de ses aventures. Le succès industriel programmé au millimètre depuis le premier film Hunger Games en 2012 nous permet de revenir sur l'ascension progressive de la tétralogie qui s'est hissée en mètre-étalon d'un registre devenu incontournable pour le meilleur et pour le pire : celui des films "young adult", visant avant tout un public d'ados.

A l'occasion de la sortie du 4e et dernier épisode, Hunger Games - La Révolte : Partie 2, retour sur la saga portée par Jennifer Lawrence et ce qui en a fait un cas unique dans le genre.