Les influences de '71, le thriller guerrier magistral de Yann Demange
De quoi '71 est-il la somme ?
Film d?action dopé par un réalisme tétanisant, ?71 plonge le spectateur au coeur du conflit d?Irlande du Nord en suivant la trajectoire d?un soldat UK paumé en plein Belfast. Oubliez <strong>Ken Loach</strong> ou <strong>Greengrass</strong>, voici les films que le réalisateur <strong>Yann Demange</strong> a pris comme références.<strong>Propos recueillis par Edouard Sonderborg </strong>
La bataille d'Alger de Gilles Pontecorvo
"J?ai un lien particulier avec ce film parce que ma tante joue dedans - c?est elle qui pose la bombe dans le café? C?est un film essentiel qui montre la guerilla comme on ne l?avait jamais vue. C?est un modèle de mise en scène, pour son réalisme sidérant et la façon dont il mêle humanisme, rigueur totale des faits et émotion pure. Avec L?Armée des ombres, c?était le modèle qui m?a guidé pendant tout le tournage, l?une des grandes inspirations de <em>?71</em>."
Les Guerriers de la nuit de Walter Hill
"J?ai vu ce film des centaines de fois. C?est un précis sur la terreur sociale, un western urbain hyper jouissif, mais c?est surtout son dispositif qui m?a influencé. Il annonce tous les jeux vidéos à venir et le choix du point de vue a été crucial dans la fabrication de <em>?71</em>. Il y a eu des versions du scénario où l?on essayait d?expliquer le contexte, les enjeux du conflit. Je savais que ce qui devait primer, c?était l?expérience : voir les événements à travers les yeux du personnage. L?élaboration du point de vue, la volonté - comme dans un jeu vidéo ou <em>Warriors</em> - d?attraper le spectateur et de le balancer au milieu de l?action".
La Horde sauvage de Sam Peckinpah
"Je ne vais pas comparer <em>?71</em> au film de Peckinpah, mais, sur le tournage, j?en ai beaucoup parlé. Moins pour le film en tant que tel que pour ce qu?il disait de son époque. La Horde Sauvage parlait du Vietnam et de la crise, à travers le western. J?ai l?impression qu?on traverse une époque similaire : on vit dans un monde hyper cynique, on nous raconte de la merde à longueur de temps, on nous ment, et je voulais que le film parle de ça. Au-delà du genre et de la reconstitution, <em>?71</em> devait être un reflet de notre monde".
Hana-Bi de Takeshi Kitano
"On me parle de John Woo et de The Raid, mais c?est un cinéma d?action qui m?épuise un peu. J?avais besoin au contraire de changements de rythme. Alterner des moments réalistes avant de partir dans des directions différentes, subjectives. Quand le film devient nocturne, je cherchais une atmosphère plus impressionniste, très stylisée. Ce mélange là, je le trouve chez Kitano. Le mutisme de ses personnages, sa violence conçue, non pas comme une fin en soi, mais comme une ponctuation, et le mélange entre mélo, suspens et action est parfait".
Film d’action dopé par un réalisme tétanisant, ‘71 plonge le spectateur au coeur du conflit d’Irlande du Nord en suivant la trajectoire d’un soldat UK paumé en plein Belfast. Oubliez Ken Loach ou Greengrass, voici les films que le réalisateur Yann Demange a pris comme références.Propos recueillis par Edouard Sonderborg
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