DR

Carton d'un "mommy porn"A l’origine, il s’agit d’une fanfiction de la saga Twilight. Frustrée par le fait que les héros de la saga vampirique de Stephenie Meyer conserve leur virginité jusqu’au mariage et se contentent de chastes baisers, E.L. James (de son vrai nom Erika Leonard) - cadre de la télévision britannique - décide d’écrire sa propre version de la love story de Bella et Edward. Début 2009, elle met en ligne sur le site fanfiction.net (où des internautes écrivent des histoires dans les univers d’autres auteurs, comme Le Seigneur des Anneaux ou Naruto) ce qui allait devenir Fifty Shades of Grey. A l’arrivée, le roman ne possède presque aucun lien avec Twilight : si le livre est clairement vendu au départ comme le « Twilight porno », ce terme cède vite la place à celui de « mommy porn » ou « porno pour mamans ». L’histoire de Cinquante nuances de Grey ? Celle de la jeune Anastasia Steele (22 ans), qui s’engage par contrat à nouer une relation sado-maso avec le séduisant homme d’affaires Christian Grey (27 ans). Effectivement, les (rares) scènes de sexe du roman sont explicites : si les préliminaires, pénétrations et éjaculations sont décrites dans le détail, rien de véritablement choquant ni de contraire aux bonnes mœurs n’apparaît. Du cul, certes, mais du cul propre. Et le succès est fulgurant : le roman passe 20 semaines à la tête du classement des ventes d’USA Today, battant le record des 16 semaines d’Hunger Games. Plus de 40 millions d’exemplaires du livre ont été vendus sur la planète depuis sa sortie juin 2011. Dont une bonne moitié sous forme de livre numérique. A l’heure des iPhone, iPad et autres tablettes, les lecteurs de Cinquante nuances de Grey le font d’autant plus volontiers qu’ils peuvent le lire en public sans passer pour des pervers accros aux romans porno. Fifty Shades Darker et Fifty Shades Freed, les deux suites au roman, sont publiés dans la foulée. Et la trilogie s’achève dans la célébration de l’amour fou (hétérosexuel, bien sûr).Mystères autour de l'adaptation cinéSuite à ce carton, la bataille de l’achat des droits d’adaptation fait aussitôt rage : de Mark Wahlberg à Warner Bros, en passant par Sony et Paramount, presque tout Hollywood est sur les rangs. L’affaire promet en effet d’être juteuse : le film ne risque pas de coûter une somme hallucinante et possède 40 millions de spectateurs potentiels… Of course, si le succès du premier film est au rendez-vous, il faudra se préparer à une trilogie sur grand écran. C’est Focus Pictures, la division « petits films » de Universal Pictures qui remporte la mise en mars 2012. Mais aujourd’hui, le futur film n’a toujours ni scénariste, ni réalisateur : les seuls noms confirmés sont ceux du duo de producteurs Michael De Luca et Dana Brunetti. Côté script, les auteurs envisagés sont Kelly Marcel et Dan Vogelman (Cars 2, Volt) qui auront de toute façon peu de marge de manœuvre sur un projet aussi verrouillé. On a évoqué Angelina Jolie (sur un script signé Bret Easton Ellis) à la réalisation… C’est évidemment le casting des deux rôles principaux qui est sujet aux plus folles rumeurs. Pour Anastasia, on pense à Emma Watson, Selena Gomez ou Mila Kunis ; et pour Christian Grey, on parle de Ryan Gosling (inspiration avouée de l’auteur pour Grey), Channing Tatum, Ian Somerhalder (Vampire Diaries), Matt Bomer (la star de FBI : duo très spécial étant « trop gay » pour le rôle, d’après Ellis) ou encore Justin Bieber… Bref, que des noms connus et bankables. Cela ne risque pas d’être le cas, pourtant : la présence de grosses stars ferait très vite grimper le prix du film (pour Twilight, Kristen Stewart et Robert Pattinson étaient évidemment très loin de leur statut de stars planétaires d’aujourd’hui), et pas sûr qu’un nom connu accepte de tourner des scènes de sexe aussi explicites, si toutefois la version cinéma de Fifty Shades of Grey les conserve. Car un blockbuster hollywoodien peut-il flirter avec le porno ? A suivre...