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Avec deux quotidiennes et son remplacement réussi de Jean-Luc Delarue, Sophie Davant est devenue un pilier de France 2. En exclusivité pour Télé 7 Jours, elle évoque ses 25 ans de carrière, ses ambitions professionnelles et sa nouvelle vie amoureuse.

Quel bilan tirez-vous de votre année télé ?La relève a fonctionné. Lorsque j’ai repris les rênes de Toute une histoire en 2010, j’ai eu très peur de ne pas séduire le public féminin de Jean-Luc Delarue, perçu comme le gendre idéal. Aujourd’hui, les femmes s’identifient à moi et me font confiance.N’est-ce pas l’une des clés du succès de l’émission ?En tant que femme et mère de famille, j’amène une autre sensibilité. Les téléspectatrices se retrouvent dans mes réactions. Je leur ressemble. Je n’ai rien d’une star inaccessible, d’une icône, trop belle, trop parfaite, trop lisse. Je suis moi, une femme de mon âge, souvent proche du leur, avec mes fragilités, et mes cernes quand je suis fatiguée. Je revendique de rester moi-même, naturelle, normale et proche d’elles.Vous n’hésitez pas à faire part de votre expérience personnelle et avez parfois du mal à contenir vos émotions…Il faut trouver le juste milieu. Je dois être en l’empathie et à l’écoute et je suis parfois débordée par mes émotions.Jean-Luc Delarue a confié avoir souffert de certains témoignages. Parvenez-vous à mettre de la distance ?Honnêtement, à l’époque, je trouvais cela très étonnant de sa part. En me retrouvant aux commandes, je me suis aperçue qu’il est impossible de rester hermétique. Il y a des sujets qui vous interpellent. Il faut être super équilibré, très fort dans sa vie personnelle. Même si cela laisse des traces, au final, cela vous fait grandir, avancer, vous remettre en question. Ce n’est pas un jeu ! Il faut être solide pour évacuer.Et comment évacuez-vous ?Je n’ai pas trouvé mieux que la natation deux à trois fois par semaine. Aligner des longueurs me lave la tête. Animer deux émissions quotidiennes, c’est une performance. Il faut que je conserve une fraîcheur physique. D’où une hygiène de vie stricte. Je ne mène pas une vie de nonne pour autant… J’aime bien manger, boire un petit verre de vin. Mais, au moindre excès, je sais que je vais le payer cher !Allez-vous poursuivre à ce rythme à la rentrée prochaine ?Tenir à ce rythme-là longtemps encore, peut-être pas, mais je ne saurais pas choisir entre mes deux émissions. Je me sentirais amputée de l’une ou de l’autre. C’est au programme est en direct, très éclectique dans son contenu, avec des invités variés. Cela satisfait ma curiosité. Toute une histoire permet d’aller au fond des choses. Elles sont très complémentaires.Suite à l’élection de François Hollande, craignez-vous des bouleversements au sein de France Télévisions ?Depuis 25 ans que je travaille dans le service public, j’en ai connu des présidents ! On fera face ! Je suis en phase avec l’équipe actuelle. C’est très agréable de se sentir comprise et appréciée. Cela n’a pas toujours été le cas !Va-t-on vous confier de nouveaux prime time ?On m’a assuré que je faisais partie des figures emblématiques de la chaîne et que, de ce fait, on me confierait sans doute des prime. Mais je n’en ferai pas à tout prix. Je suis déjà très présente à l’antenne, je ne souhaite pas user mon image. Il faut que cela ait un sens, comme le Téléthon ou des soirées spéciales autour de la solidarité. Pourquoi pas un nouveau prime de Toute une histoire en rapport avec un événement d’actualité ?Vous êtes un des piliers du PAF. Pourquoi ne jouissez-vous pas d’une notoriété à la Claire Chazal, par exemple ?Nous ne sommes pas exposées de la même manière, ni sur nos chaînes ni dans les médias. Je ne suis pas une "star".Vous avouez avoir longtemps souffert d’un complexe d’infériorité. Pensez-vous être reconnue à votre juste valeur ?Oui. Le succès de Toute une histoire m’a permis d’accéder à une certaine reconnaissance… qui était loin d’être gagnée ! Je pourrais être davantage exposée, à des heures de grande écoute. Mais, je ne veux pas être happée par mon boulot au détriment du reste. Quand William Leymergie m’a proposé C’est au programme, cela me correspondait. Ensuite, en bon petit soldat, j’ai remplacé Jean-Luc Delarue au pied levé.Comment vous positionnez-vous en tant que femme à la télévision ?Je suis à la tête de deux magazines quotidiens. Je serais malvenue de me plaindre. Je n’ai peut-être pas l’énergie de me battre sur tous les fronts pour, par exemple, gagner le même salaire qu’un homme à niveau égal.Quand on est une femme, vieillir à l’écran n’est pas facile. Comment abordez-vous vos cinquante ans ?Sereinement. Je me vis comme une femme depuis très peu de temps. J’étais restée très jeune, très gamine dans ma tête, alors que j’étais mère et que je gagnais ma vie. Physiquement, je n’ai pas trop à me plaindre sinon que je me fatigue un peu plus vite ! Je reste vigilante. Je regarde comment mon corps et mon visage se transforment. Je m’entretiens, je fais des soins esthétiques, je veille à ma peau, à être bien coiffée. Mon objectif est de rester coquette et présentable le plus longtemps possible.Pourriez-vous avoir recours à la chirurgie esthétique ? Je m’en méfie. En revanche, je ne suis pas contre la médecine esthétique qui permet de retarder le vieillissement. Dans C’est au programme, on en parle sans arrêt. Si je vous disais que je n’y ai jamais eu recours, personne ne me croirait ! J’ai fait quelques injections d’acide hyaluronique. Mais j’ai un principe : le naturel. Donc pas d’excès, pas de jeunisme à tout prix. C’est nul de vouloir faire dix ans de moins. J’assume mon âge.Les récentes déclarations enflammées d’Eric Orsenna sur votre beauté ont dû vous rassurer…Elles m’ont à la fois flattée, amusée et troublée. Mais ces mots lui appartiennent et je ne les commenterai pas.Mais vous ne niez pas vivre une histoire d’amour avec lui ?Une très belle histoire d’amour qui m’appartient. Mon souci c’est le respect des gens que j’aime et de la famille que j’ai constituée avec Pierre Sled (ancien animateur sportif et ex-directeur des programmes de France 3, ndlr). Nous sommes restés très proches et très complices, très présents auprès de nos enfants (Nicolas, 19 ans et Valentine, 17 ans, ndlr) pour qu’ils vivent au mieux notre séparation. À un moment donné, nous avons fait des choix différents, nous avons eu des envies différentes et l’honnêteté de reconnaître que nous étions au bout de notre histoire d’amour. Je suis fière du couple que nous avons formé pendant vingt ans et ne renie rien de ce que nous avons vécu.Est-ce un cap difficile à passer ?C’est dur de prendre ce genre de décision. Il faut s’aimer beaucoup et se respecter énormément pour être capable de jouir du bonheur de l’autre. Je pense que nous sommes en train de réussir.Etes-vous choquée qu’on s’interroge sur votre "incroyable idylle" avec Eric Orsenna sous prétexte qu’il est plus âgé, plus "laid" que vous, comme il le dit lui-même ?Je ne me sens ni trop belle, ni trop jeune pour lui. Ce qu’on partage nous est propre. Les histoires d’amour sont fragiles. Il faut les protéger.Interview Emmanuelle Touraine de Télé 7 Jours